Chaque jour, dans les bureaux de Tourisme Québec, deux inspecteurs passent en revue les différents sites de location de chambres ou de maisons. Leur objectif: pincer les locateurs illégaux.

Depuis novembre 2012, moment où le Ministère a décidé de sévir contre les fautifs, 1569 dossiers ont été épluchés. Parmi eux, neuf sont sur le bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales. S'ils sont reconnus coupables, ceux qui louent illégalement une chambre ou un appartement sont passibles d'une amende allant de 750 à 2250$ par jour d'infraction.

À son arrivée en poste, le ministre délégué au Tourisme, Pascal Bérubé, a clairement signifié son intention de s'attaquer à ce fléau. À Tourisme Québec, une stratégie interne a été mise en place pour accélérer le traitement des dossiers et trouver plus rapidement les locateurs «illégaux», explique en entrevue Suzanne Asselin, directrice de l'accueil et de l'hébergement touristique au Ministère. «On a resserré la procédure, dit-elle. Avant, on était moins interventionnistes.» Maintenant, il peut s'écouler environ trois mois entre le moment où l'on envoie un premier avis à un locateur fautif et celui où l'inspecteur remet un contrat d'infraction.

Selon Mme Asselin, plusieurs dossiers s'ajouteront bientôt aux neuf déjà déposés devant la justice. Fait à noter, les locateurs qui affirment pouvoir louer une chambre pour les touristes (pour une durée de moins de 31 jours) en toute liberté, puisqu'ils sont chez eux, ont tout faux. «C'est illégal, affirme Suzanne Asselin. On ne fait pas ce qu'on veut lorsqu'il y a une loi.»

Dénonciation

Par ailleurs, en plus du dépistage en ligne, Tourisme Québec invite les gens à la dénonciation. Et pendant la saison estivale, des employés seront embauchés pour aider les inspecteurs en poste à débusquer les locateurs illégaux qui s'affichent en ligne.

Malgré tout, Patryck Thénevard, président de l'Association des gîtes touristiques de Montréal (AGTM), doute de la capacité du Ministère à enrayer le phénomène et remet en question l'efficacité des gens chargés de passer le web au peigne fin. «C'est de la poudre aux yeux politique, affirme-t-il. Le Ministère n'a jamais rien fait. Si vous faites quelque chose, prouvez-le-moi. Vous attendez quoi pour publier le nom des fautifs?» lance-t-il à l'intention de Tourisme Québec.

Un point de vue partagé par Gilles Lafleur, propriétaire de La maison Lafleur, gîte situé dans le Vieux-Québec. Voyant que des voisins menaient leurs activités sans permis, il les a dénoncés auprès du Ministère. Malgré tout, ils continuent de louer des chambres. «Ils sont tous moins chers que nous, admet-il. Pendant le Carnaval de Québec, il y en a parmi eux qui étaient complets. Moi, j'ai à peine réussi à louer une semaine sur trois.»