La Seigneurie du Triton a déjà accueilli les grands de ce monde. Or, c'est une destination qui n'a rien de guindé ou de prétentieux. Au contraire, on s'y sent presque comme à la maison...

Quand on entre dans le grand salon du club-house, construit en 1893, on est tout de suite happé par la longue histoire conservée entre ces murs de lambris de bois, ornés de vieilles photos, de trophées de chasse et d'autres artéfacts centenaires.

Pendant que la gentille hôtesse entretient notre groupe sur les détails entourant notre séjour, impossible de ne pas imaginer Winston Churchill ou Theodore Roosevelt assis dans l'un de ces vieux fauteuils, en train de siroter un scotch, comme ils l'ont sans aucun doute fait quand ils avaient l'habitude de séjourner dans ce club privé de la Haute-Mauricie.

C'est justement avec en tête l'image de ces chics dandys que l'on a pris le train à la gare Centrale de Montréal, comme à l'époque où seul le rail permettait d'atteindre le Triton Fish and Game Club. Mais la comparaison s'arrête là; car en lieu et place de notre majordome et de nos domestiques, c'est avec la petite famille que l'on est monté à bord du train qui relie Montréal à Saguenay, et qui arrête sur demande au Club Triton. Ça tombe bien, la pourvoirie a été élue meilleur hôtel familial au Québec en 2013 par les usagers du site Trip Advisor.

La Seigneurie du Triton n'a en effet plus rien d'aristocratique, tout le monde y est bienvenu, à des prix qui n'ont rien à voir avec ceux d'un club privé. Pas que la clientèle ne soit pas traitée aux petits oignons! Les truites fraîchement pêchées sont éviscérées pour nous et on a le choix de les manger au Shore lunch - sympathique repas du midi en plein air au bord du lac Charité - , attendre le repas du soir pour les déguster en tartare, ou encore les rapporter chez soi, fraîches ou fumées sur place.

Assez difficile de se tromper avec du poisson qu'on a nous-mêmes pêché me direz-vous, mais le reste du menu se défend honorablement, en particulier les viandes, qui sont cuites à la perfection - notre carré d'agneau était tendre et savoureux. D'accord, la table ne possède pas le raffinement des meilleurs restaurants, mais on y met du coeur. Même chose côté service, on pardonne facilement les petits oublis quand l'ambiance est aussi décontractée: ce n'est pas dans tous les restos qu'un repas six services est joyeusement agrémenté par la remise de certificats aux clients qui ont pêché une truite de plus de 2 lb - malheureusement, nos noms ne figurent pas au panthéon, mais on promet de se reprendre!

En fait, tout ça est à l'image de l'équipe qui dirige les destinées de l'endroit. «On veut que les gens se sentent chez eux, que ce soit à la salle à manger ou le midi au Shore lunch», assure Annie Tremblay, vice-présidente de la Seigneurie du Triton.

«Les gens deviennent terriblement naturels quand ils viennent ici, renchérit son père Gilles, propriétaire de la pourvoirie. Ainsi, certaines personnes qui reviennent d'année en année veulent absolument loger dans une des chambres du club-house.» D'accord, les chambres du bâtiment principal respirent l'authenticité - jusque dans leur décor - , mais celles des pavillons Faunique et Batiscan, qui ont toutes une salle de bain privée, respectent néanmoins l'esprit de la pourvoirie: le mobilier est fait de bois ou, mieux, il a été trouvé sur place - parfois en pièces détachées - avant d'être restauré. Et, bien sûr, ne cherchez pas de télé, de téléphone ou de connexion wi-fi, il n'y en a pas.

Et il n'y en aura pas. Ainsi, les quelques ajouts projetés le seront dans le respect du patrimoine de l'endroit. «On pense notamment construire un spa, mais il faudra que ce soit naturel, intégré à l'environnement, martèle Annie Tremblay. On pourrait par exemple aménager une piscine à partir de ruisseaux existants, ce qui pourrait nous permettre d'aller chercher une clientèle qui n'apprécie pas la baignade dans le lac. Ça pourrait aussi plaire aux femmes des pêcheurs, par exemple. Mais ce sera à petite échelle, dans de petits bassins, par exemple.»

«On pense aussi à aménager des minisuites avec salles de bains privées dans le club-house, notamment en faisant communiquer entre elles deux chambres existantes, poursuit la jeune femme d'affaires. Ce serait plus chic, mais pas de là à verser dans le grand luxe; on a un peu de misère avec ça.»

Trop de luxe viendrait briser la magie de l'endroit. Mais il a fallu néanmoins une belle clairvoyance pour arriver à conserver et à communiquer l'authenticité des lieux. «Quand je pense à ce que le Triton peut devenir, j'y vais davantage par ce que je ressens, nous dit Gilles Tremblay. C'est comme pour la route; je me suis toujours opposé à ce qu'il y en ait une. Je savais que ça allait être payant un jour.»

Et comment.

Tarifs

Le choix de forfaits est incroyablement vaste, selon que l'on veuille pêcher ou simplement profiter de la nature, que l'on souhaite pousser l'expérience gastronomique un peu plus loin, ou que l'on veuille loger dans le club-house, dans une auberge ou dans un chalet. Voici néanmoins les tarifs de base en club-house pour les forfaits les plus populaires.

Forfait plein air

125$ par personne par nuit, donne accès au réseau de sentiers pédestres, aux circuits d'interprétation de la nature, aux activités nautiques, aux vélos de montagne. Repas inclus.

Forfait pêcheur

225$ par personne par nuit pendant la saison de pêche, 170$ après le 24 juin. En plus de ce qui est inclus dans le séjour de plein air, le forfait pêcheur comprend les repas, le droit de pêche, l'éviscération des poissons, chaloupes, moteur, essence et fumage du poisson.

Forfait pêcheur et bonne fourchette

Entre 528$ et 588$. Ajoutez au forfait de pêche deux soupers gourmets six services, un cocktail de bienvenue et une assiette de dégustation à l'arrivée.

www.seigneuriedutriton.com.