Les adeptes de plein air s'aventurent de plus en plus dans la forêt québécoise. Signe de ce phénomène, des régions misent désormais sur l'écotourisme pour diversifier leur économie et faire le plein de visiteurs. Leur outil pour y parvenir: la création de parcs régionaux, en plein essor.

Parc régional du lac Taureau, des Grandes-Coulées, du Poisson Blanc, Jardin des glaciers: aucun de ces parcs n'existait il y a 10 ans. D'autres, comme celui de la forêt Ouareau, sont des vétérans, mais la plupart, même les plus vieux, sont en voie de transformation et seront bientôt dotés de nouvelles infrastructures. La volonté de les mettre en valeur est manifeste.

La montagne du Diable, forêt récréotouristique située à Ferme-Neuve, dans les Hautes-Laurentides, vit ce genre de transformation. Aménagée par des gens du coin dans les années 90, cette destination plein air attire aujourd'hui plus de 5000 visiteurs par année, surtout pour les sentiers du mont Sir-Wilfrid (783 m), point culminant des Hautes-Laurentides. Son gestionnaire, les Amis de la montagne du Diable, entreprendra sous peu des travaux de plus de 2 millions de dollars. Au programme: construction d'un pavillon d'accueil, ajout de huit refuges, aménagement d'un pavillon d'interprétation sur l'un des quatre sommets, reconstruction d'une tour à feu et nouveaux emplacements de camping rustique. Le tout d'ici 2016.

La fréquentation de la montagne risque donc de s'accroître rapidement. «On lancera aussi une grande offensive publicitaire pour faire connaître notre territoire, dont la notoriété dépend presque exclusivement du bouche à oreille», explique Christian Parent, directeur général des Amis de la montagne du Diable.

Mission économique

Les parcs régionaux se donnent comme mission principale de participer au développement économique. C'est ce qui les distingue des parcs nationaux, dont la vocation première est la conservation de milieux naturels exceptionnels. Quad, motoneige, chasse, exploitation minière et forestière sont en général autorisés dans les parcs régionaux, contrairement aux parcs nationaux. «Chez nous, on favorise la cohabitation des différents usages», explique Jean-François Préfontaine, directeur général du parc régional du Massif du Sud, dans la région de Chaudière-Appalaches.

Combien compte-t-on de parcs régionaux au Québec? Difficile à dire, car la définition même d'un parc régional n'est pas établie. Le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire confère un statut légal de «parc régional» à certains territoires, mais les démarches pour l'obtenir sont complexes et laborieuses. «Puisque cette appellation ne rapporte pas de financement supplémentaire, plusieurs parcs s'en privent, même s'ils ont toutes les caractéristiques d'un parc régional», explique Dany Bouchard, directeur de projets chez DAA Stratégie, firme de services-conseils qui a planifié en 2011 un colloque sur les parcs régionaux.

Chose certaine, la formule de «parc régional» suscite beaucoup d'espoir. Dans les Cantons-de-l'Est (mont Ham et Rivière-au-Saumon), en Outaouais (montagnes Noires de Ripon) et dans les Laurentides (réservoir Kiamika), des projets sont actuellement sur les planches à dessin.

D'autres se concrétiseront sous peu, comme à La Tuque, où le parc des Trois Soeurs (39 km2), campé sur les rives de la rivière Saint-Maurice, entrera l'été prochain dans une étape cruciale. Au total, 9,5 millions y seront investis (notamment pour la construction d'une auberge) d'ici son ouverture en septembre 2013. Sentiers de randonnée, via ferrata, tyroliennes, camping, hébergement dans les arbres et dans une caverne naturelle (!) seront proposés aux visiteurs. De quoi faire saliver les amateurs d'expérience hors des sentiers battus!