Petite cabane à sucre dont on se passe l'adresse sans l'ébruiter, cabane gastronomique au menu réinventé ou sucrerie à l'ambiance survoltée avec musiciens, animation et activités. Trois façons (testées) de célébrer les sucres.

Que sont nos cabanes devenues?

Chaque printemps, la question ressurgit : aller ou non à la cabane à sucre ? Pour certains, l'affaire est réglée depuis des semaines et les places sont déjà réservées. Mais pour la majorité, la question précédente est accompagnée d'une autre, beaucoup plus compliquée : quelle cabane choisir ?

La définition même de cabane à sucre semble devoir être réécrite depuis 2009, année où le chef Martin Picard a bousculé les conventions avec son menu réinventé, servi à la Cabane Au pied de cochon. Depuis, de plus en plus de chefs - certains médiatisés, d'autres non - ont décidé de réinterpréter à leur façon les traditions en servant porcelet effiloché, fèves au confit de canard ou baklava à l'érable pour la saison des sucres.

Toutes ces initiatives ont-elles éloigné la cabane à sucre de ses racines ? Hermine Bourdeau Ouimet le pense. Aujourd'hui âgée de 77 ans, cette mère de cinq enfants a passé plus de 50 ans aux fourneaux de l'érablière l'Hermine, à Havelock, en Montérégie. « Je ne suis pas un chef, je suis une cuisinière », lance celle qui, aujourd'hui encore, prépare chaque matin les tartes qui seront servies pendant la journée. « Mes recettes n'ont pas changé depuis 1963, l'année où on a commencé à faire notre sirop. On avait installé une table près de l'évaporateur et on servait 10 personnes à la fois. Surtout de la famille. »

C'est dans des familles comme celle de Mme Bourdeau Ouimet que la tradition des sucres est née, rappelle l'historien de la cuisine québécoise Michel Lambert. « Les Canadiens français connaissaient le sirop d'érable par les Amérindiens, mais ils n'ont commencé à en produire qu'en 1702, quand un blocus naval a coupé le transport du sucre, en particulier la mélasse venue des Antilles. Dès lors, chaque ferme qui avait des érables produisait son sucre, dehors, sur des feux. »

« La cabane telle qu'on la connaît aujourd'hui est née en 1875, en même temps que la bouilloire en fer étamé. Il a alors fallu construire un bâtiment pour protéger la bouilloire. On a ajouté une table, parfois un lit. C'est à ce moment que la cuisine de la cabane est apparue. »

« Les familles utilisaient les produits qu'il y avait sur la ferme : les oeufs, le lard, le jambon qu'on faisait fumer au printemps parce qu'il commençait à faire trop chaud pour conserver la viande», affirme Michel Lambert, historien de la cuisine québécoise.

À chaque visite à la cabane à sucre, Michel Lambert aimerait retrouver une ambiance semblable à celle qui régnait dans l'érablière de son grand-père, sur la Côte-du-Sud. « C'était une belle vieille cabane qui sentait bon le feu de bois, mais aussi l'humidité, parce que la cabane avait été fermée tout l'hiver... » Or, ses recherches sont souvent vaines, dit-il. « La plupart du temps, les cabanes sont d'immenses commerces surpeuplés. »

Force est d'admettre que les petites cabanes familiales sont de plus en plus difficiles à trouver. À l'ère des médias sociaux, plusieurs sont des anachronismes, sans site internet ni page Facebook. Seul le bouche-à-oreille leur sert de publicité. Et souvent, la passion est la seule raison qui les pousse à continuer.

Pas pour rien que de nombreuses petites cabanes ferment leurs portes, faute de relève ou étouffées par les coûts de production qui ne cessent d'augmenter. Selon les statistiques fournies par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ ), le nombre de sucreries est en déclin : 263 cabanes à sucre ont demandé leur permis de restauration en 2012-2013. Elles n'étaient plus que 238 au printemps dernier.

