La Ville de Montréal défend son bilan. Son cinquième plan d'action pour l'accessibilité universelle des services et des bâtiments est publié cette année. Quelque 400 engagements, pour un budget annuel de 2 millions de dollars. Toutefois, comme l'ont constaté les voyageurs que La Presse a suivis, se promener dans les rues du centre-ville demeure tout un défi. Retour sur un bilan contesté.

Les bâtiments difficilement accessibles

La Ville de Montréal possède 1300 bâtiments, dont 980 sont ouverts au public. Parmi eux, moins du quart sont entièrement accessibles pour les personnes à mobilité réduite. Dans le plan d'action 2012-2014, la Ville envisage de faire des travaux dans 120 édifices afin d'améliorer son bilan.

Aucun plan commun

Montréal, c'est 1 650 000 habitants, 19 arrondissements et de nombreuses structures décisionnelles. Il n'y a aucun plan uniforme pour améliorer le transport et l'accessibilité pour les personnes non voyantes dans l'ensemble de l'île de Montréal. La ville centre est responsable du réseau artériel, mais pas des rues résidentielles. Ainsi, la rue Saint-Denis, commerciale sur le Plateau Mont-Royal, est sous la responsabilité de la direction des transports. Mais pas l'avenue du Mont-Royal, considéré comme résidentielle, qui est gérée par l'arrondissement. Les deux entités n'ont pas à se concerter pour établir leurs priorités en matière d'accessibilité.

Les feux sonores: armez-vous de patience

Les voyageurs que La Presse a suivis pendant une journée étaient unanimes. Des signaux sonores aux intersections des rues fréquentées par les touristes les aideraient à être autonomes. Ce n'est toutefois pas une priorité, confirme la Ville. Montréal a 2238 intersections munies de feux de circulation, mais seulement 100 ont un signal sonore. Des ajouts sont-ils prévus dans les endroits touristiques? «Ça dépend des intersections et des demandes des organismes. Pour la rue Sainte-Catherine, ce ne sera pas avant les travaux des égouts et la mise aux normes des feux. Pas avant 2016», confirme Sylvie Tremblay, chef d'équipe à la direction des transports de la Ville de Montréal.

Touristes, préparez-vous d'avance

L'organisme Kéroul publie chaque année une carte de la route accessible, qui répertorie l'offre touristique adaptée aux personnes à mobilité réduite. À Montréal seulement, 11 organismes - principalement des musées - offrent des services aux personnes aveugles, notamment des guides personnels. Mais il faut appeler d'avance pour s'assurer que l'offre promise sera respectée, avertit André Leclerc, président-directeur général de Kéroul. Ce qui pourrait être amélioré à Montréal? Les menus en gros caractères ou en braille dans les restaurants, des hôtels accessibles pour les aveugles et de l'exploration tactile dans les expositions muséales, indique M. Leclerc. Est-ce mieux ailleurs? Oui, répond Kéroul. Un exemple parfait serait Vancouver, dit-il.

Priorité trottoirs

Selon la direction des transports, les groupes qui représentent les personnes aveugles demandent que la priorité soit mise sur les trottoirs. Pour Montréal, il s'agit d'un grand défi. La Ville en a 6550 km sur son territoire. «La problématique, c'est surtout leur état. On a des nids-de-poule dans les rues, mais beaucoup de «nids-de-poussins» sur les trottoirs. Ça complique la vie aux aveugles et aux personnes en fauteuil roulant», explique Olivier Beausoleil, responsable du plan d'action sur l'accessibilité universelle à la Ville de Montréal.