Dans la cité minière de Malartic, en Abitibi, il y a trois façons de catégoriser la vitesse: la vitesse de la lumière, la vitesse du son et la vitesse Osisko, du nom de la société minière qui exploite le gisement Canadian Malartic.

L'entreprise montréalaise entend profiter au maximum du prix de l'or, qui atteint actuellement des niveaux stratosphériques.

Un an après le début de l'exploitation de cette mine à ciel ouvert, le trou creusé par les foreuses est déjà gigantesque. On a peine à croire que les humains puissent forer le roc à une telle vitesse. Osisko soutire et broie plus de 55 000 tonnes de roche par jour, ce qui en fait la plus importante mine d'or à ciel ouvert au Canada.

Malgré la cadence infernale de la mine, le Musée minéralogique de l'Abitibi-Témiscamingue, adjacent à la propriété aurifère, y organise des visites pendant toute la saison estivale. C'est une occasion en or de jeter un coup d'oeil sur les procédés miniers du XXIe siècle et d'en apprendre plus sur cette nouvelle ruée vers l'or.

La visite guidée, à bord d'un autobus scolaire, dure environ 1 h 30 et chante abondamment les vertus de la société. Osisko finance le musée.

La visite commence par une balade sur le site minier pendant que les guides nous bombardent de chiffres. L'autobus fait ensuite un premier arrêt à un belvédère surplombant la fosse, qui atteint déjà une taille considérable. À terme, ce trou dans la croûte terrestre aura 2 km de longueur, 780 mètres de largeur et une profondeur de 380 mètres. «On pourra y installer la tour Eiffel debout», explique Jean Massicotte, directeur du musée. À la fin de l'exploitation, après 12 ans, il faudra 25 ans de précipitations pour remplir la fosse d'eau afin de former un lac créé de mains d'hommes.

L'autobus se rend ensuite à l'usine. Les visiteurs débarquent, enfilent des bouchons dans leurs oreilles et pénètrent alors dans une immense structure d'acier où d'énormes concasseurs tournent sans arrêt pour broyer le roc en fine poussière, dans laquelle se cachent des minuscules particules d'or.

Un retour en arrière

À 20 km de Malartic, les touristes peuvent découvrir, à la Cité de l'Or, une autre facette du monde minier, quand les mineurs s'enfonçaient dans des galeries souterraines et travaillaient à la sueur de leur front pour aller soutirer l'or dans les veines de quartz.

Le site historique, qui occupe les vestiges de l'ancienne mine Lamaque, en exploitation de 1935 à 1985, nous plonge dans le quotidien des mineurs de l'époque. Cinq bâtiments patrimoniaux accueillent les visiteurs, dont les deux chevalements, ces structures d'acier qui permettaient aux mineurs de descendre dans les puits. «On considérait jadis les chevalements comme les cathédrales du Nord», rappelle notre guide Raymond Couture. Ils marquent encore aujourd'hui les paysages de l'Abitibi.

Dans la sécherie, on trouve la nouvelle exposition permanente. On y apprend entre autres que le métier de mineur était très convoité, malgré son caractère difficile. Cependant, il fallait peser au moins 75 kg pour se faire embaucher. «Les candidats se cousaient des roches dans les pantalons pour faire le poids», raconte le guide.

Le clou de la visite est la descente sous terre, à 91 mètres de profondeur, dans les galeries souterraines. On y explique le travail des mineurs. Les visiteurs font l'expérience de la noirceur totale et du tintamarre produit par les machines.

L'immersion dans le monde des mines se poursuit dans le village de Bourlamaque, où on trouve une soixantaine de maisons en bois rond construites dans le but d'héberger les employés de la mine. Dans les années 30, ce quartier, pourvu en électricité et en eau potable, était considéré comme le «Westmount du Nord». Ces modestes, mais charmantes, maisons sont encore habitées aujourd'hui. Pour découvrir leur histoire, vous pouvez emprunter un audioguide au musée et faire une promenade dans le quartier.