Une dizaine de morsures, des centaines de chiens en liberté, des propriétaires qui ne ramassent pas les excréments de leur animal... En général, le projet pilote de la SEPAQ autorisant la présence de chiens dans certains parcs québécois s'est bien déroulé et les propriétaires de chiens ont été respectueux. Il y a quand même eu quelques ratés. Sans compter un certain relâchement au fil des mois. C'est ce que montre le bilan du projet pilote, document de près de 80 pages obtenu par La Presse.

C'est en 2016 que la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) a mis en place le projet pilote dans les parcs d'Oka, de Frontenac et de la Jacques-Cartier. Le projet s'est poursuivi en 2017, puis en 2018, avec l'ajout des parcs d'Aiguebelle et du Lac-Témiscouata.

Les règles étaient strictes: les chiens n'étaient pas admis dans tous les sentiers ou sur tous les sites de camping. Ils devaient être tenus en laisse et les propriétaires devaient ramasser les excréments de l'animal.

Après l'analyse des résultats du projet pilote, la SEPAQ a annoncé en octobre dernier qu'elle allait autoriser les chiens dans certains secteurs dans la plupart de ses parcs à partir du 17 mai 2019.

Il y a quand même eux quelques événements «malheureux» en cours de route, soit une dizaine de morsures, dont six au parc d'Oka. Un chien a fait une feinte d'attaque à Oka, un chien en a attaqué un autre à Jacques-Cartier et un chien a tenté d'attaquer un porc-épic dans le même parc.

«Les événements recensés impliquant des agressions (morsure, attaque, etc.), bien que malheureux, sont isolés et non représentatifs du quotidien entre les chiens et la clientèle des parcs nationaux.» - Extrait du document

Néanmoins, 60 personnes (visiteurs et employés) ont rapporté avoir été témoins d'un comportement agressif de la part de chiens. Il faut toutefois noter que la SEPAQ a enregistré 19 481 chiens dans les parcs participants au projet pilote. Les événements négatifs sont effectivement peu nombreux, compte tenu du nombre de chiens.

Ce qui a entraîné le plus de constats négatifs au cours des trois années du projet, c'est la présence de chiens dans des endroits non autorisés et l'absence de laisse. Ainsi, 541 personnes ont fait état de la présence de chiens dans des endroits non autorisés et 427 ont constaté que des chiens étaient sans laisse.

La question de la laisse est importante. Les études ont montré que tenir un chien en laisse diminuait de façon importante son impact sur le milieu naturel: il n'est pas en mesure de pourchasser un animal sauvage et il doit demeurer sur le sentier.

Relâchement en hiver

Le projet pilote a montré que la très grande majorité des propriétaires respectait cette règle, soit entre 93 % et 95 % en été et en automne. Toutefois, en hiver, le tiers des chiens ne sont pas tenus en laisse. «On peut penser qu'une plus faible fréquentation par la clientèle en hiver et un plus faible risque de croiser un garde-parc peut résulter en un respect moindre de la réglementation», avance-t-on dans le bilan.

Le comité de suivi mis sur place par la SEPAQ a d'ailleurs recommandé d'interdire les chiens durant la saison froide, soit entre l'Action de grâce et la fête des Patriotes. Ce comité, formé d'experts qui ne font pas partie de la SEPAQ (chercheurs, vétérinaires, etc.), s'est d'ailleurs inquiété de voir dans certains parcs un relâchement des mesures de suivi de la réglementation au fil du temps.

«Ces mesures, qui assurent en bonne partie l'observance des règlements, devraient être maintenues et les ressources pour ce faire au rendez-vous.» - Les membres du comité

Le taux de conformité a d'ailleurs diminué dans les parcs d'Oka et de la Jacques-Cartier au cours des trois années du projet pilote. Au parc de la Jacques-Cartier, par exemple, on a observé 15 % de chiens sans laisse en 2018, contre seulement 5 % en 2016.

Ce relâchement se constate également en matière de ramassage des excréments de chien. Quelques propriétaires se donnent la peine de ramasser les excréments et de les mettre dans un sac, mais, étrangement, ils abandonnent celui-ci sur place.

Au parc de Frontenac, à la fonte des neiges, on a constaté dans un secteur peu fréquenté que bien des gens n'avaient pas ramassé ce qu'ils auraient dû ramasser.

«Il semble que la pression sociale amène les gens à ramasser les excréments de leur chien, note-t-on dans le bilan. Lorsque le risque d'être vu par d'autres est faible, les gens semblent avoir tendance à moins les ramasser.»

Le bilan dressé par la SEPAQ ne note aucune mort d'animal sauvage qui puisse être attribuée à la présence de chiens. La SEPAQ a également cherché à savoir si la présence de chiens dans les campings avait un impact sur les espèces fauniques présentes dans le secteur. Des enregistrements de sons n'ont cependant pas permis d'observer une différence entre les secteurs où les chiens étaient permis et ceux où ils ne l'étaient pas.