Ils vivent à l'heure des Maritimes, partent à l'aurore pour pêcher et jouissent de plages extraordinaires. Mais pour connaître réellement les Madelinots, il faut prendre le temps de sillonner l'archipel d'îles qu'ils occupent: à pied, en auto ou en bateau.

À pied: marcher les Îles

Surnommés «Compost-île» par bien des Madelinots, les nouveaux sentiers Entre vents et marées permettent, depuis le début de l'été, de faire le tour de l'archipel sur un circuit d'environ 225 km.

L'objectif: sortir du chemin tracé par la route 199 qui traverse les Îles d'un bout à l'autre. Routes secondaires, plages, buttes, sentiers étroits, voilà ce que fouleront les marcheurs qui s'attaqueront à ce circuit divisé en 13 étapes, dont la plus longue fait 27 km.

L'idée de créer un sentier aux Îles est née il y a trois ans, après qu'un groupe de six Madelinots eut marché dans le chemin de Compostelle. «Et si on marchait les Îles?», se sont-ils dits à leur retour. Le projet a emballé la municipalité. La petite équipe s'est mise à baliser les sentiers au printemps. En juin, on travaillait d'arrache-pied pour que tout soit prêt pour le début de juillet, a pu constater La Presse.

«Le but, c'est d'allonger la saison touristique à partir de mai jusqu'à octobre», explique l'une des instigatrices du projet, Carole Longuépée. Beaucoup de visiteurs débarquent aux Îles pendant les mois de juillet et d'août. Or, les adeptes de la randonnée optent souvent pour l'automne et le printemps lorsque vient le temps d'organiser une expédition.

Bien que les sentiers soient balisés, Mme Longuépée et son équipe ont pris soin d'utiliser le plus grand nombre possible de passages déjà existants et d'éviter de masquer le paysage en installant de grands panonceaux.

En parcourant l'étape 2, appelée Bout du banc, nous avons pu constater que l'on s'était servi, par exemple, des grosses pierres déjà sur place pour indiquer, à l'aide de flèches peintes en jaune, la direction à suivre. C'est ainsi que l'on a pu monter, dans un sentier discrètement tracé, sur la butte des Demoiselles et avoir une vue imprenable sur l'eau et sur la Grave, promenade historique qui longe le littoral.

Pour les marcheurs aguerris, Mme Longuépée calcule que les Îles peuvent se parcourir ainsi en deux semaines, en calculant environ une étape par jour. 

Certains hôteliers seraient prêts à offrir un service de transport au début et à la fin des journées de randonnée. Un projet de navette pourrait même voir le jour. «Mais [pour le moment] les gens doivent vraiment organiser eux-mêmes leur circuit», souligne Carole Longuépée.

«Pour les Madelinots, ça peut être un projet d'été, ajoute-t-elle. Ils peuvent parcourir une étape par fin de semaine.»

La plupart des sentiers sont de niveau intermédiaire, quelques-uns sont plus difficiles. La marche sur le sable mou des plages contribue à augmenter le degré de difficulté. L'accès au circuit est gratuit.

Parcours conseillés

Pour les familles: Les Caps (s'étend de L'Étang-du-Nord à Fatima)

Ce circuit de 14 km permet de longer le littoral et d'admirer le Fort et les falaises de la Belle-Anse. Le parcours se marche assez facilement, ce qui permet à tous les membres de la famille de suivre la cadence.

Pour les marcheurs aguerris: Baie de plaisance (s'étend de Cap-aux-Meules à Havre-Aubert)

Les randonneurs marcheront ici sur une distance de 27 km. Routes secondaires, plages et buttes feront partie du parcours.

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Les frais de transport de ce reportage ont été payés par Tourisme Îles-de-la-Madeleine.

photo Nigel Quinn, collaboration spéciale 

On a balisé les sentiers en évitant de modifier l'environnement.

En voiture: goûter les Îles

L'archipel fait à peine 205 km2 et pourtant, les artisans qui s'acharnent à mettre en valeur les produits locaux sont légion. Le Circuit des saveurs, en place depuis l'an dernier, permet de se rendre dans les champs, près des ruches d'abeilles, ou encore au bord de la mer pour faire la connaissance de producteurs fiers des ressources que leur fournit l'archipel. Pour aller à leur rencontre, les visiteurs n'ont d'autre choix que de prendre la voiture, puisque l'on retrouve ces gens inspirants un peu partout: au détour d'une route, près de l'eau. Rencontre avec ces fous des Îles.

