Les amateurs d'oiseaux sont légion au Québec. Ceux qui disposent des mangeoires à leur intention en hiver se comptent par centaines de milliers, indiquent les statistiques.

Mais quand vient le temps de s'absenter en février ou en mars, au moment du congé scolaire ou de vacances sous le soleil, plusieurs de ces amants de la faune ailée sont hantés par les remords. Les oiseaux vont-ils mourir de faim s'ils cessent brusquement de les nourrir?

 

«Non, répond Andrew Caughlan, d'Études d'oiseaux Canada. Ils iront tout simplement ailleurs. Il y a fort à parier qu'il y a d'autres mangeoires dans votre voisinage où ils pourront s'alimenter. Mais de toute façon, les oiseaux disposent d'une foule de sources alimentaires dans la nature et ils ont vécu des millénaires sans nous. Évidemment, si un voisin peut combler votre poste d'alimentation durant votre absence, tant mieux.»

Études d'oiseaux du Canada gère le projet FeederWatch au pays, un programme hivernal d'observation des oiseaux qui a commencé en 1976 en Ontario, pour ensuite s'étendre sur tout le continent en 1987. Pas moins de 16 000 personnes y participent annuellement dont un peu plus de 200 au Québec, une participation pour laquelle il faut d'ailleurs débourser 35$ (ce qui inclut un abonnement à un magazine de liaison). FeederWatch vise notamment à déterminer les grandes tendances du comportement de l'avifaune en Amérique du Nord. Les données permettent aussi de suivre l'évolution de certaines maladies chez des populations. Le site internet de l'organisation donne aussi une foule de conseils sur la façon de nourrir les oiseaux.

M. Caughlan explique qu'à défaut de fournir des graines à vos préférés durant votre absence, un bloc de suif devrait combler partiellement les besoins énergétiques de certains d'entre eux, comme la mésange à tête noire, le geai bleu, l'étourneau sansonnet (oiseau très prisé par Mozart pour ses talents de musicien) et plusieurs espèces de pics. Et dès votre retour, ils retourneront à votre table une fois servis.

Adieu les remords! N'ayez crainte, non plus, de modifier le comportement d'une espèce parce que vous lui offrez de la nourriture durant la saison froide. Sachez que les tourterelles tristes, les juncos ardoisés, les chardonnerets jaunes et même le geai bleu, tous des oiseaux omniprésents à nos mangeoires, restent des migrateurs et que seule une partie de leur population passe l'hiver avec nous. La présence des mangeoires n'explique pas à elle seule pourquoi certains décident de braver les grandes froidures. Les oiseaux hivernants sont les premiers sur place quand vient le temps de choisir un territoire pour la nidification, un endroit bien pourvu en nourriture et en abris, ce qui permettra d'élever la petite famille dans des conditions optimales, assurant ainsi une descendance forte pour perpétuer l'espèce.

Pour en savoir plus

Études d'oiseaux du Canada

www.bsc-eoc.org