En partant de Montréal pour se rendre à la pourvoirie Némiskau, en Haute-Mauricie, on ne se doutait pas qu'il était possible de s'aventurer aussi creux dans les bois. Une fois passé La Tuque, il a fallu rouler sur plus de 75 km de routes de gravier pour s'enfoncer littéralement au coeur de la forêt boréale.

En chemin, une enfilade sans fin d'épinettes noires, de lacs, de rivières et de tourbières a défilé sous nos yeux. Quant aux humains, ils se font rares par ici. On croise parfois des camionnettes qui filent à vive allure vers on ne sait où. Elles transportent, pour la majorité, des travailleurs forestiers, des employés d'Hydro-Québec (deux nouveaux barrages se trouvent à proximité) ou des mordus de pêche. Sinon, c'est le vide. Pas de chalets, pas de bâtiments en chemin. On a l'impression que ce pays sauvage reste encore à dompter. Pour déconnecter de la frénésie urbaine, on ne peut demander mieux.

 

Un orignal nous accueille

Après cinq heures de route, un comité d'accueil inusité nous attendait près de la pourvoirie: un orignal est apparu sur le chemin. Bienvenue à Némiskau!

Après ce face-à-face inattendu, nous avons aperçu, se dressant au beau milieu de nulle part, une auberge et des chalets en bois rond formant un petit hameau, semblable à un camp de bûcherons de jadis mais possédant un confort digne du XXIe siècle. Imaginez, des trottoirs de bois relient les principaux bâtiments, pour éviter aux visiteurs de marcher dans la boue. Le soir, des flambeaux les illuminent afin que personne ne perde le nord.

Némiskau est un mot cri qui veut dire: là où la truite abonde. L'attrait principal des lieux est évidemment ce salmonidé, qui peuple en grand nombre les 11 lacs de la pourvoirie. Le hic, c'est qu'en plein été, il faut travailler fort pour les sortir de l'eau, les truites mouchetées possédant assez de nourriture dans leur habitat naturel pour bouder nos maigres vers. Malgré tout, certains pêcheurs sont arrivés à remplir leur besace à force de travail et d'astuces. Ça n'a pas été mon cas, hélas!

C'est pour cette raison qu'en été, Némiskau fait surtout le bonheur des familles. Papa, maman et la marmaille y viennent pour décrocher de la civilisation dans un décor peu affecté par les humains. Plage sablonneuse, embarcations fournies (chaloupes à moteur, kayaks, canots, pédalos), tour de ponton, aire de jeux avec trampoline et animation font partie des attraits de l'endroit. On y trouve en prime deux bains à remous - un à l'intérieur, l'autre à l'extérieur - qui permettent de se détendre quand la température de l'eau du lac vous effraie.

Ce vaste domaine, autrefois un club privé, comprend 19 chalets en rondins, répartis sur plusieurs lacs, et compte de nombreuses chambres en pavillon. Les vacanciers qui veulent se la couler douce optent pour le plan américain, où tous les repas sont compris à la salle à manger de l'auberge. Ceux-là ne seront pas déçus. Le chef Alain Juneau travaille d'arrache-pied pour titiller nos papilles gustatives. Foie gras, assiette terre et mer, gravlax de saumon et desserts succulents... On en oublie vite les quelques piqûres de maringouins!

Chose étonnante, on peut s'aventurer dans ce pays sauvage au volant d'une petite voiture compacte. Même si les routes en gravier de la Haute-Mauricie ne figurent pas sur la plupart des cartes du Québec, leur entretien ne fait pas défaut. J'oserais même avancer qu'il y a moins de nids-de-poule ici qu'à Montréal!

Petit conseil: avant de quitter la route 155 à La Tuque, n'oubliez pas de faire le plein. Les stations-service ne pullulent pas en forêt!

www.nemiskau.com Les frais d'hébergement ont été payés par la pourvoirie Némiskau.