Les vignobles du Québec sont en pleine saison de taille. Les bourgeons commencent à poindre, les feuilles montrent le bout dE leur nez. Et les vignobles se préparent à accueillir les visiteurs, certains dès ce week-end. En voici trois, bien différents, qui ont piqué notre curiosité.

DOMAINE DU RIDGE

L'été, quand les arbres sont couverts de feuilles, le chemin Ridge, à Saint-Armand, se transforme en véritable tunnel de verdure. C'est ici que Denis Paradis a installé le deuxième vignoble en importance du Québec... un peu sans le savoir.

 

«C'est un voisin d'origine belge qui m'avait suggéré de planter des vignes sur mon terrain. Des vignes qu'il me vendait, évidemment ! Moi, je n'y connaissais rien», raconte le viticulteur.

Des 2000 vignes, «plantées avec des amis» en 1996, le Domaine du Ridge est aujourd'hui grimpé à 50 000 plants répartis sur 14 hectares. Et Denis Paradis est passé de néophyte à président de l'Association des vignerons de Brome-Missisquoi.

On ne peut imaginer ambassadeur plus enthousiaste de la route des Vins que cet ex-ministre fédéral. «On compte déjà 17 vignobles et d'autres vont s'ajouter. Le microclimat de la Vallée, la proximité du lac Champlain ; tout favorise la culture du vin. Ici, la viticulture est plus écologique, avec cinq fois moins de pesticides qu'en Europe. En plus, la région est magnifique, avec des décors extraordinaires et plusieurs attraits pittoresques aux alentours, Et tout ça à une heure de Montréal !»

Au Domaine du Ridge, le paysage est d'une beauté champêtre magnifique. La maison d'inspiration loyaliste ne gâche rien. Pas surprenant que plusieurs couples choisissent de s'y marier. Des artistes ont aussi choisi d'y exposer leurs sculptures. Avec son terrain de pétanque, dédié au journaliste Michel Vastel (aujourd'hui disparu), on dirait que le temps s'est arrêté dans le coin. L'été, les visiteurs profitent du lieu pour pique-niquer autour des tables bistrot ou sur la pelouse.

Le Domaine offre sept produits différents, dont un vin blanc, le Vent d'Ouest 2008, qui a récolté récemment les honneurs lors des Prix du public et de la Coupe des Nations, à Québec. Autre particularité: le seyval blanc de la Cuvée du Fouloir est foulée avec les pieds dans un grand bassin de bois. «Seulement par des filles, comme le veut la tradition», lance Denis Paradis.

Les dégustations gratuites reprendront au magasin du vignoble à partir de la mi-mai. Des visites guidées sont offertes sur réservation.

205, chemin Ridge, Saint-Armand

www.domaineduridge.com ou 450-248-3987

 

Photo: Stéphane Ouellette, collaboration spéciale

Denis Paradis, propriétaire du Domaine du Ridge.

Photo: Stéphane Ouellette, collaboration spéciale

Le domaine du Ridge

VIGNOBLE LES PERVENCHES

Pionnier de la biodynamie

Véronique Hupin et Michael Marler ne font décidément rien comme les autres.

Ces jeunes vignerons - elle d'origine belge, lui anglo-québécois - ont fait fi des diktats vinicoles et décidé de faire à leurs têtes pour cultiver leurs trois hectares de vigne achetés en 2000 près de Farnham.

L'ancien propriétaire leur suggérait d'arracher les plants de chardonnay, peu rentables dans le climat québécois? Ils les ont traités avec des soins amoureux. Les produits chimiques pour éloigner les champignons? Au rancart. Pour leur petite production (entre 12 000 et 15 000 bouteilles), ils voulaient des vins biologiques. Et biodynamiques, une première au Québec.

Résultat: la récolte 2009 des Pervenches a été la première de la province à recevoir à la fois la certification Ecocert (pour l'agroalimentation biologique) et Demeter, remises aux cultures biodynamiques. Selon ce procédé, qui gagne des adeptes en France, en Australie, en Allemagne, les différentes étapes de la production de la vigne se font selon le rythme du cosmos.

