Premier quartier ouvrier et commercial du Québec, le faubourg Saint-Roch a longtemps été au coeur de l'activité économique de la ville, d'abord grâce aux chantiers navals qui prospéraient au bord de la rivière Saint-Charles.

Cette activité en entraînant une autre, la rue Saint-Joseph a fini par devenir le véritable centre-ville de Québec. Jusque dans les années 60, on venait de fort loin faire ses emplettes dans les prestigieux magasins qui s'y étaient établis, pour la plupart (chose rare à l'époque) propriétés de Canadiens français : Paquet, Le Syndicat, Laliberté...

Puis vint ce cancer qui, lentement, asphyxia et défigura tous les centres-villes de la province : le «centre d'achats». Alma, Chicoutimi, La Malbaie, Rivière-du-Loup, Rimouski, Sherbrooke y ont goûté et en portent toujours les stigmates. Québec n'y a pas échappé.

Dans l'espoir d'éviter la saignée, on décida, en 1974, de transformer la rue Saint-Joseph en passage couvert afin de concurrencer les centres commerciaux. Ce fut l'arrêt de mort du quartier, déjà moribond. Le Mail Saint-Roch, devenu le refuge des marginaux et des sans-abri, fut bientôt considéré comme une plaie suppurante au coeur de la ville et abandonné aux déshérités jusque dans les années 90.

C'est alors qu'on eut l'idée d'y attirer des entreprises de nouvelles technologies. Les jeunes professionnels branchés qui y travaillent ont à leur tour attiré bars, restos, cafés, boulangeries fines, et même quelques boutiques de luxe.

En 2000, nouveau chapitre : on décide de débarrasser la rue Saint-Joseph de son carcan de béton et de plexiglas, un chantier qui ne sera achevé qu'en 2007. Bien sûr, ce n'est pas du goût de tout le monde. On craint l'embourgeoisement du quartier - donc l'exode de ses habitants actuels.

De fait, les promoteurs voudraient voir des familles s'y établir pour assurer la pérennité de la renaissance amorcée, car les habitants traditionnels du quartier, généralement de condition modeste, ne fréquentent que peu les commerces du «Nouvo Saint-Roch», qui se vident pratiquement après 19h les soirs de semaine.

Quelques bonnes adresses

Manger

Le Clocher penché

Ainsi nommé à cause du clocher de l'église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier, non loin de là, qui en effet penche un brin, ce restaurant propose une cuisine irréprochable dans un cadre tout à fait sympathique. Les fournisseurs ont leur portrait en bonne place sur les murs, ce qui en dit assez sur l'importance que l'on accorde aux produits. Et cela se voit dans l'assiette, de l'entrée au dessert.

> 203, rue Saint-Joseph E. 418-640-0597 www.clocherpenche.ca

Le Cercle

À la fois bar, restaurant et centre de diffusion culturelle, c'est l'archétype du lieu branché. Longue salle dallée noir et blanc, immense cellier vitré, musique techno, menu projeté sur les hauts murs nus... Le midi s'y presse une foule de jeunes professionnels inévitablement affublés de lunettes à épaisse monture noire. Heureusement, en cuisine, on ne frime pas: la table, absolument impeccable, remplit toutes ses promesses. Essayez la fesse de porcelet, bien goûteuse et abondamment garnie de bons légumes, un vrai succès. > 228, rue Saint-Joseph E. 418-948-8648 www.lecercle.ca

Fouiner

Brocante Trouvailles et Trésors

Ça n'ouvre qu'à midi, il n'y a pas le téléphone, mais on trouve dans ce capharnaüm des objets coups-de-coeur pour moins cher que dans n'importe quel bazar de sous-sol d'église. Émotion en prime.

> 275, rue Saint-Joseph E.

Benjo

Juste en face de l'église, un temple d'un autre ordre: celui des jeux et des jouets, traversé par un train électrique. Quinze rayons en deux sections, des tonnes de trucs et de machins de toutes les couleurs pour tous les âges, impossible d'en ressortir les mains vides. On vous aura prévenu. > 550, boulevard Charest E. 418-640-0001 www.benjo.ca

Dormir

Auberge L'Autre jardin

Propriété de l'ONG Carrefour Tiers-Monde, L'Autre jardin est la première entreprise d'économie sociale dans le secteur hôtelier du Québec. Cela signifie qu'ici, solidarité internationale et respect de l'environnement ne sont pas que des formules à la mode. Au petit-déjeuner (varié et abondant), pain, croissants et confitures proviennent de fournisseurs locaux, tandis que le thé, le café, le sucre et le cacao sont issus de l'agriculture biologique et du commerce équitable. Même le coton des serviettes est bio et équitable! Les chambres sont toutes ornées de jolies pièces d'artisanat dans un décor aux couleurs terre de Sienne, vert forêt et ocre. Accueil affable et chaleureux, prix raisonnables, propreté irréprochable, on aime.

> 365, boul. Charest E. 1-877-747-0447 www.autrejardin.com