Veau, vache, cheval et couvée s'invitent au Musée des beaux-arts de Sherbrooke cet été avec la présentation d'une exposition consacrée au sculpteur canadien Joe Fafard.

L'artiste, originaire de Sainte-Marthe, village francophone de la Saskatchewan, est reconnu par les collectionneurs du monde entier pour ses sculptures inspirées du monde agricole. Sous ses mains, les animaux de ferme se révèlent tantôt réalistes, tantôt fantaisistes, mais toujours ludiques et accessibles. Du véritable art populaire, dans le sens le plus noble du terme.

«Mon inspiration première reste mon enfance, explique l'artiste à La Presse qui l'a rencontré lors de son passage à Sherbrooke. J'ai vécu dans un petit bled toute ma vie. Là-bas, on a le temps de s'asseoir et de jongler.»

Ses «jongleries» et son sens aigu de l'observation lui ont inspiré cette basse-cour colorée, faite tantôt de bronze, de faïence ou d'acier découpé. Certaines oeuvres, présentées pour la première fois au public à Sherbrooke, sont faites de retailles d'acier, détritus d'oeuvres plus grandes, dont les huit grands chevaux installés en septembre dernier dans le parc Notre-Dame-de-la-Garde, à Québec. C'est le cas de son loup, sculpté dans les dernières semaines, et qu'on croirait fait de plumes avec son pelage fait de petits bouts d'aciers superposés. «C'est une forme de recyclage de mes idées, mais ce n'est pas du réchauffé», dit l'artiste.

L'exposition compte aussi une section consacrée aux portraits sculptés que Joe Fafard a fait de sa famille, mais aussi des grands personnages de l'histoire, morts ou vivants. Ainsi, Frida Kahlo côtoie Vincent Van Gogh, l'environnementaliste David Suzuki et les politiciens John Diefenbaker de même que Jean Chrétien. Pour chacun de ces personnages disparates, un point commun: l'admiration qu'ils suscitent chez le sculpteur.

«Je suis très impliqué politiquement et je me désole de la situation actuelle à Ottawa, lance Joe Fafard. Il n'y a aucune chance que je fasse un jour une sculpture de Stephen Harper!»

La sculpture la plus émouvante reste toutefois celle de son père, Léopold, représenté assis sur le rebord d'une simple chaise de bois. On sent peser sur ses larges épaules tout le poids des années. «J'ai commencé la sculpture deux mois après sa mort et tout ce qui me restait, hormis mes souvenirs, était un portrait de son visage. Ç'a été une oeuvre pénible à réaliser, mais tellement nécessaire pour moi. Je voulais le faire revenir à moi...»

Son Terrorisé, avec ses pierres à la main, sa cagoule et son regard effrayé, donne aussi froid dans le dos. «Il est devenu terroriste parce qu'on l'y a poussé», raconte Fafard en ajoutant que son fils de 18 ans lui avait servi de modèle.

L'exposition Joe Fafard est présentée jusqu'au 25 septembre, du lundi au vendredi, de 10h à 17h. Aussi présentée, jusqu'au 2 octobre: l'exposition Impressionisme? propose une trentaine d'oeuvres d'artistes québécois, choisies dans la collection du Musée national des beaux-arts du Québec. www.mbas.qc.ca