Ragoût de pattes, tourtière, pâté chinois... Quelles sont les origines de ces plats typiquement d'ici? C'est l'une des nombreuses découvertes à faire dans l'exposition À table!, présentée au musée du Château Ramezay.

La nouvelle exposition, fort intéressante, explore le contenu de l'assiette québécoise, de la Nouvelle-France à aujourd'hui. En parlant d'alimentation, le musée est en terrain de connaissances. «Nous abordions déjà le sujet avec notre activité de fabrication de pain brioche et notre potager situé dans le Jardin du gouverneur. Dans cette exposition, nous présentons les travaux de l'historien Yvon Desloges, qui se consacre à l'histoire de l'alimentation», dit Marie-Hélène Vendette, coordonnatrice à l'éducation et aux communications au Musée.

 

De l'assiette des premiers colons à celle d'aujourd'hui, il y a un monde. À leur arrivée en Nouvelle-France, les colons ont essayé de recréer les recettes du Vieux Continent. Pas toujours évident avec un climat à ce point différent. Le pain était le pivot de l'alimentation des colons: avant 1760, il représentait de 60% à 85% du total de la nourriture ingérée. Bonjour la variété. À cela s'ajoutaient les contraintes culinaires de plus de 150 jours maigres ou de jeûne décrétés par l'Église. Les colons pouvaient manger du poisson et du... castor, justement considéré comme tel par Rome.

Une toute première influence se fait sentir à cette époque, celle des autochtones. On peut penser aux trois soeurs - haricots, maïs et courges - et à la polyvalence extrême de la citrouille. Elle se mangeait en potage, en confiture, séchée et confite notamment.

Après la Conquête, certaines habitudes alimentaires des Britanniques sont entrées dans les moeurs. Il y a eu bien sûr le thé, mais surtout la pomme de terre qui, auparavant, était réservée aux animaux!

Près d'un siècle plus tard, nouvelle révolution dans l'alimentation des Québécois à cause du plus grand accès aux produits laitiers, dû au nombre grandissant de bovins, ainsi qu'à l'adoption du porc pour sa viande et non plus seulement pour son lard.

L'influence américaine s'est aussi fait sentir. Le tout premier livre de recettes paru en français au pays, La cuisinière canadienne, propose des mets américains, anglais et français, dont les traditionnels ragoûts de pattes de cochon et autres tourtières.

Ensuite, c'est l'ouverture sur le monde avec l'arrivée au Québec d'immigrés de partout. Dès le début du XXe siècle, des restaurants chinois avaient pignon sur le boulevard Saint-Laurent.

L'exposition analyse aussi 10 plats traditionnels d'ici et raconte leur origine. Parmi eux, la dinde, la tourtière et l'incontournable pâté chinois, un véritable mystère. Vient-il de China, dans le Maine? S'agit-il d'une invention des travailleurs chinois des chemins de fer? Impossible de se prononcer avec certitude sur ce mets, qui a été consacré «plat national» par les lecteurs du Devoir en 2007.

Certains seront peut-être étonnés de voir que la poutine ne fait pas partie de ces 10 mets analysés. «On a choisi des plats plus âgés, qui se trouvaient de façon relativement constante dans le temps dans les garde-manger», note Mme Vendette.

De quoi sera faite l'assiette de demain? Difficile à dire. «Un objectif de l'exposition est de faire comprendre qu'il n'y a pas de continuité. On découvre et redécouvre des choses qui étaient disparues de notre alimentation», rappelle-t-elle.

L'exposition est présentée jusqu'au début de septembre. En janvier, il faudra surveiller le calendrier d'activités en lien avec À table!. Conférences, visites guidées et... dégustations, question de passer de la théorie à la pratique.

Pour infos:

www.chateauramezay.qc.ca

Tél.: 514-861-3708