« Les cabanes doivent se moderniser pour respecter la réglementation, indique Mme Bourdeau Ouimet. La main-d'oeuvre est aussi plus difficile à trouver. C'est pour cette raison qu'il a fallu passer de la récolte à la chaudière à la tubulure en 2003. C'est très difficile de faire de l'argent sur une aussi courte période. »

Choisir la nostalgie ou l'animation

Devant ces obstacles, beaucoup choisissent d'augmenter leur taille pour faire leurs frais. Mais le risque d'y perdre son âme est grand, selon Michel Lambert. Pour lui, l'authenticité d'une cabane passe d'abord par sa taille (« moins de 100 places ») et sa forte identité familiale, par exemple avec ces recettes qu'on se passe de génération en génération. « J'aime que la récolte de l'eau d'érable se fasse à la façon d'autrefois, avec les chaudières, voire les chevaux. Avec la tubulure, on perd le contact de l'homme avec la sève, le sirop. Tout est fait automatiquement, avec des thermomètres, par osmose inverse. Le sirop se fait seul, derrière des portes closes. Je suis nostalgique, je sais... »

Pierre Faucher aussi était nostalgique lorsqu'il a ouvert la Sucrerie de la Montagne en 1978. « Je revenais d'un voyage de six ans sur le pouce et j'avais besoin de m'immerger dans la culture québécoise. Or, je ne trouvais rien qui soit resté typique. »

Enfant, les histoires de camp de bûcherons de son père beauceron l'ont beaucoup marqué. Lorsqu'il a construit sa cabane à sucre, à Rigaud, il a voulu recréer l'ambiance du Québec de la fin du XIXe siècle, début du XXe siècle. 

« C'était important pour moi de préserver le patrimoine», mentionne Pierre Faucher, propriétaire de deux cabanes à sucre.

Aujourd'hui, l'homme est propriétaire de deux cabanes à sucre - l'une à Rigaud, l'autre en Beauce - qui sont ouvertes 12 mois par année. La clientèle n'est pas que québécoise, on s'en doute. De nombreux touristes y passent. La musique folklorique, le décor, les employés costumés : tout est là pour donner aux visiteurs l'illusion d'un voyage dans le temps.

Avec sa grosse barbe blanche, Pierre Faucher a d'ailleurs tout du coureur des bois comme l'imaginent les Européens à la recherche de « la cabane au Canada ». Il a déjà fait la couverture du Guide du routard sur le Québec ; il n'y a pas de hasard.

Par contre, tous les clients ne cherchent pas forcément à revivre le Québec d'autrefois ni à se faire épater par les dernières trouvailles du chef en visitant une cabane à sucre. Ils veulent simplement passer une journée en famille à s'amuser.

C'est le cas de Tina Egiziano. Chaque année, sa famille - 18 personnes au pire, 30 au mieux - va aux sucres. Leur cabane de prédilection : le Chalet des érables, qui offre des activités généralement associées à la foire, pas à la cabane à sucre. Autos tamponneuses, taureau mécanique, maison hantée... « On a essayé différents endroits, mais on finit toujours par aller au Chalet des érables. La nourriture est bonne et abondante, mais ce n'est pas pour ça qu'on y va. C'est un lieu où toute la famille peut s'amuser, les petits enfants comme les adolescents. On fait de l'équitation ou un tour de train, on nourrit les animaux de la fermette... On passe une journée complète en famille. »

Les cabanes gastronomiques, elle les laisse à d'autres. « C'est un peu comme aller au restaurant : il n'y a rien à faire pour les enfants. »

Testé: à l'ancienne

Lorsque Michel Gagnon est devenu un fervent de la cabane à sucre, sa fille Amélie avait 3 ans.

« J'ai loué un terrain avec une petite cabane en planche centenaire et je partais entailler mes érables avec Amélie sur le dos. »

Près de 30 ans plus tard, c'est avec son petit-fils Émile que l'homme de 75 ans fait la tournée des chaudières à la cabane La Belle Époque, en Montérégie. Chez les Gagnon, le sirop d'érable est une passion qui se transmet de génération en génération. Depuis l'âge de 14 ans, Amélie officie aux fourneaux de la cabane ; elle a 31 ans aujourd'hui et respecte scrupuleusement les recettes qu'on lui a transmises. La conjointe de Michel Gagnon, Muguette, vient donner son coup de main pour pocher le jambon dans le sirop fumant. Et Émile, du haut de ses 3 ans, se charge d'accueillir les visiteurs qui entrent sur son royaume, copie miniature de son grand-père avec sa chemise et sa casquette à carreaux. « Je vais passer toute ma vie ici », a-t-il d'ailleurs lancé à sa mère la semaine dernière.

