La tradition du train des neiges, qui a fait le bonheur des skieurs dans les années 30 et 40 dans les Laurentides, revit. Un demi-siècle après sa disparition, victime de la démocratisation de l'automobile, voilà qu'il se réincarne sur les rives du Saint-Laurent. Sa nouvelle mission: transporter les adeptes de sports de glisse de la Vieille Capitale jusqu'au Massif de Charlevoix, en formule tout confort. Skieurs et planchistes n'ont jamais eu la vie aussi facile.

Daniel Gauthier, cofondateur du Cirque du Soleil et propriétaire du Massif de Charlevoix, poursuit sur sa lancée. Après avoir inauguré, l'été dernier, son train touristique reliant Québec et La Malbaie, il récidive cet hiver en lançant son train des neiges, une nouvelle formule, unique en Amérique du Nord, proposant train, fine cuisine et ski.

Le point de départ: le parc des Chutes-Montmorency, où les passagers profitent d'un immense stationnement et d'une vue prenante sur la chute et son pain de sucre. De là, tout le monde confie son équipement de glisse - skis, bâtons, bottes et casque - à un membre du personnel avant de monter à bord de cette «croisière ferroviaire» d'une durée de 1h45. La destination: la gare Grande-Pointe, à Petite-Rivière-Saint-François, hameau au pied du Massif.

À bord, l'ambiance est des plus décontractées. Le style vestimentaire prisé: les habits de neige. Sans surprise, les discussions très animées tournent autour du ski, mais quand le train s'ébranle, le niveau sonore diminue. Le bavardage s'estompe pour laisser place à la contemplation du décor. À partir du cap Tourmente, les paysages, littéralement féeriques, nous laissent sans voix. L'expression «train panoramique» prend alors tout son sens.

Empruntant une ancienne voie ferrée du CN se faufilant entre le fleuve et les montagnes, le Train du Massif nous fait découvrir la face cachée du Saint-Laurent, celle de l'hiver, quand le fleuve se couvre de blocs de glace dérivant au gré des marées. En plus de nous donner accès à des panoramas exclusifs - on ne croise aucune route sur une large portion du parcours -, le train des neiges roule si près du littoral que l'eau semble lécher la voie ferrée. Résultat: les passagers ont l'illusion d'être sur un bateau, d'où le nom de «croisière ferroviaire». Seuls les adeptes de canot à glace jouissent d'une meilleure vue sur le fleuve.

À bord, le design résolument contemporain des voitures, avec ses lignes épurées, ses poutres et ses murs blancs, ses banquettes d'un vert tendre et ses plafonds de 11 pieds, rappelle davantage les hôtels boutiques que le mélange cuir, velours et boiserie de l'Orient-Express. Les lecteurs du magazine Wallpaper vont adorer. De toute évidence, le Massif ne veut pas faire de cette expérience un retour vers le passé, mais souhaite projeter les clients vers les trains de l'avenir.

Cette nouvelle attraction fait partie des immenses projets de développement du Massif de Charlevoix, qui comprend également des améliorations à la montagne et la construction d'un hôtel aux propriétés bioclimatiques de 150 chambres à Baie-Saint-Paul. Juste en ce qui concerne le pôle ferroviaire, les investissements dépassent les 40 millions de dollars, dont 14 millions pour l'acquisition et la rénovation des locomotives et des wagons, qui roulaient auparavant à Chicago, et 21 millions pour la réhabilitation de la voie ferrée.

Cette manne d'investissement apporte déjà son lot de dividendes. Dès le lancement de ce nouvel attrait en septembre, le succès a été au rendez-vous. «Il a fallu ajouter trois départs pour répondre à la demande», raconte Daniel Gauthier. La formule ski, avec déjeuner et souper gastronomique à bord, en promet autant. À long terme, le cofondateur du Cirque du Soleil veut faire du Massif une destination quatre saisons, un projet déjà bien sur les rails.

La télécabine du train

À destination, les passagers se trouvent à très exactement 43 mètres de dénivelé sous la télécabine «Massif Express». Mais pas question de monter cette petite pente à pied, et encore moins dans un vulgaire autobus. Daniel Gauthier ne fait jamais les choses à moitié. Une autre télécabine, baptisée «Le Transit», a été installée à la gare pour faire le saut au pied de la station en 4 minutes 30 secondes.

Lorsqu'on débarque du «Transit», le personnel du Massif nous remet notre équipement de glisse. Ce service V.I.P. n'est pas réservé aux clients en première classe. Tous les passagers y ont droit.

Après cette belle entrée en matière, nous voilà prêts à jouer dans les pistes du plus haut dénivelé à l'est des Rocheuses canadiennes. Au retour, une autre balade en train, avec souper gastronomique, préparé, à l'instar du déjeuner, par l'équipe du Manoir Richelieu, conclut cette journée magique. Personne ne s'est ennuyé de son auto.

Un train, trois formules

Jusqu'en avril, le Train du Massif de Charlevoix propose trois expériences hivernales :

- Formule ski : aller-retour QuébecLa Malbaie en train, billet de ski, déjeuner et souper gastronomique pour 229$ (adulte).

- La formule séjour : aller-retour QuébecLa Malbaie en train, un dîner trois services à l'aller, une nuitée au Fairmont Manoir Richelieu ou à l'Auberge des 3 canards et souper quatre services au retour. La tarification dépend de l'hébergement choisi.

- Formule évasion d'un jour : aller-retour QuébecLa Malbaie en train, dîner trois services à l'aller, escale de 2h30 à La Malbaie, souper gastronomique quatre services au retour et animation interactive tout au long du parcours. Coût : 249$. Ce forfait est offert uniquement les dimanches. Info: www.lemassif.com