«Avant de faire les vendanges, nous allons jeter un oeil au calendrier lunaire pour trouver la date la plus favorable», explique Michael Marler, diplômé en agriculture à l'université McGill. Pourquoi pareille culture? «Pourquoi pas, puisque c'est faisable et que le vin est bon? J'ai lu quelques ouvrages sur le sujet, ça m'a intéressé. La biodynamie permet de vivifier les sols à leur maximum, dans leur état le plus pur, avec un minimum de fertilisants. Un peu comme si la nature faisait le travail tout seul. On utilise aussi des tisanes ou de la silice de corne pour renforcer les plants.»

De toute évidence, la biodynamie les passionne. Mieux, le résultat les ravie. Le chardonnay a pris de la vigueur (et fait mentir l'ancien proprio), si bien que les Pervenches offrent le seul chardonnay-seyval du terroir québécois. Les millésimes ont plus de stabilité d'une année à l'autre. Certains de leurs vins sont produits sans souffre et sans filtration. «Ça rend le travail vraiment agréable. Si un problème survient, on se fout de ce que ça peut nous coûter en temps pour trouver la solution. Le vin, c'est notre passion.»

Le vignoble les Pervenches offre des visites guidées sur réservation seulement. À compter du 24 juin, la boutique sera ouverte pour les dégustations.

150, chemin Boulais, Farnham

www.lespervenches.com ou 450-293-8311

Photo: Stéphane Ouellette, collaboration spéciale

Décor printanier au vignoble les Pervenches.

Photo: Stéphane Ouellette, collaboration spéciale

Michael Marler, du vignoble les Pervenches.

VIGNOBLE DE LA BAUGE

Du vin et des daims

L'enfance de Simon Naud s'est passée entre les deux passions de son père Alcide: le vin et les animaux exotiques.

Dans la ferme de Brigham, on a élevé des sangliers dès 1976 et les premières vignes ont été plantées en 1987. Bien avant que le Québec entre dans l'ère de l'agroalimentaire.

Depuis 1996, le fils a pris la relève du père, mais le vignoble a conservé ses deux vocations. D'abord le vin, avec une production annuelle de quelque 30 000 bouteilles de rouge, de blanc, de mistelle et de vin fortifié. Ensuite, les animaux. Certains, comme les lamas, les daims ou les oiseaux exotiques, sont élevés pour le simple plaisir des yeux; d'autres, comme les sangliers et les cerfs, sont transformés en terrines, saucisses ou rôtis vendus sur place...

Chose rare sur la route des Vins, les enfants ont de quoi s'occuper pendant que papa et maman dégustent. «Les visiteurs peuvent parcourir le parc animalier à pied ou en carriole, explique le vigneron. Les enfants peuvent nourrir les animaux.»

Plusieurs activités vinicoles sont aussi offertes, dont une dégustation gastronomique de produits locaux, accompagnés de vin. «À l'automne, je propose aussi aux visiteurs de devenir des vignerons d'un jour: ils récoltent le raisin, participent à la foulée et au pressage. Leur cuvée est ensuite vinifiée sur place et ils peuvent venir la récupérer au printemps. Ils peuvent confronter leur vision romantique du métier de vigneron avec la réalité!»

En hiver, les oenophiles peuvent aussi créer leur cuvée personnelle en assemblant divers cépages, lors d'une journée spéciale de dégustation. À compter de samedi et pour les trois premiers week-ends de mai, la Bauge offre de plus une nouvelle activité destinée à ceux qui souhaiteraient planter quelques vignes dans leur jardin. Les viticulteurs en herbe goûtent des vins de chaque variété, apprennent comment cultiver la vigne et repartent avec trois plants du cépage choisi. Prix: 50$ par personne, dîner inclus. Réservations obligatoires.

Et la dégustation dans tout ça? Elle est offerte gratuitement, sept jours sur sept à compter du 1er mai.

155, avenue des Érables, Brigham

www.labauge.com ou 450-266-2149

Photo: Stéphane Ouellette, collaboration spéciale

Simon Naud, du vignoble de la Bauge.

Photo: Stéphane Ouellette, collaboration spéciale

Cuvées personnelles vinifiées par le vignoble de la Bauge.