Un voyage dans le temps

S'attabler à La Belle Époque tient donc à la fois de la fête familiale et du voyage dans le temps. Car peu de choses ont changé au fil des années. Michel Gagnon a certes fini par acheter son coin de terrain ; il a agrandi - un peu - la cabane en utilisant le bois de trois granges qu'il a démantelées. Mais les érables sont encore et toujours entaillés à la main, avec goudrelles et chaudières. L'eau d'érable est transformée en sirop dans un évaporateur chauffé au bois.

La cabane de planche est toute croche, mais ni le père ni la fille n'ont l'intention de la redresser ou de changer la toilette sèche extérieure pour des installations sanitaires nickel. « Une cliente qui fréquente la cabane depuis 27 ans m'a déjà dit que si je changeais ma bécosse, elle ne viendrait plus ! », lance Michel Gagnon.

« Nos clients cherchent une ambiance traditionnelle. Si on agrandissait davantage, on deviendrait une cabane comme les autres», poursuit M. Gagnon.

Cette atmosphère d'antan et la qualité de la cuisine familiale expliquent la fidélité indéfectible de nombreux clients. À chaque service, la cabane est bondée ; 60 personnes se serrent les coudes autour des 4 tables communales, bordées de longs bancs de bois. « Le problème ici, c'est que tout est bon », nous prévient un voisin de tablée. « Il faut se contrôler pour se garder de la place pour les crêpes. »

Un menu sans flafla

Les crêpes gonflées, préparées sous nos yeux sur le poêle à bois brûlant, sont en effet la grande spécialité de la maison. Mais le chemin pour y arriver est ponctué d'invitations à l'excès : la robuste soupe aux pois, les fèves au lard sucrées à point, le jambon à l'érable, l'omelette dense, les grillades de lard, les cretons maison, les pommes de terre en purée, les marinades... Tout est servi à volonté, directement aux tables, dans de la vaisselle dépareillée.

Pas de flafla ni de superflu ; saucisses, bacon, ragoût de boulettes, tourtière ou pouding chômeur ne figurent pas au menu. On a opté ici pour la qualité plutôt que la diversité. Quand arrivent les crêpes (qui tiennent presque du beignet) et la tarte au sirop d'érable, les panses sont déjà bien remplies. D'autant plus qu'il reste encore à déguster l'incontournable tire sur la neige, servie à l'extérieur par le propriétaire lui-même.

Il faut savoir que, la production de sirop de La Belle Époque étant limitée - 400 entailles les meilleures années -, Michel et Amélie Gagnon doivent parfois s'approvisionner chez des producteurs voisins. « Mais le sol reste le même, on est dans le même terroir », dit Amélie Gagnon.

La cabane La Belle Époque offre deux services par jour, un le midi, un le soir, les vendredis, samedis et dimanches. Les prix (taxes incluses) pour les 13 ans et plus sont de 24 $ le midi et 26 $ le soir, quand un chansonnier est sur place. En tout temps, les 7 à 12 ans paient 10 $ et les 3 à 6 ans, 5 $. Argent comptant seulement, service non inclus. Les clients peuvent apporter leur alcool.

La belle époque

792, rang Fleury, Saint-Bernard-de-Michaudville

450-792-2031

Trois autres adresses:



Sucrerie Jean-Louis Massicotte

Depuis 1710, la terre familiale des Massicotte se passe de génération en génération. Dans cette petite cabane de 43 places, pas d'électricité. L'éclairage est au gaz, les repas sont cuits au four à bois. L'eau d'érable ? Elle est récoltée à l'ancienne, avec des chevaux. Ouverte les vendredis, samedis et dimanches, du 18 mars au 29 avril. Prix pour les 11 ans et plus : 28 $, taxes incluses. Apportez vos boissons.

101, route 159, Saint-Prosper-de-Champlain

418 328-8790

• Cabane à sucre Famille Ethier

Dans cette cabane, qui célèbre ce printemps son 39e anniversaire, les omelettes soufflées, servies à même le poêlon de fonte, et les grands-pères au sirop sont légendaires. Tous les plats sont faits maison. La salle à manger principale compte 70 places, mais 30 convives peuvent aussi manger en cuisine. Le samedi et le dimanche, un accordéoniste se charge de l'ambiance musicale. Ouverte du mercredi au dimanche, jusqu'au 24 avril. Tarifs : entre 23 $ et 30 $ (taxes incluses) pour les 13 ans et plus. Apportez votre alcool.