Un fumoir: Le Fumoir d'antan, Havre-aux-Maisons

Au début du XXe siècle, les îles de la Madeleine comptaient une quarantaine de boucaneries qui permettaient de sécher le hareng pour le conserver. La surpêche a eu raison du poisson, et les boucaneries ont disparu du paysage. Au début des années 90, Benoit Arseneau - que tout le monde surnomme Ben à Ben - et ses frères ont décidé de restaurer les bâtiments d'une boucanerie appartenant à leur grand-père. Depuis lors, il est possible de se rendre sur place, de visiter le fumoir, d'acheter du hareng boucané et plusieurs autres produits fumés sur place. 

Une fromagerie: Fromagerie du Pied-de-Vent, Havre-aux-Maisons

«Une fromagerie, personne ne croyait à ça aux Îles», lance Jérémie Arseneau, propriétaire avec sa femme Lucie d'un commerce dont la réputation n'est plus à faire. C'est en 1998 que le couple a décidé de se lancer dans une aventure qui n'avait rien à voir avec la pêche: produire du fromage. Aujourd'hui, les Arseneau possèdent 60 vaches destinées à la production laitière. Sur place, il est possible de visiter la ferme et de se régaler en dégustant les différents produits. 

Un apiculteur: Miel en mer, Havre-aux-Maisons

Dès que l'on pose le pied sur le domaine de Jules Arseneau, un bourdonnement se fait rapidement entendre. Les abeilles semblent butiner joyeusement à travers la diversité de fleurs présentes chez cet apiculteur qui produit du miel depuis 20 ans. Rester modeste, voilà ce que souhaite M. Arseneau, qui prendra un virage bio dès l'an prochain. «C'est vraiment ma conviction personnelle.» Autre nouveauté, il offre cet été des activités d'interprétation et de création de bougies. Sur place, il est évidemment possible de goûter son miel, dont la discrète touche de salinité ajoute à la saveur du produit.

Une (autre) fromagerie: Les Biquettes à l'air, Havre-Aubert

Les chevreaux qui sautillent dans l'enclos. Voilà la première chose que l'on remarque en arrivant à la fromagerie Les Biquettes à l'air. Pour la première fois cette année, le fromager Éric Longpré peut recevoir les gens dans sa petite boutique. En plus de goûter à toute une gamme de fromages de chèvre frais, les visiteurs peuvent se promener tranquillement dehors en compagnie de Mambo, Flamenco, Ding, Dong et les autres. Les tout-petits ont pour leur part la chance d'observer les chevreaux faire des cabrioles dans leur espace clôturé.

photo Nigel Quinn, collaboration spéciale

Le circuit des saveurs est un incontournable aux Îles.

En bateau: partons, la mer est belle

Les quais, la pêche et les bateaux font partie de la vie des Madelinots. Et pour comprendre ce quotidien qui suit le rythme des vagues et des marées, rien de mieux que de prendre le large avec un pêcheur.

Stéphane Langford est «tombé dedans» quand il était petit. Dans sa famille, on est pêcheur de père en fils. Sa spécialité: le homard. Sa saison s'étend du début du mois de mai à la mi-juillet. Ses journées peuvent parfois durer 12 heures. Ensuite, il se repose... sur son bateau, sa deuxième maison. C'est pourquoi, dès l'an prochain, il a l'intention - avec d'autres de ses compatriotes - d'offrir des excursions aux visiteurs. «Je veux faire de l'interprétation, a expliqué Stéphane Langford quand nous l'avons suivi sur son bateau. Je vais lâcher des cages à l'eau et expliquer ce qu'on fait comme travail.»

Évidemment, l'idée n'est pas de leur faire vivre une journée normale de travail sur l'eau, mais plutôt de leur raconter le quotidien des pêcheurs et de leur faire voir des paysages qu'ils peuvent admirer seulement s'ils sont sur le bateau.

En attendant que le projet de M. Langford prenne vie, il existe d'autres moyens de prendre l'eau. L'entreprise Excursions en mer offre la possibilité de partir à la découverte des grottes et des falaises, d'observer les phoques ou d'aller à la pêche.

Au bord du quai

Par ailleurs, se familiariser avec le quai de l'île de la Grande Entrée, d'où part la majorité des pêcheurs, fait également partie de l'expérience marine. En fin d'après-midi, pendant la saison de la pêche au homard, l'endroit grouille d'activité, puisque tous les pêcheurs rentrent au bercail avec leurs prises. Ce retour quotidien attire de nombreux curieux qui traînent sur le quai pour voir les «travailleurs de la mer» accoster, pour discuter avec eux et les prendre en photo.

