Trois questions à Serge Gauthier, président de la Société d'histoire de Charlevoix et auteur du livre Contes, légendes et récits de la région de Charlevoix.

D'où viennent les contes et les légendes du Québec?

Avant tout de nos racines françaises. Les contes, qui sont des histoires fictives, se sont propagés dans nos campagnes par le bouche à oreille. Les légendes, quant à elles, sont basées sur des faits réels et leur narrateur raconte de manière romancée un événement auquel il aurait assisté. Elles sont ensuite partagées et, le plus souvent, exagérées par les conteurs suivants.

Le Québec, où la tradition orale a toujours été très présente, est une terre particulièrement fertile en légendes. Elles font partie de notre culture. Transmettre ces histoires traditionnelles permet de préserver notre culture populaire, mise à rude épreuve dans un pays majoritairement anglophone.

Quels sont les thèmes récurrents?

Il y a bien sûr le diable, le plus souvent incarné par un étranger mystérieux qui transgresse les lois religieuses et morales. La religion a une grande importance dans l'explication de faits irrationnels.

Les hommes forts sont aussi de grandes figures héroïques dans le Québec agricole; ils courent plus vite que les chevaux, accomplissent des tâches en des temps records. C'est une grande source d'admiration pour les paysans.

Les légendes amérindiennes ont eu elles aussi une grande influence sur les nôtres.

Enfin, la topographie de lieux particuliers, situés aux abords d'un village ou d'un champ, attise l'imagination des gens. C'est le cas de la montagne de la Noyée, par exemple, tout près du village charlevoisien de Notre-Dame-des-Monts, où trois collines forment, de loin, la silhouette d'une femme étendue à demi submergée.

Quelle est l'importance de ces légendes pour les villages?

Autrefois, les conteurs étaient des gens rassembleurs pour les veillées de village. Aujourd'hui, le tourisme s'empare des éléments culturels et populaires des contes et des légendes pour valoriser l'histoire des régions. L'Isle-aux-Coudres, dans Charlevoix, vit ainsi essentiellement du tourisme lié à la légende de la roche Pleureuse. On vient de partout au Québec pour observer cette drôle de roche, d'où couleraient les larmes d'une femme.

Même si les zombies ont bel et bien remplacé le Bonhomme Sept-Heures ou la Corriveau, les gens aiment toujours autant les légendes que l'on transmet aux plus jeunes, lorsqu'ils ne sont pas devant la télé!