Whistler, la station hôtesse des Jeux olympiques d'hiver, se voit déserter en 2010 par les skieurs, qui craignent les foules et la frénésie olympique. Les amateurs de ski réservent plutôt leurs vacances dans les autres centres de villégiature de la Colombie-Britannique ou encore, ils jettent leur dévolu sur les stations américaines ou européennes.

Le centre de villégiature Whistler-Blackcomb ne s'en étonne pas. «En 2003, quand Vancouver a remporté la mise pour organiser les Jeux olympiques d'hiver, nous savions que nous devrions combattre le phénomène d'aversion qui touche toutes les villes-hôtesses des Jeux», dit Jeff McDonald, de Tourisme Whistler.

 

Les gens croient qu'avant les Jeux, la ville olympique sera trop fréquentée, trop chère et qu'elle sera un grand chantier de construction. De quoi renoncer à y prendre des vacances. Or, selon M. McDonald, ces préjugés ne s'appliquent guère à son centre de villégiature. De l'hébergement est disponible pendant toute la saison, même pendant les Jeux, la construction des installations est terminée depuis deux ans, tandis que les prix offerts sont meilleurs que jamais.

Contrairement à la croyance populaire, la station Whistler-Blackcomb ne sera pas fermée pendant les Jeux. «Le domaine skiable sera ouvert à 100% avant et après les Jeux, et à 90% pendant les Jeux olympiques (12 au 28 février) et paralympiques (12 au 21 mars)», soutient Chistina Moore, porte-parole du centre de ski.

Ces propos rassurants ne suffisent pas à convaincre les habitués de Whistler. Marc Savoie, président de Sportvac, une agence de voyages qui se spécialise dans les forfaits de ski, constate que beaucoup d'inconditionnels bouderont Whistler cet hiver. «L'erreur de Whistler, c'est d'avoir trop axé son marketing sur les Jeux. Les gens sont persuadés qu'ils vont ambitionner sur leurs prix pendant toute la saison», constate-t-il.

Des problèmes de logistique touchent également Whistler. L'accès à l'autoroute Sea to Sky, qui mène de Vancouver à la station, sera limité pendant la durée des Jeux, tandis que le stationnement dans le village sera restreint avant, pendant et après. Qui plus est, beaucoup de questions demeurent sans réponse, car la version définitive du plan de transport se fait toujours attendre.

Toutefois, les désagréments reliés à l'organisation des Jeux se transforment en avantage pour certains. «Les skieurs qui s'y rendront cette année seront parmi les premiers à profiter de la vague d'investissements qui a touché Whistler en vue des Olympiques. La gondole Peak to Peak, qui relie les sommets de Whistler et de Blackcomb sur 4,4 km, vaut à elle seule le déplacement», affirme Monyse Bélisle, directrice du marketing du Groupe Gendron, la plus importante agence de voyages spécialisée en ski au Québec. Les occasions les plus intéressantes se trouvent en début de saison, dit-elle.

Impact positif en périphérie

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Pendant que Whistler chute, d'autres stations remontent la pente. Les centres de ski Big White et Silver Star, dans la vallée de l'Okanagan, au coeur de la Colombie-Britannique, voient leurs réservations augmenter de plus de 10%. Même son de cloche à Kicking Horse, une station en effervescence située près de Banff, qui enregistre aussi une augmentation du nombre de réservations pour 2010.

«Cependant, la hausse des réservations dont nous bénéficions n'est pas de la même ampleur que la chute de Whistler. Ce qui nous laisse supposer qu'avec la baisse du dollar américain, beaucoup se tournent vers les États-Unis», pense Michael J. Ballingall, vice-président des stations soeurs Big White/Sylver Star.

Le principal concurrent de Whistler aux États-Unis, la station de Vail, au Colorado, entend en profiter en proposant une passe donnant accès à cinq stations du groupe Vail Resorts durant toute la saison au prix de 599$US. «Tout en évitant les foules, les skieurs pourront suivre les Jeux sur les écrans géants installés un peu partout au pied des pentes», dit May Lilley, porte-parole de Vail Resorts.

Malgré les aspects négatifs des Jeux, Tourisme Colombie-Britannique croit qu'à long terme, l'impact en sera indéniablement positif pour la province. «Les 14 centres de villégiature de ski de la Colombie-Britannique vont acquérir ainsi une renommée mondiale, grâce à la couverture médiatique intense des Jeux», dit Janice Greenwood-Fraser, responsable des relations publiques pour Tourism BC.

Les stations de ski de l'Utah ont profité d'une augmentation d'achalandage de 20% dans les années qui ont suivi la présentation des Jeux de Salt Lake City, en 2002. La Colombie-Britannique en profitera-t-elle autant?