Moins fréquenté que le mont Saint-Hilaire, moins connu que le mont Saint-Bruno, le mont Saint-Grégoire n'en offre pas moins tous les attraits pour attirer les adeptes de randonnée tranquille et les amateurs d'histoire.

Marie-Hélène Leblanc et ses enfants, Félix-Antoine et Laurence Leblanc-Marcoux, viennent fréquemment marcher sur le sentier qui grimpe au sommet, à 251 m d'altitude. Sa mère, Hélène Choquette, les accompagne souvent. Lorsqu'on leur demande ce qu'ils apprécient de cette petite montagne plantée au milieu des terres agricoles, les réponses fusent. Marie-Hélène apprécie la qualité des sentiers, Félix-Antoine, les couleurs de l'automne (touches rouge vif sur un tapis jaune vibrant). Sa petite soeur Laurence, elle, aime beaucoup les marches taillées à même le sol qui facilitent la progression sur les deux premiers tiers du sentier Panorama.

Pendant 600 m, la montée est douce et des rampes de bois guident le marcheur. L'ascension finale par contre se déroule sur des flancs escarpés jonchés de rochers jetés pêle-mêle par la fonte des glaciers et l'activité humaine. Il faut être bien chaussé pour apprécier. Les petites jambes pourraient ici avoir besoin d'aide.

La récompense prend la forme d'un panorama sur 360 degrés sur le Haut-Richelieu, les Adirondacks au loin et les neuf autres montérégiennes (y compris le mont Royal, situé à seulement 37 km à vol d'oiseau). À nos pieds, les champs déroulent leur courtepointe d'ocre, de vert tendre ou foncé, d'orange brûlé.

Pour ne pas rebrousser chemin par le même sentier qu'à l'aller, plusieurs décident d'emprunter le sentier de la Carrière. La descente est d'abord à pic, assez ardue. L'amoncellement de pierres encore plus important que sur l'autre versant. Plusieurs de ces blocs de granite ont gardé des stries apparentes de dynamitage.

Le mont Saint-Grégoire a longtemps abrité une carrière sur son flanc sud-est. La première roche a été extraite en 1899. L'exploitation a cessé en 1967, mais plusieurs machines ont été laissées derrière, surprenants vestiges d'acier rouillé égarés au milieu des arbres. Les hautes falaises, dénudées par la machinerie humaine, servent désormais de refuges aux urubus à tête rouge, aux faucons pèlerins et à un couple de grands corbeaux.

L'extraction de pierres n'est pas la seule activité humaine à avoir eu lieu sur les flancs du mont Saint-Grégoire. Hélène Choquette se rappelle avoir skié ici dans les années 60. «Deux câbles nous montaient au sommet. Ma mère venait aussi skier adolescente, dans les années 20. Des autobus les amenaient à la montagne à partir de Saint-Jean. Ça lui coûtait 10 cents, mais il fallait monter à pied...»

Aujourd'hui, le fil-neige a disparu, les érablières ont repris leurs droits et les randonneurs ont remplacé les mineurs de la carrière. Preuve que les temps changent parfois pour le mieux.

Photo Martin Chamberland, La Presse

Le mont Saint-Grégoire est planté en plein dans les terres agricoles.

Le mont Saint-Grégoire est géré par l'organisme de conservation CIME Haut-Richelieu. Accès aux sentiers: 4,75 $ par adulte; 2,50 $ pour les 5 à 17 ans. www.cimehautrichelieu.qc.ca

Pour manger

Le mont Saint-Grégoire se dresse au coeur des terres agricoles, des érablières et des vergers. Pour terminer la journée sur une note sucrée, on vous suggère la crêperie des Vergers et cidrerie Denis Charbonneau, situés à deux minutes à peine de l'entrée des sentiers. Ouverte toute l'année les samedis et dimanches, la crêperie propose des crêpes bretonnes salées ou sucrées, farcies de pommes, fromage, jambon ou encore de fruits frais, qu'on arrose abondamment de sirop d'érable. Rassasiant! Plusieurs produits de la pomme ou de l'érable sont de plus en vente à la boutique.

Vergers et cidrerie Denis Charbonneau 575, rang de la Montagne, Mont-Saint-Grégoire, www.vergersdc.qc.ca

Photo Martin Chamberland, La Presse

Sous les pieds de Gérard Marier: un tapis de feuilles multicolores.