Mercredi dernier, 9h45. Employés et visiteurs du Zoo sauvage de Saint-Félicien convergent vers un seul et même point: la zone arctique. Dans 15 minutes, les deux petits oursons blancs vont faire leur toute première apparition.

Aucun employé (ou presque) n'a eu la chance de voir les petits, nés le 30 novembre dans une tanière construite pour l'occasion, loin des regards. La mère, Aisaqvaq, n'a pas posé la patte dans son vaste enclos depuis plus de sept mois. Personne ne sait vraiment comment la petite famille va réagir en réintégrant ses quartiers, sous les flashs des appareils photo...

 

Quand la porte s'ouvre enfin, c'est la mère qui ouvre le chemin, le nez retroussé. Elle hume l'air, à la recherche d'un danger potentiel. Les deux petits suivent, pas loin. La femelle d'abord, puis son frère, plus costaud mais plus balourd. Aisaqvaq fait le tour de son territoire, les oursons à ses trousses. Ils grimpent sur les rochers tant bien que mal, se chamaillent au passage en se mordant les oreilles. Quand l'un traîne, la mère grogne pour le rappeler à l'ordre.

«Elle connaît les dangers de son habitat, explique Marie-Eve Séguin, technicienne en santé animale, assistante vétérinaire et marraine officielle des deux oursons, puisque c'est elle qui les a vus naître. Il ne faudrait pas qu'il leur arrive quelque chose; ça fait 50 ans qu'on les attend, ces oursons-là!»

Espérées les deux boules de poils blanches? Et comment! Ce sont les premiers oursons blancs à naître sur place depuis l'ouverture du Zoo sauvage par Ghislain Gagnon, le 17 juillet 1960. Pour célébrer le 50e anniversaire, on pouvait difficilement trouver mieux comme cadeau. La reproduction des ours blancs en captivité tient presque du miracle tellement elle est peu fréquente.

Photo: François Roy, La Presse

En moyenne chaque année, 175 femelles sont dans des conditions de reproduction dans les zoos de la planète. Entre 1980 et 2006, seulement 25 ont donné naissance à des oursons. De ce nombre, seules neuf mères se sont occupées de leurs bébés. Les autres les ont rejetés, lorsqu'elles ne les ont pas carrément dévorés. C'est d'ailleurs ce qui s'est produit il y a deux ans, avec Aisaqvaq. Son ourson était-il mort-né? Qui sait?

Cette fois, les responsables du zoo n'ont couru aucun risque. La mère a été isolée trois semaines avant de mettre bas. Huit caméras de surveillance ont suivi les faits et gestes de la famille pendant sept mois, 24 heures sur 24... À la naissance, les oursons pesaient tout juste 600 g. Aisaqvaq, elle, pèse 350 kg. Mais elle les a pris auprès d'elle avec délicatesse pour les allaiter. L'instinct maternel s'est manifesté...

Même une fois revenue devant le public, la mère a poursuivi son travail d'éducation auprès de sa marmaille. Après la visite sommaire de son logis, l'ourse a rapidement plongé dans le bassin pour une saucette (sans doute dans l'espoir que le gardien lui lance une collation!) Les petits ont regimbé, effrayés par cette eau inconnue. Elle les a encouragés d'un grognement. Ils y ont mis la patte, presque à reculons. Quinze minutes plus tard, la peur était partie. Ils plongeaient du haut des rochers, avec une grâce, disons, approximative.

Pour les deux prochaines années, la mère et ses oursons (qui n'ont toujours pas de nom officiel) vivront seuls dans l'enclos du Zoo sauvage. La soeur d'Aisaqvaq, Frimas, a été éloignée par mesure de précaution. Ensuite? La petite femelle est promise au zoo de Toronto, qui a prêté au Zoo sauvage le mâle reproducteur. Et son frère? On ne sait pas encore.

D'ici là, il reste bien des heures pour jouer et se tirer les oreilles.



Nouveaux trains


La flotte de trains utilisés pour la visite du parc des Sentiers de la nature sera remplacée d'ici l'an prochain. Dès l'automne, les premiers wagons feront leur apparition.

À la rescousse des chevêches

Le pavillon faunique Ghislain-Gagnon a été transformé. Il accueille maintenant une colonie de chevêches des terriens, une petite chouette des prairies menacée d'extinction. Le Zoo espère favoriser ainsi la reproduction de l'espèce.

Les Montagnais du Lac

Au pavillon d'accueil, une nouvelle exposition sera présentée dès la fin juin. Mise sur pied par la communauté amérindienne de Mashteuiatsh, elle portera sur les Montagnais du Lac-Saint-Jean.

Photo: François Roy, La Presse