La majorité des Québécois qui placent leur propriété sur Airbnb ou d'autres sites de location ne sont pas enregistrés au ministère du Tourisme un peu plus d'un an après l'adoption d'une loi pour réglementer ces pratiques.

Le ministère dit avoir délivré 967 permis pour les locations parmi les 2244 demandes depuis que la loi est entrée en vigueur, le 15 avril 2016.

Pourtant, il y avait 19 400 hôtes québécois sur le site Airbnb en 2016, selon les données de l'entreprise et cela n'inclut pas les gens qui louent leurs maisons sur d'autres sites, dont VRBO et Kijiji. Cela signifierait qu'il y a un taux de conformité de moins de 5 % seulement pour le site Airbnb.

La loi, la seule en son genre au Canada, oblige les gens qui louent leur résidence pour une période de 31 jours et moins de détenir un permis et de payer une taxe sur l'hébergement.

Les individus qui enfreignent la loi peuvent se voir imposer une amende de 2500 à 25 000 $ par jour, tandis que les entreprises font face à des contraventions entre 5000 et 50 000 $ chaque jour.

Le directeur des politiques au Canada d'Airbnb, Alex Dagg, estime que la loi québécoise est «très coûteuse et trop compliquée». L'entreprise a d'ailleurs eu des pourparlers avec le gouvernement québécois pour modifier la loi.

Selon le porte-parole d'Airbnb, Christopher Nulty, le Québec pourrait s'inspirer de Philadelphie, où seulement les hôtes qui louent leur résidence pour une période de 90 à 180 jours doivent se doter d'un permis.

Jean-Pierre D'Auteuil, porte-parole du ministère du Tourisme, souligne qu'il y a déjà plusieurs exceptions à la loi. Par exemple, les gens qui prêtent leur résidence pendant un festival ou un événement touristique peuvent le faire une fois par année sans s'enregistrer, tout comme les individus qui louent leurs résidences ou leur chalet pendant un moment dans l'année où ils n'en ont pas besoin.

La plupart des hôtes d'Airbnb n'ont pas besoin de s'enregistrer grâce à ces exceptions, a ajouté M. D'Auteuil.

Or, selon les données du site internet de location, le nombre médian de nuits passées dans des résidences québécoises était de 30 l'année dernière - ce qui suggère qu'elles sont louées pendant une période prolongée.

L'industrie hôtelière a souvent déploré le fait que ces plateformes, qui grugent leurs profits, ne soient pas traitées à un même pied d'égalité parce qu'elles ne font pas face aux mêmes réglementations strictes - dont les taxes et les mesures de sécurité.

Airbnb n'a aucun problème à ce que les hôtes paient des taxes, assure M. Nolty, même que l'entreprise serait d'accord à imposer des règlements plus stricts pour les gens qui louent leur deuxième maison ou une propriété de villégiature. En fait, ces cas ne représentent qu'une faible proportion de leurs membres, dit-il.

Jean-Pierre D'Auteuil indique que le ministère poursuit ses discussions avec les différents groupes et qu'il examine les possibles améliorations qu'il pourrait apporter à la loi. Il a toutefois refusé de préciser de dire si le gouvernement accepterait d'établir différents règlements pour les hôtes selon la fréquence à laquelle ils louent leur résidence.