À quelques reprises, sans s'en rendre compte, Martin Gagnon parle de «la visite» pour désigner ses clients, ceux qui louent l'un ou l'autre des beaux chalets qu'il a conçus avec Jean-Luc Leblond, au Refuge du Vieux Loup de mer, juste à l'entrée du district de Bic de Rimouski. C'est qu'il règne effectivement une atmosphère «chalet familial» dans ce lieu étonnant, tourné vers le fleuve, où l'on peut même aller chercher ses oeufs frais tous les matins, à quelques dizaines de mètres de la route 132!

Tout a commencé en 1999, quand Martin Gagnon et Jean-Luc Leblond achètent un lot un brin escarpé, boisé, dissimulé derrière un cap de pierre naturel (voilà pourquoi on n'entend pas du tout le trafic de la 132!). Tous deux ont l'idée de rénover de fond en comble le chalet qui se trouve déjà sur les lieux.

Déplacé, démonté, remonté, agrandi, réaménagé de fond en comble puis loué, «Le Pic-bois» a bel et bien l'air d'un chalet des années 70, surtout qu'il est décoré avec un kitsch assumé et joyeux, à la manière d'un «camp de chasse d'époque», avec panache et raquettes accrochés au mur, peaux d'animal sur les fauteuils, meubles anciens, tableaux naïfs... mais aussi tout le confort moderne voulu: il y a un micro-ondes, le WiFi, une télévision, un BBQ au gaz et tout ce qu'il faut pour faire la cuisine.

C'est dans le même esprit qu'ont été conçus les six autres chalets, baptisés Le Canadien, Le Champlain, Le Contrebandier, Le Nordet (le dernier construit, en 2010), etc. Certains sont faits d'anciennes maisons du XIXe siècle faites en pièces sur pièces, que Jean-Luc Leblond récupère quand les anciens propriétaires veulent les jeter à terre. D'ailleurs, au moment de notre passage, Jean-Luc démontait une maison du genre avec son équipe, en vue de construire le prochain chalet!

D'autres «camps» du Refuge sont faits de bois neuf, mais traité pour se fondre au décor, comme c'est le cas pour Le Trappeur. Tous conçus sur deux étages afin d'accueillir deux, trois, quatre ou six personnes, selon le cas, les chalets sont loués avec leur literie, leur bois pour le foyer (car chaque chalet en a un), mais aussi des jeux de société, des revues, des DVD... et des chandelles pour les gâteaux de fête! Est-ce qu'on a mentionné qu'il y avait une buanderie sur place, de belles chaises en osier faites par un artisan du coin, de magnifiques terrasses tournées vers le fleuve de même qu'un coin fines herbes et un poulailler avec de vraies poules et des oeufs frais tous les jours, où l'on peut se servir en tout temps?

Responsable de tout l'aspect gestion de la location et entretien des lieux, Martin Gagnon décrit le Refuge comme «de l'hébergement touristique autonome, mais je ne sais pas si c'est une appellation officielle!» Ce qui est officiel, c'est que le Vieux Loup de mer est classé quatre étoiles, avec raison.

«Au début, on s'est demandé si on devait organiser des activités, des méchouis, etc., poursuit Martin Gagnon. Mais on a vite réalisé que ce que voulaient les gens, c'était être dans leur chalet, "chez eux", comme disent nos clients. C'est le fun, quand t'es "chez vous", de trouver des chandelles pour le gâteau - ou une bonbonne de gaz propane pleine - sans devoir aller en acheter au village.»

«Le fil conducteur du Refuge du Vieux Loup de mer, reprend Martin Gagnon, c'est la notion de récupération: on récupère tout ce qu'on trouve, y compris des bâtiments. Le chalet du Loup-Marin, par exemple, on l'a trouvé dans les petites annonces à Métis!» Et les rames qui servent de tringles à rideaux ou les vieilles planches transformées en tablette, tout participe à cet esprit.

Le plus étonnant est qu'on n'a jamais l'impression d'un lieu surchargé ni étouffant, malgré tous les petits tableaux, pots, sculptures. Jean-Luc Leblond, qui s'occupe aussi de la déco, a pensé mettre tout cela plutôt en hauteur, pour qu'on puisse regarder sans rien accrocher par mégarde. C'est comme ça, en levant les yeux, qu'on repère un nid d'oiseau dans un coin. Ou un tout petit tableau délicat.

«C'est pour ça que c'est petit et que ça va rester petit, le Refuge, explique Martin Gagnon. Pour que les gens s'y sentent chez eux et prennent le temps de respirer. L'été, on peut aller faire de la bicyclette dans le parc du Bic, visiter les musées, les boutiques, faire ceci et cela... Mais si tu veux, tu peux aussi acheter tout ce dont tu as besoin en chemin - c'est comme un pèlerinage, le long de la 132, tu t'arrêtes à une ferme bio, à une boulangerie artisanale, etc. - et tu restes ici, tranquille, devant le fleuve, dans ton chalet...»

Le Refuge du Vieux Loup de mer compte sept chalets: cinq en location de mai à octobre et deux à l'année. Deux nuits minimum (320$ à 625$, selon le nombre de personnes) en saison basse, sept nuits (de samedi à samedi) du 2 juillet au 2 septembre (925$ à 1425$). Lits d'appoint disponibles.

3250, route 132, Le Bic, 418-736-8515 ou 418-750-5915, www.vieuxloupdemer.com