À la station de montagne Au Diable Vert, il fait noir comme chez le loup, ce qui en fait un endroit privilégié pour observer les étoiles. Surtout depuis le week-end dernier, où les propriétaires de l'établissement ont inauguré leur tout nouveau planétarium en plein air, qui permet d'explorer la voûte étoilée avec un petit plus: la réalité augmentée. Explications.

Sous un ciel noir d'encre, Au Diable Vert vient de creuser dans la montagne un amphithéâtre de quelque 180 places pour observer les étoiles.

«Nous sommes situés sur le versant sud du mont Sutton, devant les montagnes vertes du Vermont, à quelques kilomètres seulement de la frontière. Pas une seule lumière n'y est visible», affirme Jeremy Fontana, idéateur du projet ObservÉtoiles et copropriétaire d'Au Diable Vert avec sa femme, Julie Zeitlinger. «À part la vue sur les montagnes, le ciel noir est peut-être la deuxième chose la plus impressionnante ici», poursuit-il.

L'idée de ce planétarium extérieur en réalité augmentée, qui n'existerait nulle par ailleurs, lui est venue à force de recevoir les nombreuses questions des gens de passage à son établissement. Il était conscient que la station de montagne, qui offre déjà de nombreux hébergements et randonnées, bénéficiait d'une situation exceptionnelle pour voir les phénomènes célestes et il cherchait la meilleure façon d'aider les gens à les décrypter.

«J'ai commencé à travailler avec une feuille blanche il y a un an et demi, raconte Jeremy Fontana. J'ai imaginé une façon de voir les constellations en même temps que le ciel noir. À force de parler avec toutes sortes de gens, j'ai réalisé que la réalité augmentée était vraiment la solution.»

Tout un spectacle!

À la tombée de la nuit, donc, les spectateurs s'assoient dans les sièges de l'amphithéâtre, puis enfilent un casque dans lequel est inséré un téléphone. Ils y admirent ainsi le véritable ciel, auquel se superposent des illustrations du XVIIe siècle représentant les 88 constellations.

«Pendant 40 minutes environ, on raconte les histoires d'une bonne portion des constellations qui sont visibles vers le sud, devant l'amphithéâtre», explique Jeremy Fontana.

En attendant la noirceur totale requise pour ce spectacle, on fait un tour du système solaire en trois dimensions. Toujours à travers la lunette du casque, on observe les planètes une à une qui bougent devant nos yeux. Évidemment, le tout est agrémenté d'explications scientifiques. «Nous avons une série d'astronomes, mais notre présentateur principal est Pierre Paquette, éditeur d'Astronomie-Québec», indique Jeremy Fontana.

Puisque le ciel change au cours des semaines, la trame narrative sera ajustée en conséquence afin de suivre les constellations.

Pour mettre au point leur projet, les gens d'Au Diable Vert sont allés chercher des experts de tous les domaines. Le casque est l'oeuvre d'une jeune pousse des Pays-Bas, Aryzon, qui l'a adapté à une utilisation en extérieur. Quant à l'application, il s'agit de Star Chart, «la plus connue du monde pour les étoiles», selon M. Fontana.

Le contenu a aussi été supervisé par un expert des étoiles, Andrew Fazekas. Connu comme le «Night Sky Guy», il collabore notamment avec le National Geographic. D'ailleurs, l'institution américaine a apposé son sceau à l'activité, ce qui garantit la qualité du contenu.

À la fin du spectacle, on doit redonner le téléphone, mais on peut partir avec le casque. Celui-ci fonctionnera avec notre propre appareil et est compatible avec la plupart des plateformes, assure M. Fontana. Les gens qui ont assisté au spectacle peuvent aussi télécharger l'application Star Chart gratuitement. Le prix total de l'expérience s'élève à 45,99 $.

Photo Alain Roberge, La Presse

Il peut être difficile d'identifier visuellement les constellations dont il est question, même si elles sont pointées par un radar.

Une nuit sous les étoiles

Le spectacle a cours depuis le week-end dernier et aura lieu tous les samedis de l'été, ainsi que les dimanches lors des longues fins de semaine.

Nous avons assisté à la première médiatique, quelques jours avant le lancement officiel, au cours d'une soirée frisquette - l'emplacement se trouve tout de même à 1000 pi d'altitude. Heureusement, les sièges sont chauffés!

La vue sur les montagnes et le ciel noir tient effectivement ses promesses. La splendeur du ciel étoilé vaut assurément le détour, juste avec les yeux, sans même le concours de la réalité augmentée.

La partie technique de la représentation gagnerait toutefois à être rodée. En plus de quelques pépins avec le casque, nous avons expérimenté des difficultés à identifier visuellement les constellations dont il était question, même si elles étaient pointées par un radar. La narration, elle, traîne un peu en longueur - certains enfants vont assurément trouver le temps long. Laissons toutefois le temps aux organisateurs de s'ajuster. Ils ont tout l'été pour perfectionner le spectacle... et même plus, puisque des représentations sont prévues jusqu'en décembre.

Note: en cas de pluie, les billets sont remboursables, ou on peut les reporter à une date ultérieure. Apportez une couverture et des vêtements chauds, car l'air est frais en soirée!

Réserve de ciel étoilé

Au Diable Vert a reçu récemment la certification Réserve de ciel étoilé, qui signifie que des mesures ont été prises pour limiter la pollution lumineuse et garantir la pureté du ciel noir. Seulement une vingtaine de lieux sont certifiés au pays, et l'Observatoire du Mont-Mégantic est le seul autre endroit au Québec qui possède cette certification décernée par la Société royale d'astronomie du Canada. «Pour la première fois dans ma vie, je suis très heureux d'arriver deuxième dans quelque chose!», dit en riant Jeremy Fontana.

Photo Alain Roberge, La Presse

Le National Geographic a apposé son sceau à l'activité, garantissant la qualité du contenu.