Du camping d'hiver? Si l'idée de vous geler les orteils dans un sac de couchage surdimensionné ne vous enchante pas, mais qu'un séjour en forêt vous tente, Kabania pourrait bien vous réconcilier avec le camping d'hiver... tout confort!

Elles sont neuf à se tourner un peu le dos, perchées sur pilotis, pour mieux regarder la rivière Dufresne ou les épinettes de la forêt de la Ouareau. Menues, avec leur grand lit près du poêle à bois et leur lit à une place en mezzanine, ces cabanes abritent depuis l'été dernier les couples, les amis et les familles de passage pour quelques jours de tranquillité, dans le bois. Voici Kabania, un «site d'hébergement écotouristique» qui connaît un beau succès dans Lanaudière.

Soit, c'est rustique. Pas d'eau ni de toilettes dans les cabanes. Et on dort dans son sac de couchage. Mais on est loin du camping sauvage.

L'espace commun, où se trouvent la salle de séjour lumineuse, la cuisine commune fonctionnelle à souhait et les salles d'eau, se donne même des airs de luxe avec ses planchers chauffants et ses douches à effet de pluie.

Bien sûr, il faut avoir envie de côtoyer un peu ses voisins de circonstance, penser à apporter de quoi se nourrir, laver sa vaisselle au fur et à mesure, ne pas oublier d'aller au petit coin avant de rentrer se coucher pour éviter la morsure du froid nocturne.

Il reste que pour oublier un temps les soucis banals du quotidien, profiter du soleil à lire dans un des hamacs accrochés devant de grandes fenêtres, faire des rencontres même, Kabania est un endroit parfaitement bien conçu.

Après un été très occupé, puis une pause d'un peu plus d'un mois à l'automne, Kabania vient d'amorcer son premier hiver. Quand on arrive, le bois de chauffage nous attend dans la cabane. Il faut bien se familiariser un peu avec le poêle, mais la température montera vite à l'intérieur du petit espace fait de bois et doté de larges fenêtres sur la nature. Puis elle baissera dans la nuit, ce qui vous obligera sans doute à vous lever pour nourrir le feu. Comme dans le bon vieux temps.

Un paradis: 120 km de sentiers

Et quand vous en aurez assez de tisonner le feu, quand vous serez las des grandes conversations et du farniente, l'heure sera venue d'explorer les 120 km de sentiers du Parc régional de la forêt Ouareau, auxquels on accède par le pont de bois qui traverse la rivière Dufresne, à quelques pas de l'espace commun.

Qu'on soit en raquettes ou en skis de fond, les sentiers nous amènent par monts et par vaux, et ménagent de jolis points de vue sur les collines de la région. À 30 minutes de marche, on peut déjà atteindre le belvédère de la Croix, ou «mirador». Ça grimpe un peu raide par bouts, des cordes ont même été tirées pour vous donner un coup de main.

Or, d'en haut, à l'heure où le soleil tombe, la vue vers le nord-ouest est magnifique sur la nature et le village de Notre-Dame-de-la-Merci et son église blanche.

Festin et silence

Les lève-tôt plus entreprenants pourront pousser la promenade jusqu'au lac du Corbeau ou même au lac Toussaint. Une portion du sentier national suit aussi les crêtes des collines situées plus au sud, à des altitudes dépassant parfois les 600 mètres.

Puis il faudra rentrer, et se préparer un petit festin à savourer en prenant son temps, assis aux tables basses de l'espace commun de Kabania, avant de s'oublier pour une autre nuit noire, où le silence ne sera troublé que par le bruissement de la rivière... si elle n'est pas déjà gelée.

Kabania, 819-424-0721 ou kabania.ca.

Le tarif est de 75$ la nuitée pour une cabane. Les week-ends sont complets jusqu'au printemps, mais il y a encore beaucoup de places disponibles en semaine. Parc régional de la forêt Ouareau, 1-866-484-1865 ou www.parcsregionaux.org.

La deuxième phase du rêve

L'idée de Kabania a germé dans la tête de Mathieu Guilbeault et Marie-Christine Tremblay à la suite d'un voyage en Inde, en 2007. «J'ai voulu reproduire un peu l'ambiance qu'on trouve dans les guest houses, dans ces endroits où l'on se sent bien, où l'on a envie de se poser, de rester», raconte Mathieu Guilbeault, installé sur un des coussins ronds qu'il a rapportés de là-bas. Après trois ans de travaux, Kabania a ouvert ses portes en juillet dernier. Le succès a été immédiat. «Ça dépasse nos attentes, ajoute Mathieu. Pour ce premier été, le taux d'occupation a avoisiné les 94%.» Devant tant d'enthousiasme, Kabania vient donc de lancer la phase deux du projet. Encore plus accessible, plus rustique et plus écologique. Avec des bénévoles, Mathieu s'affaire ces jours-ci à défricher une nouvelle partie des 12 acres de forêt de Kabania pour y installer des plateformes dans les arbres, où pourront dormir deux personnes pour du camping en hauteur. L'été seulement, avec des installations sanitaires plus restreintes. «Ça sera un endroit pour les gens qui ont envie de passer du temps ensemble, dans la nature, un peu à l'écart du reste du site. Et ce sera encore moins cher.» Mathieu Guilbeault espère pouvoir accueillir les premiers campeurs de cette phase 2 dès l'été prochain.