>>>Visitez la page Facebook de la cabane.

7940, rang Saint-Vincent, Mirabel

450 258-3807

Érablière Saint-Laurent

Cette érablière de 100 places continue de récolter l'eau d'érable à la chaudière, comme à l'époque de son ouverture, en 1947. Outre les repas traditionnels, servis aux tables, on trouve ici une fermette et une cabane dans les arbres, pour les enfants. Ouverte du mercredi au dimanche, deux services par jour. Tarifs pour les 11 ans et plus : entre 16 $ et 19,50 $, taxes incluses. Apportez votre alcool.

1190, rue Principale, Saint-Roch-de-Richelieu

450 743-0487

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Tout est servi à volonté, directement aux tables, dans de la vaisselle dépareillée.

Testé: la gourmande

Soupe aux pois, cretons, omelette, fèves au lard, oreilles de crisse, pouding chômeur, crêpes au sirop, tire sur la neige. Tel est le menu sans surprise qu'offrent toutes les cabanes à sucre. On aime ou on n'aime pas, et bien des gens vous diront que, de toute façon, ce n'est pas pour ça qu'on y va. Mais pourquoi pas, au fait ? Après tout, il y a un monde entre une soupe aux pois bien tournée et une autre qui semble sortie d'une boîte de conserve achetée au Dollarama...

De plus en plus de cabanes à sucre, sans doute entraînées dans le sillage de Martin Picard, l'extravagant chef du restaurant Au Pied de Cochon et de la cabane du même nom, cherchent à renouveler le genre. Alliance avec un chef connu, variations autour du canard, repas entièrement bio, végétarien ou même 100 % végétalien, l'offre s'élargit sans cesse.

La Sucrerie du Domaine, à Chertsey, est l'un de ces nouveaux établissements qui misent sur une cuisine plus raffinée. Les propriétaires, Patrick Noël et Julie Martin, ont construit l'an dernier leur « cabane » - en fait, un magnifique bâtiment tout en bois qui est aussi leur maison. D'un côté, la salle de bouillage, la boutique et la salle à manger de 60 places où ils prennent eux-mêmes leurs repas (« On change de table chaque jour ! » dit Julie en riant). De l'autre, les quartiers privés du couple. Au milieu, la cuisine où officie le chef Patrick, dans un tourbillon de vapeur et de casseroles qui s'entrechoquent.

Plus ou moins décrocheur, Patrick Noël a lancé dès l'âge de 13 ans une petite entreprise de location de machines distributrices, devenue avec le temps un important torréfacteur et fournisseur de café équitable, entre autres choses. Julie Martin était pour sa part enseignante quand ils se sont connus grâce à Réseau Contact, il y a 10 ans. Depuis, elle accompagne son homme dans des projets qui semblent ne jamais vouloir s'arrêter. Aucun des deux n'a de formation en hôtellerie ni en restauration - non plus qu'en acériculture, du reste. Mais les deux ont de l'audace et de l'énergie à revendre.

Pour le plaisir

Ils ont commencé l'entaillage de leurs érables il y a cinq ans avec l'aide d'agronomes. Ils en sont à 1100 entailles, juste assez pour répondre aux besoins de leur cabane à sucre. Et ils n'ont pas l'intention d'en faire plus : « On ne veut pas grossir, on veut juste avoir du fun et offrir de bons produits », dit Patrick.

C'est pourquoi tout ce qu'ils servent est issu de leur potager, de leur poulailler, de l'étang à truites récemment creusé. Le porc (fumé maison) vient d'une ferme toute proche, mais Patrick a l'intention de commencer un élevage de sangliers, qu'il entend nourrir aux noix de cajou pour obtenir une viande plus goûteuse.

« Je suis un malade de perfection ! », s'exclame Patrick Noël, de la Sucrerie du Domaine

C'est aussi pour ça qu'il projette de faire sa propre bière, avec, comme de raison, le houblon qu'il cultivera.

Il va sans dire que c'est Julie et Patrick qui concoctent tous les plats, de la soupe aux pois (recette de maman Noël) aux baklavas à l'érable, en passant par le pain, les saucisses au sirop et cette scandaleuse tourtière dite « AVC », couronnée d'un brie entier et de bouchées de foie gras qui fondent sous une croûte délicatement feuilletée (cholestérol, bonjour !).

