«C'est grand, la mort, c'est plein de vie dedans», chantait Félix Leclerc.

Nul ne pourrait résumer mieux la bouleversante exposition À la vie, à la mort, présentée tout l'été au Musée des religions du monde, à Nicolet.

L'exposition, accueillie dans plusieurs grandes villes d'Europe, est le fruit du travail du photographe allemand Walter Schels et de la journaliste Beate Lakotta. Pendant plus d'un an, ils ont rencontré des gens en fin de vie dans des maisons de soins palliatifs; ils les ont interviewés, photographiés... Les malades savaient que leur fin était proche. Ils savaient aussi qu'après leur dernier souffle, le photographe reviendrait immortaliser l'image de leur corps sans vie.

Les visages de ces 26 hommes et femmes, de 17 mois à 83 ans, sont exposés, avant et après leur décès. Gros plans aux yeux ouverts, puis fermés à jamais. La vie qui côtoie la mort...

L'exposition s'attarde aussi sur les expériences de ces gens, sur leurs angoisses et sur leurs réflexions face à la mort qui vient. Tous se savaient condamnés, mais chacun vivait à sa manière l'approche de la fin. Certains sont partis sereins, d'autres résignés. D'autres encore sont morts en pleine révolte, en se demandant: «Où est Dieu?»

Impossible pour le visiteur de sortir indemne de cette galerie de photos noir et blanc, toutes d'une beauté stupéfiante. Comment rester insensible devant le visage du petit Jannik, 6 ans, avec ses yeux éteints par la maladie qui le rongeait? Comment ne pas être chaviré en apprenant que sa mère, Silke, l'a suivi dans la tombe 25 jours plus tard?

Dure, cette exposition? Oui, par moments. Provocante? Sans doute. Effrayante aussi pour quiconque n'a jamais vu la mort de près. Mais surtout pleine de vie, comme la mort. Félix l'avait bien compris.

Car au-delà des visages cireux, des yeux cernés et des joues creuses, c'est la préciosité de la vie qui nous frappe avec le plus de violence. La plupart de ces hommes et femmes ont espéré un miracle jusqu'à leur ultime soupir. Pour pouvoir continuer. Ou recommencer autrement.

Comme Roswitha, 47 ans. «C'est complètement fou. Maintenant que j'ai un cancer, c'est la première fois que j'ai envie de vivre.»

Devant ces textes puissants, ces clichés format géant qui sont autant d'électrochocs, on ne peut que s'interroger: et si la mort venait demain?

Deuils

Le musée de Nicolet présente en parallèle une autre exposition temporaire sur la mort. Deuils présente les divers rites de passage des cinq grandes religions: le christianisme, l'islam, le judaïsme, le bouddhisme et l'hindouisme. Dans les vitrines: vêtements de deuil, objets sacrés, vidéos...

Ces deux expositions s'inscrivent dans le cadre de la série d'expositions «La mort, des expositions à vivre!» orchestrée par Médiat-muse, regroupement des musées de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Une vingtaine d'institutions des deux régions présentent 27 expositions tournant autour d'un seul et même thème: la mort.

À la vie, à la mort est présentée en première (et en exclusivité) nord-américaine jusqu'au 6 septembre. L'exposition Deuils se termine le 13 mars 2011.

www.museedesreligions.qc.ca

www.mediat-muse.org