Pour garder l'endroit bien vivant lorsque vient la fin de la saison de la pêche, plusieurs activités sont organisées, notamment les Veillées du bout du quai. Pendant les mois de juillet et d'août, on se donne rendez-vous près de la mer et on se laisse bercer par les récits des conteurs. De quoi plonger tête première dans cet univers de pêche, de bateau et d'air salin.

Photo Nigel Quinn, collaboration spéciale

La pêche fait partie du quotidien des Madelinots.

Les Îles, Mode d'emploi

Bien que les îles de la Madeleine soient au Québec, l'archipel reste tout de même une destination lointaine où l'on ajuste sa montre à l'heure des Maritimes. Voici quelques suggestions pour un séjour en beauté.

Comment s'y rendre?

En avion

Le transporteur Pascan offre des liaisons quotidiennes entre Saint-Hubert et les Îles. Il ne s'agit toutefois pas de vols directs. Les passagers doivent passer par Québec et Bonaventure.

Air Canada effectue trois liaisons par jour entre l'aéroport Montréal-Trudeau et les Îles: un vol direct et deux vols avec correspondance à Québec.

À noter: si vous prenez l'avion, il faudra penser à louer une voiture une fois aux Îles. Il s'agit de la meilleure façon de se déplacer dans l'archipel.

Avis aux voyageurs qui cumulent des points grâce à des programmes de fidélité offerts avec différentes cartes de crédit: un billet d'avion entre Montréal et les Îles ne nécessite environ que 15 000 points comparativement à 60 000 pour aller en Europe. De plus, les taxes aéroportuaires sont moins élevées lorsque l'on voyage au Québec.

En bateau

Un traversier fait le trajet en mer chaque jour entre Souris, à l'île du Prince-Édouard, et Cap-aux-Meules, aux îles de la Madeleine. La traversée dure cinq heures. Réservation obligatoire.

Pour ceux qui ont du temps et qui apprécient les croisières, il est possible de s'embarquer sur un bateau à partir de Montréal et de se rendre jusqu'aux Îles. Le départ se fait de la métropole le vendredi. Les passagers passent trois jours en territoire madelinot et reviennent à Montréal le vendredi suivant. Réservation obligatoire.

Où dormir?

Le Domaine du vieux couvent

Faisant face à la mer, le Domaine du vieux couvent accueille les visiteurs dans un décor qui allie modernité et histoire. Cet hôtel douillet, construit en 1915, avait auparavant comme mission de former les futures institutrices. Les portraits de religieuses et les bancs de bois ne sont que quelques-uns des éléments qui rappellent le passé religieux de l'endroit. Confort absolu. Service courtois. L'hôtel est situé à seulement cinq minutes de l'aéroport. Un incontournable.

Havre-sur-Mer

En posant sa valise à l'auberge Havre-sur-Mer, on se sent immédiatement en vacances. Situé dans un coin tranquille de l'archipel, l'endroit permet de contempler la mer, assis confortablement sur une terrasse aménagée avec des chaises Adirondack. L'auberge offre des chambres, mais également de petits studios joliment aménagés avec un coin cuisine.

La Salicorne

Située dans l'île de la Grande Entrée, La Salicorne est une excellente option pour les familles. On y organise une panoplie d'excursions et d'activités. Les chambres sont simples et confortables.

Où manger?

Le Café de la Grave

On peut presque parler ici d'un endroit mythique. Il s'agit du lieu de rendez-vous des Madelinots et des visiteurs. Et pour cause, le décor est agréable, le service est sympathique et, chaque soir, les clients se laissent bercer par les musiciens qui viennent y jouer. Au menu, des spécialités régionales comme des rillettes de loup-marin, de la mousse de maquereau fumé et des burgers au veau des Îles.

Gourmande de nature

En plus d'être une boutique gourmande et d'offrir des ateliers culinaires, Gourmande de nature prépare également des mets pour emporter : acras de morue, croquettes de poisson, salades fraîches. Idéal pour les soirs de paresse.

Où acheter des souvenirs?

Artisans de sable

Artisans de sable est une jolie boutique installée à l'entrée du lieu historique de la Grave où l'on travaille le sable pour en faire des objets d'art et de déco. Dans un coin, on a même installé un carré de sable pour les petits. À l'extérieur, on donne des ateliers de châteaux de sable.

À Marée basse

Trois artistes travaillent dans cet atelier-boutique également situé sur le site de la Grave. Ils proposent des affiches, des cartes, des aquarelles et des cahiers à colorier pour les enfants. Les coquillages sont à l'honneur. Un bel endroit.

PHOTO FOURNIE PAR TOURISME ÎLES DE LA MADELEINE

Le quai de Grande-Entrée