Pour le service, tout est disposé sur une sorte de long brancard que les serveurs apportent sur la table, façon décadence de l'Empire, et chacun se sert à sa guise. Dans cette surabondance, le succulent baloney maison au foie gras, l'émouvante omelette soufflée garnie de crème sure, la cassolette du bûcheron (pommes de terre fondantes et lardons fumés) et les rillettes au foie gras nous ont remplis de bonheur (et de calories). Mention spéciale, aussi, aux « binnes d'l'a cabane », vraiment excellentes, aussi vendues en conserve à la boutique.

Durant tout le repas, aussi pleine la salle soit-elle, les propriétaires et les employés prennent le temps de placoter avec les clients, de rigoler, d'expliquer leur affaire, avec une affabilité qu'on ne trouve certes pas dans les cabanes commerciales... pas plus que cette jolie vaisselle rouge vif, ce décor rustique tout à fait réussi et le sentiment, en repartant, d'avoir rendu visite à des amis.

La cabane gourmande La Sucrerie du Domaine

280, chemin du Domaine des chutes, Chertsey

450 882-4851

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Trois autres adresses:



• Sucrerie Les deux têtes de cochons

Viandes fumées maison, barbecue à cuisson lente. Salle de jeux pour enfants, feu et musique dehors, fermette à côté. Ouvert jusqu'au 8 mai. Tablées le vendredi à 18 h 30, le samedi à 11 h 30 et 17 h 30, le dimanche à 11 h 30. Ouvert en semaine pour groupes seulement. Tarifs : 24 $, 6 à 12 ans : 12 $, 2 à 5 ans : 6 $, taxes en sus. On apporte son vin.

11110, côte des Saints, Mirabel

514 207-8020

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Cabane Coin-coin aux pommes

Toute petite salle de 30 places à la ferme d'élevage Le Canard goûteux. Le menu, axé sur le canard et les pommes, comprend magret fumé à l'érable, soupe aux pois et foie gras, frites maison au gras de canard... Ouvert jusqu'au 2 avril, sur réservation. 49 $, taxes et service compris. On apporte son vin.

49, route 116 Est, Warwick

819 960-4783

Ferme Le Crépuscule

Repas entièrement biologiques (possibilité de plats sans gluten, sans lactose et végétariens), cuisine maison à base de produits de la ferme. Ouvert jusqu'au 1er mai. Tarifs : 46 $, 7 à 14 ans : 28 $, 4 à 6 ans : 15 $, taxes et service compris. On apporte son vin.

1321, chemin Grande Rivière Nord, Yamachiche

819 296-1321





PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Pour le service, les plats sont disposés sur une sorte de long brancard, que les serveurs apportent sur la table.

Testé: la swingante

La première chose qu'on remarque en entrant dans la Cabane à Pierre, ce n'est pas l'odeur des crêpes qui cuisent, ni même l'immense foyer qui trône au coeur de la salle à manger. C'est le plancher de danse, bondé.

Entre les quatre murs de bois rond, observés par une galerie de photos anciennes et de têtes d'animaux empaillés, les danseurs se sont lancés dans une frénétique (et un brin désorganisée) séance de set carré. Sur la scène, un violoneux et un accordéoniste-tappeux de pieds enfilent les airs folkloriques pour faire bouger ces jeunes Américains et Ontariens, arrivés de Québec par autobus entiers pour passer la soirée en pays beauceron.

La soupe n'est pas encore servie, mais déjà, le feu est pris sur le plancher de danse. La Cabane à Pierre peut accueillir 350 personnes ; elles ont presque toutes quitté leur chaise. Une dizaine se sont emparées de cuillères en bois. Le rythme est bon, même si ces musiciens improvisés ne connaissent ni La Bolduc, ni Mes Aïeux, ni tous ceux dont les chansons défilent sans discontinuer. Dès que retentissent les premières notes d'un air irlandais, trois jeunes filles exécutent des pas de danse traditionnelle devant un public ravi.

« Ça arrive chaque fois qu'il y a des jeunes d'origine irlandaise dans la salle », lance Richard Drouin, qui joue du violon et pousse la chanson à la Cabane à Pierre. Musicien professionnel - il a joué en tournée avec le Cirque du Soleil pendant 6 ans -, Richard Drouin use de tous les styles pour mettre le party dans la cabane, et ce, 12 mois sur 12. 

