À l'approche du mois des morts, La Presse se souvient des attractions touristiques du Québec qui ont disparu au fil du temps. Baisse de clientèle, changement de tendance ou mauvaise gestion, les causes des décès sont multiples. Autopsies de quelques-uns d'entre eux.

Métaphoria (2001)

L'ancien cinéma Palace de la rue Sainte-Catherine devait servir au lancement d'un centre de divertissement multimédia nouveau genre qui allait par la suite conquérir le monde. Mais les retards de livraison répétés, la qualité moyenne du spectacle multimédia Océania qu'on y présentait et le prix élevé des billets auront rapidement raison de l'aventure. Le centre Métaphoria, qui comprenait aussi des salles de jeux vidéo, un mur d'escalade et un café, ferme quelques mois après son ouverture, engloutissant au passage 24 millions de dollars en fonds publics.

Le village d'Émilie (1991-1998)

Les Québécois ont tellement aimé Les filles de Caleb que des dizaines de milliers d'entre eux ont visité une reconstitution du village d'Émilie, après la diffusion de la télésérie. Mais l'histoire d'amour entre la «belle brume» d'Ovila et les Québécois perd de son intensité avec les années. Rapidement, les visiteurs se font plus rares. Le village ferme ses portes en 1998, après avoir accueilli, au fil des saisons, plus de 400000 fans. En 2002, tous les biens du site ont été mis en vente à l'encan et le reste des décors a été démoli. Triste fin pour cette attraction touristique située près de Grand-Mère.

Musée des arts et traditions populaires du Québec (1996-1999)

Les musées ont souvent du mal à attirer les foules. Surtout si les expositions sont franchement ennuyantes et statiques. Ce fut le cas dans ce musée trifluvien, qui a ouvert en 1996, mais qui croulait déjà sous les dettes moins de deux ans plus tard. Le déficit est si important qu'en 1999, le gouvernement du Québec met le musée en dormance, afin de lui trouver une nouvelle vocation. L'institution rouvre finalement ses portes en 2003 avec un nouveau concept et un nouveau nom, le Musée québécois de culture populaire, une réincarnation qui connaît beaucoup plus de succès.

Gray Rocks (1906-2009)

Fondé en 1906 au bord du lac Ouimet, près du mont Tremblant, Gray Rock est considéré comme le premier centre de villégiature des Laurentides. À une certaine époque, les Américains y venaient en masse pour dévaler les petites pentes de la montagne et suivre les leçons de l'école de ski, l'une des plus réputées en Amérique du Nord. Mais faute d'investissements, la station et l'auberge tombent peu à peu en désuétude. Sa fermeture, au printemps 2009, n'a donc surpris personne.

Parc Belmont (1923-1983)

Situé dans Cartierville, dans le nord-ouest de Montréal, ce parc d'attractions a marqué plusieurs générations de Montréalais. Tous ceux qui sont âgés de plus de 35 ans y ont vécu, semble-t-il, des moments mémorables dans ses manèges aux noms impayables, comme La pirouette, Le tapis magique et Le traban, sans compter l'incroyable Maison hantée. Cet endroit magique n'a toutefois pas survécu à la concurrence de La Ronde, à la hausse de ses taxes foncières et à un incident qui a blessé deux enfants dans un manège, en 1979, nuisant à la réputation de l'endroit. Des milliers de personnes portent encore le deuil.

Planet Hollywood (1998-2001)

Pour souligner l'ouverture de ce restaurant du centre-ville, plusieurs vedettes hollywoodiennes débarquent à Montréal. Sur l'avenue McGill College, Bruce Willis, Sylvester Stallone, Cindy Crawford et Dennis Rodman (est-ce que quelqu'un se souvient de lui?) défilent sur le tapis rouge, devant une foule en liesse. Mais le lendemain de la fête, tout le monde se rend compte que cette chaîne, dont le décor est composé d'artefacts de cinéma, ne vend que des burgers bien ordinaires, à des prix pas ordinaires. Peu de critiques de restaurants ont déploré sa mort.