L'an dernier, pour leur première saison à bord de leur Sprinter Classe B, Lydia et Émile Richard ont réussi l'impensable: sillonner presque toutes les régions du Québec sans presque jamais s'arrêter dans un camping pour la nuit.

Les deux résidants de Saint-Hubert ont plutôt passé leurs nuitées chez des producteurs du terroir grâce à leur abonnement au réseau Terroir en VR. Et ils ont adoré l'expérience.

Lancé en 2017, Terroir en VR offre aux voyageurs en véhicule motorisé une option de rechange au camping en proposant des stationnements pour la nuit chez des producteurs, agroalimentaires surtout, du Québec. Pour l'année qui vient, le réseau s'étendra aussi aux Maritimes et à l'Ontario.

Une idée de Nouvelle-Zélande

L'idée de Terroir en VR est venue à Michèle Bourassa et Karine Morin au cours d'un voyage mère-fille en Nouvelle-Zélande, en 2015.

«Nous sommes parties pour trois mois et avons loué un VR. Il existait alors en Nouvelle-Zélande un réseau de haltes-terroir. On a tellement tripé!», avoueKarine Morin.

«On a rencontré des producteurs intéressants, hors des routes touristiques habituelles. On s'est dit que c'était dommage qu'il n'existe rien de tel au Québec, car on a un terroir assez riche.»

La formule imaginée par les deux femmes d'affaires est simple: les voyageurs paient des frais d'abonnement de 105 $ pour une saison à Terroir en VR. Cet abonnement leur permet de dormir aussi souvent qu'ils le souhaitent, sans frais supplémentaires, chez les quelque 200 producteurs recensés - dont des vignobles, des microbrasseries, des fermes d'élevage ou des fromageries.

Les hôtes mettent à la disposition des abonnés des espaces de stationnement, tantôt sur le gazon, parfois sur le gravier... Mais aucun autre service n'est offert. Les voyageurs doivent être autonomes pour l'eau, l'électricité et les toilettes. Souvent, ils peuvent être accompagnés de leur chien, à condition de le garder en laisse. Tout ce que les abonnés ont à faire, c'est réserver leur place sur le site de Terroir en VR, le jour même s'ils le souhaitent et pas plus tôt qu'un mois à l'avance. La seule contrainte: ils ne peuvent réserver au même endroit pour deux nuitées d'affilée et doivent laisser le site propre à leur départ.

L'an dernier, quelques centaines de voyageurs se sont inscrits, mais Karine Morin espère voir leur nombre grimper à 1500, voire 2000, étant donné l'expansion du réseau en 2018. Lydia et Émile Richard seront encore du nombre. «On a adoré notre expérience! L'accueil a été chaleureux et très personnalisé partout. On a dormi chez une trentaine de producteurs dans plusieurs régions du Québec: Saguenay, Charlevoix, les Cantons-de-l'Est, Lanaudière...»

Les coups de coeur

«On a eu plusieurs coups de coeur, notamment à la ferme Gijamika à Kamouraska, qui fait de l'élevage d'agneaux. On a vu une fillette de 4 ans qui nourrissait au biberon un agneau rejeté par sa mère. Quand on est passés, l'agneau avait 10 jours et suivait la petite comme un chien. C'était adorable! On n'aurait pas pu vivre une expérience semblable autrement.»

PHOTO FOURNIE PAR LYDIA ET MILE RICHARD 

À la ferme Gijamika de Kamouraska, un agneau suit la trace la fillette qui le nourrit au biberon.

«On a aussi découvert de beaux produits, ajoute son conjoint, Émile Richard. Je ne pensais pas qu'il y avait autant de vignobles au Québec! On a dégusté des mistelles, des vins de rhubarbe, des vins de fraises...»

Ils ont goûté pour la première fois à l'agneau fumé dans le Bas-du-Fleuve, découvert l'ail noir dans l'île d'Orléans, visité une cave à vin souterraine à Saint-Gabriel-de-Brandon...

«On est déjà réabonnés pour 2018 et cette fois, on va visiter les Maritimes!», lance Lydia Richard.

Un autre qui a bien l'intention de renouveler l'expérience est Jean Morin, propriétaire de la fromagerie du Presbytère, à Sainte-Élisabeth-de-Warwick. Il a reçu 52 véhicules récréatifs l'an dernier sur son terrain ombragé, à une minute à pied de la fromagerie. Son bilan? «Très positif! On a reçu beaucoup de visite, même si on est loin des grands circuits touristiques. Si la Terre était plate, Sainte-Élisabeth-de-Warwick serait tout au bout, sur le bord du dernier ravin! On a rencontré des gens intéressants et intéressés, qui avaient le temps de s'arrêter, de poser des questions. C'est une forme de slow-tourisme que j'aime bien.»

«Pour les producteurs, c'est une façon de faire découvrir leurs produits», ajoute Karine Morin. Faut-il comprendre que les voyageurs sont obligés d'acheter chaque fois? «Il n'y a pas d'obligation d'achat, non, mais on dit aux voyageurs que c'est une belle façon de remercier leurs hôtes pour leur accueil.»

PHOTO FOURNIE PAR TERROIR EN VR 

Située à Sainte-Anne-de-Larochelle, l'asinerie Les ânes en culottes fait partie du réseau Terroir en VR.