« On ne joue pas que des airs folkloriques. La fin de semaine, mon fils, qui est un sacré bon guitariste, nous accompagne. On fait du Elvis, du rock... », mentionne Richard Drouin.

Mais ce soir-là, l'ambiance est à la musique d'antan, qui cadre parfaitement avec le décor... et les tabliers à carreaux des serveuses. Devant le four à pain, elles sont trois à trancher les miches, cuites sur place.

« Le pain est fait maison, comme tous les plats qu'on sert ici », explique Nathalie Poulin, directrice des opérations pour la Cabane à Pierre. Plusieurs recettes sont tirées du patrimoine familial du propriétaire, Pierre Faucher, qui possède aussi la Sucrerie de la montagne, à Rigaud.

Le hic : ces plats maison semblent avoir été aseptisés pour ne déplaire à personne. Rien n'est mauvais, mais tout est assez fade. La soupe aux pois est liquide, le jambon ne goûte rien, le lard est rare dans les fèves au lard... Il faut, pour rehausser tout ça, de bonnes doses de sirop d'érable ; un sirop produit par un acériculteur voisin, les 1000 entailles de la Cabane à Pierre ne suffisant pas à la demande.

Une ambiance festive

Bref, on ne vient pas chez Pierre pour la table, mais pour l'ambiance festive, elle, très réussie. Mieux, on peut pleinement en profiter, puisque la cabane n'offre que deux services par jour : l'un à midi, l'autre à 18 h. Pas besoin, donc, d'avaler ses crêpes en troisième vitesse pour libérer la table.

« Pendant la saison des sucres, un animateur se charge aussi d'occuper les enfants, explique Nathalie Poulin. Une fois le dessert servi, il les invite sur le plancher de danse pour chanter des chansons, jouer de la cuillère... Plus tard, les activités se déplacent à l'extérieur. Les clients passent souvent des heures sur le site. »

La Cabane à Pierre propose sans frais supplémentaires des promenades en carriole tirée par un tracteur au milieu des arbres entaillés à l'ancienne, avec goudrelles et chaudières. Il est aussi possible de visiter la cabane qui abrite l'évaporateur, chauffé au bois. Ces activités sont offertes les week-ends, jusqu'au 24 avril.

Les musiciens, l'ambiance, l'animateur ont toutefois un prix : le repas coûte plus cher ici que dans d'autres cabanes des environs. Prix : 34 $, taxes incluses, pour les 12 ans et plus, 17 $ pour les 6 à 12 ans et 8,50 $ pour les 3 à 5 ans. Alcool vendu sur place.

La cabane à Pierre

566, rang 2, Frampton

418 479-5200

Trois autres adresses:



Village québécois d'antan

Les samedis et dimanches, jusqu'au 24 avril, le Village québécois d'antan se transforme en cabane à sucre. Dans la salle à manger, où le repas est servi à volonté, des musiciens interprètent des airs folkloriques. Aussi : tour de carriole, animation en costume d'époque, jeux sur le thème de l'érable, spectacles de contes et légendes. Prix par personne (13 ans et plus) : 23,48 $ plus taxes. Alcool vendu sur place.

1425, rue Montplaisir, Drummondville

Chalet des érables

Cette cabane, ouverte en 1948, est désormais reconnue pour ses nombreuses activités destinées aux enfants : manèges, arcades, fermette, tours de train... Ces activités sont toutefois payantes (entre 2 $ et 4 $ chacune). Le service aux tables est offert en continu de 11 h à 20 h. Capacité : jusqu'à 1500 personnes par repas. Prix par personne (13 ans et plus) : 21,50 $. Sucres jusqu'au 24 avril. Alcool vendu sur place.

384, montée Gagnon, Sainte-Anne-des-Plaines

La famille Constantin

Ouverte depuis 1941, cette cabane à sucre a ajouté au fil des ans plusieurs activités pour les familles, dont des jeux gonflables, un théâtre de marionnettes, un musée de poupées et une miniferme. Certaines sont payantes. Deux salles permettent d'accueillir un total de 650 personnes. Prix (13 ans et plus) : entre 17,50 $ et 21,50 $, taxes incluses. Permis d'alcool. Jusqu'au 1er mai.

1054, boulevard Arthur-Sauvé, Saint-Eustache

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE, LA PRESSE

Un violoneux et un accordéoniste donnent à la Cabane à Pierre l'ambiance festive qui a fait sa réputation.