Le Jardin botanique accueille cet été la plus importante exposition d'art horticole à ce jour dans le monde, tant par son ampleur que par la complexité des sculptures, dont les plus colossales exigent presque de l'escalade pour leur entretien. Visite.

Autour du thème «Terre d'espérance», une cinquantaine d'oeuvres regroupant 215 pièces aux textures et coloris spectaculaires peuvent être admirées au Jardin botanique. Plusieurs sculptures animales sont dotées d'yeux en résine de synthèse qui leur donnent une vitalité étonnante, une suggestion de l'artiste réputé et engagé Frédéric Back.

Présidente du Comité international de mosaïculture et directrice générale de Mosaïcultures internationales Montréal 2013, l'architecte-paysagiste Lise Cormier est fière du travail accompli et de l'équipe de plus de 300 collaborateurs qui a bravé les intempéries au propre comme au figuré. «Imaginez, la confirmation de notre financement est arrivée en avril 2012. Il a fallu ensuite convaincre nos participants internationaux malgré la récession et la morosité économique, créer les sculptures, faire pousser et planter 3 millions de végétaux, prévoir des systèmes d'irrigation et monter les oeuvres en dépit des conditions climatiques souvent difficiles. La réalisation de cette exposition tient un peu du miracle», dit celle qui tient la baguette magique et qui est à l'origine du concept des mosaïcultures internationales, dont la première présentation a eu lieu en 2000 à Montréal.

Depuis 10 ans, la société qu'elle dirige a reçu plus de 4000 courriels venus de tous les continents réclamant la tenue d'une nouvelle exposition à Montréal. Des sondages ont aussi indiqué que les Américains étaient prêts à payer le prix fort pour visiter les lieux. Une vingtaine de pays et de nombreuses villes, dont plusieurs ont envoyé leur personnel sur place, participent à l'exposition, qui est aussi une compétition internationale. L'organisation attend 1 million de visiteurs jusqu'à la fin septembre.

Des quatre expositions internationales de mosaïcultures tenues jusqu'à maintenant, il s'agit de la première à avoir lieu dans un jardin botanique, une occasion pour les visiteurs du Québec de redécouvrir ce musée vivant considéré comme l'un des plus beaux au monde.

Des oeuvres magistrales

Le circuit s'échelonne sur 2,2 km et il faut compter environ deux heures pour profiter pleinement de sa visite. Le forfait de base permet d'ailleurs deux entrées au cours de l'été. Certaines structures sont remarquables. Imaginez un arbre de 16 mètres, soit la hauteur d'un immeuble de six étages, qui abrite une soixantaine d'oiseaux et d'amphibiens disparus ou menacés d'extinction, des bêtes aux parures végétales magnifiques. Les horticulteurs ont même suivi un bref cours d'escalade pour gravir la structure afin d'entretenir les plantes.

Autres oeuvres magistrales entièrement réalisées par des équipes de Chine, Une histoire vraie, de Shanghai, qui illustre le récit d'une femme morte noyée dans les années 80 en allant à la recherche de grues blessées et Plantation de platanes pour attirer le Phénix de la capitale Pékin.

Le public sera aussi émerveillé par les créations des employés des Mosaïcultures de Montréal: Esprits de la forêt, Terre mère et L'homme qui plantait des arbres, inspirée du film de Frédéric Back.

La magicienne

Lise Cormier se souvient parfaitement de la scène. En visite en 1998 à Harbin, en Chine, pour discuter d'une exposition de sculptures de glace, elle réalise que la ville est parsemée d'innombrables mosaïcultures toutes plus étonnantes les unes que les autres. «Au lieu d'organiser une exposition de sculptures qui fondent en une semaine, pourquoi ne pas fabriquer des mosaïcultures qui sont spectaculaires des mois durant?» se dit-elle. L'idée germe rapidement. C'est sous sa direction que naît la magie. En 2000, 2001 et 2003, les grandes sculptures métalliques recouvertes de plantes séduisent le public montréalais et étranger: les trois expositions ont accueilli pas moins de 2,5 millions de visiteurs. Elle a aussi dirigé les expositions internationales de Shanghai, celle de Hamamatsu au Japon, en plus de participer activement aux mosaïcultures d'Atlanta qui ont lieu présentement.

Mosaïcultures internationales de Montréal 2013 Jusqu'au 29 septembre au Jardin botanique de Montréal Prix: le tarif de base est de 25$ pour deux visites. Le tarif familial (pour deux adultes et trois enfants de 5 à 17 ans) a été fixé à 70$ pour deux visites.

Info: mosaiculturesinternationales.ca