La promenade est une belle façon de découvrir le patrimoine artistique unique du parc Jean-Drapeau. Les oeuvres d'art peuvent même amener les marcheurs vers de nouveaux circuits ou leur faire voir différemment des espaces qu'ils ont l'habitude de traverser sans s'attarder.

Pour la marche comme pour l'art, le parc Jean-Drapeau est un endroit d'exception. À proximité de Montréal, facilement accessible en métro ou en voiture, l'ancien emplacement d'Expo 67 est devenu un cadre enchanteur, calme et verdoyant. Avec vue sur l'eau et le centre-ville.

Le parc Jean-Drapeau, qui regroupe les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame, est une vitrine importante de l'art des années 60. Les plus grands sculpteurs du Québec, du Canada et du monde ont été invités à créer des oeuvres pour Expo 67. Rappelons que la sculpture était l'une des formes d'art les plus dynamiques de l'époque. Après l'événement, la plupart des oeuvres ont été retournées dans leur pays d'origine, certaines ont été déplacées vers d'autres arrondissements montréalais et quelques-unes sont demeurées sur place.

Le parcours peut se faire aisément à partir de l'un ou l'autre des stationnements jouxtant la Biosphère (île Sainte-Hélène) ou le pavillon du Canada (île Notre-Dame).

L'île Sainte-Hélène

L'oeuvre la plus connue et la plus visitée du parc Jean-Drapeau est sans contredit L'homme d'Alexandre Calder. La sculpture stabile a été déplacée à la suite d'importants travaux d'aménagement en 1991-1992. Elle est maintenant intégrée à un environnement dessiné sur mesure pour la mettre en valeur. On peut aussi l'admirer de l'île Notre-Dame et du centre-ville de Montréal.

Son emplacement continue toutefois de susciter des débats enflammés. Certains aimeraient mieux qu'elle soit installée au centre-ville pour bénéficier d'une plus grande visibilité. D'autres croient qu'elle doit demeurer dans l'île Sainte-Hélène puisqu'elle est l'un des principaux symboles d'Expo 67, autant par son titre que par son imposante structure. Sans compter qu'elle a été inaugurée le 17 mai 1967, jour du 325e anniversaire de Montréal.

Entièrement en acier inoxydable, la structure de 24 mètres de haut est le seul stabile de Calder qui n'a jamais été peint.

Deux autres sculptures du parc Jean-Drapeau sont situées dans l'axe de L'homme de Calder. Près du pont de la Concorde, Le phare du cosmos du sculpteur québécois Yves Trudeau est au garde-à-vous. Sa couleur bleu cendré, sa hauteur (9,3 mètres) et son apparence de robot le rendent facile à repérer dans le paysage. Composée de trois parties, la sculpture mécanisée produit aussi des effets sonores. De plus, ses surfaces texturées et ses motifs géométriques sont très représentatifs des courants artistiques des années 60.

Dans le même axe, La porte de l'amitié est si attirante qu'elle commande un petit détour. De couleur rouge vif, elle a été réalisée par Sébastian, l'un des meilleurs et des plus prolifiques sculpteurs du Mexique. La ville de Mexico a offert cette oeuvre à Montréal lors de la signature de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). La porte de l'amitié symbolise l'échange des idées, l'ouverture et la sagesse. Elle a été transportée de Mexico et assemblée sur place en 1995.

Une autre oeuvre se démarque de belle façon. La ville imaginaire de l'artiste portugais Charters de Almeida a été installée près du débarcadère de la navette fluviale en 1997 pour célébrer le 30e anniversaire d'Expo 67. En granit blanc du Portugal, les cinq colonnes sont prolongées au sol par des bandes de pierres dans lesquelles est intégré l'éclairage. L'ensemble de 19 mètres de haut évoque des ruines antiques et l'effet est saisissant.

En revanche, Migration de Robert Roussil (devant l'entrée du stationnement P9) peut facilement passer inaperçue à travers les branches des arbres qui sont de même couleur. En fonte de fer, la forme animale très élancée fait référence à la trajectoire d'un groupe d'animaux. Une autre sculpture de Roussil située un peu plus loin, Girafes, fait partie d'une série d'oeuvres que l'artiste définit comme «habitables», c'est-à-dire qu'on peut y entrer ou les escalader à son gré.

À proximité de la Biosphère, Signe solaire donne l'impression d'être un bronze massif. C'est l'une des premières et des rares sculptures qu'a signées l'artiste Jean Le Fébure, reconnu surtout comme peintre et muraliste. De son vrai nom Jean Lefebvre, le Québécois qui a enseigné pendant plusieurs années au cégep Saint-Laurent a utilisé acier, béton, fibre de verre, sérine et limaille de bronze pour créer cette pièce dont les courbes en relief font miroiter les rayons de soleil.

L'île Notre-Dame

Les sculptures de l'île Notre-Dame sont regroupées près du pavillon de la Jamaïque et de son voisin, le pavillon du Canada. Ce dernier est situé juste à côté du stationnement P5, d'où peut aussi commencer la randonnée.

On se dirige d'abord vers le Mât totémique, facile à trouver avec ses 21,3 mètres de hauteur. L'oeuvre a été réalisée conjointement par un duo père-fils d'une illustre famille de sculpteurs de l'Ouest canadien. OEuvre commune de Henry Hunt et de son fils Tony Hunt, ce totem demeure le seul souvenir du pavillon des Indiens du Canada, érigé pour Expo 67. Les emblèmes de plusieurs tribus sont sculptés dans cette pièce massive de cèdre rouge de la Colombie-Britannique.

La fontaine Wallace placée devant le pavillon de la Jamaïque est étonnante. Offerte par la ville de Paris lors des Floralies de 1980, elle rappelle la centaine de fontaines du même genre installées à Paris vers la fin du XIXe siècle pour offrir de l'eau potable aux passants. Son concepteur Charles-Auguste Lebourg voulait qu'elle témoigne de la mécanisation et de l'industrialisation à l'époque victorienne. Elle a rapidement pris le nom du philanthrope Sir Richard Wallace, qui a fait installer la première fontaine de cette série dans un quartier de Paris.

Juste derrière la fontaine Wallace, Iris miroite de toutes ses rondeurs. Cette oeuvre du sculpteur et caricaturiste québécois Raoul Hunter a été réalisée spécialement pour Expo 67, mais son installation à cet endroit ne date que de mai 2012. La sculpture en feuilles d'aluminium est composée de quatre modules courbés qui convergent vers le centre. Cela crée un effet d'enroulement organique tandis que la lumière qui miroite sur les parois semble animer l'oeuvre.

Un arbre à double enracinement situé à proximité d'Iris ne manque pas d'intriguer les passants. Il faut s'approcher et même toucher ce tronc courbé d'allure si naturelle pour croire qu'il est fait d'acier et de béton. L'arc a été réalisé par Michel De Broin en hommage à Salvador Allende. La sculpture a d'ailleurs été inaugurée le 11 septembre 2009, jour anniversaire de la mort d'Allende (11 septembre 1973). Le double enracinement symbolise un pont entre le pays d'origine et la ville de Montréal qui est une terre d'accueil pour la communauté chilienne.

La carte de l'art public

Tourisme Montréal lancera le 16 mai, en collaboration avec la Ville de Montréal et le ministère de la Culture et des Communications du Québec, une nouvelle carte de l'art public dans la métropole. Distribuée gratuitement un peu partout en ville (bibliothèques et offices de tourisme, notamment), elle présentera plus d'une centaine d'oeuvres regroupées dans cinq circuits.