«Depuis les années 80, les oies blanches ont commencé à intégrer le maïs dans leur diète, ce qui a provoqué une explosion de leur population. Aujourd'hui, elles ne comptent plus uniquement sur les marais à scirpe, sur les berges du Saint-Laurent, pour s'alimenter pendant leur long voyage automnal», explique Josée Lefebvre, biologiste au Service canadien de la faune.

Il n'existe qu'une seule population d'oies des neiges dans le monde et elle vit en Amérique du Nord, de l'Arctique canadien jusqu'aux États-Unis. Les spécialistes estiment que la population varie entre 800 000 et 1 million d'individus, nombre qui se stabilise depuis qu'on permet la chasse printanière. «L'objectif est de ramener la population entre 500 000 et 750 000 individus, seuil que l'on estime optimal pour sa survie et pour réduire les impacts néfastes sur l'agriculture», affirme Mme Lefebvre.

Avec le maïs comme source d'alimentation, les nouvelles haltes migratoires se trouvent, sans surprise, à proximité des zones agricoles. Le matin, les sauvagines vont se nourrir dans les champs, puis, en après-midi ou en soirée, retournent se reposer sur les plans d'eau, où elles sont à l'abri des prédateurs.

La ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, à 30 km de Montréal, constitue un endroit de rêve pour les observer en grand nombre. «Les oies des neiges se pointent le bec sur le Richelieu dès la mi-octobre et peuvent y rester jusqu'au premier gel», affirme Réal Boulet, du Club d'ornithologie du Haut-Richelieu.

En novembre, elles se comptent par milliers. «Le meilleur endroit pour les admirer est du côté ouest de la rivière, à partir du secteur Saint-Jean, en fin d'après-midi. L'éclairage y est parfait, avec le soleil dans le dos», explique cet ornithologue chevronné.

Les berges de la rivière sont publiques. M. Boulet suggère deux endroits qui offrent d'excellents points de vue: aux intersections Champlain et Cayer ainsi que Champlain et MacDonald, au sud du pont Marchand de l'autoroute 35. À partir de la mi-octobre, une passerelle, à l'angle de la rue Notre-Dame, donne accès à la piste multifonctionnelle du canal de Chambly. «On peut ainsi s'approcher de la rivière pour observer en toute quiétude les oiseaux», dit M. Boulet

Un peu plus loin de Montréal, dans les Cantons-de-l'Est, les lacs Boivin et Roxton, ainsi que le réservoir Choinière, constituent les trois pointes d'un triangle où l'on trouve une forte concentration d'oies des neiges. À Roxton Pond, une mer d'oiseaux couvre les eaux du lac Roxton pendant l'apogée de la migration. Le seul hic, c'est que les rives de ce lac sont largement privatisées. Les touristes sont toutefois les bienvenus dans le petit parc qui donne sur le lac.

Au Centre d'interprétation de la nature du lac Boivin, à Granby, les oies se font moins nombreuses, mais l'observation y est facilitée par l'aménagement de sentiers et de ponts de bois. Au parc national de la Yamaska, des centaines d'oies sont observables à partir de la piste cyclable qui ceinture le réservoir Choinière.

L'étang Burbank, à Danville, entre Drummondville et Sherbrooke, constitue une autre halte de prédilection pour la gent ailée. Pendant le summum de la migration, plus de 100 000 oies s'y reposent. «L'étang devient blanc comme neige», affirme Gilles Lacroix, porte-parole de la Corporation de l'étang Burbank. Une passerelle de 290 m, 3,6 km de sentiers et trois miradors favorisent leur contemplation.

Jean Paquin, auteur de nombreux guides d'observation d'oiseaux, suggère aux Montréalais de se rendre jusqu'au réservoir Beaudet, à Victoriaville, pour profiter du spectacle grandiose de la migration. «On y trouve une piste cyclable sur le pourtour de cette réserve d'eau potable qui facilite grandement l'observation», dit-il.

Avec plus de 200 000 oiseaux, il s'agirait du plus grand rassemblant d'oies des neiges au Canada. On y tient, les 27 et 28 octobre, un Symposium d'art populaire ornithologique.

www.victoriavilleetsesoies.com