À quel endroit au Québec peut-on, dans la même journée, se détendre dans un bain nordique, observer un ours noir, pagayer en rabaska avec un trappeur et retrouver le confort d'un hôtel quatre étoiles en soirée? La réponse: à l'Hôtel Sacacomie, somptueux établissement en bois rond de Saint-Alexis-des-Monts, en Mauricie.

Ouvert en 1998, cet hôtel très fréquenté par les Européens vient de procéder à l'ouverture d'un centre de santé tout neuf, le GÉOS Spa, construit selon les règles du développement durable. Érigé à flanc de montagne, le GÉOS Spa utilise l'énergie de la terre pour chauffer et climatiser ses installations, grâce au forage à même le roc de 24 puits géothermiques d'une profondeur de 150 mètres. Cet investissement de 6,8 millions vise à obtenir la certification LEED argent, l'une des normes les plus strictes en matière de bâtiment durable.

«Sa construction en harmonie avec la nature contribue au bien-être des clients, qui apprécient le fait que leur impact sur l'environnement soit amoindri», affirme Réal Migneault, responsable de la planification de ce spa du XXIe siècle. Bois de construction récolté d'une forêt gérée de manière écologique, béton fait de matières recyclées, récupération des eaux grises, tout a été pensé afin de réduire l'empreinte écologique du bâtiment, sans sacrifier le confort.

À l'extérieur, les clients peuvent profiter des bienfaits de la thermothérapie 12 mois par année, dans un décor de carte postale. Sauna panoramique, doté d'une large fenestration permettant de contempler le majestueux lac en contrebas, sauna avec jeux de lumière inspirés des couleurs des aurores boréales, immenses bains à remous, aire de repos près d'un feu, salle de massage extérieur sous une gloriette, et bien plus. À l'intérieur règne une ambiance zen. Un mobilier aux lignes modernes se marie avec la rusticité des murs et des plafonds en pin.

Bonne nouvelle pour les touristes de passage, ce spa est la première activité de l'Hôtel Sacacomie ouverte aux gens de l'extérieur, qui devront débourser 50 $ pour avoir accès aux bains. Outre le bain nordique, il y a 10 salles de massage, offrant des traitements diversifiés, allant du massage suédois à l'enveloppement au chocolat.

Observation de la faune

Mais avant de décompresser dans le spa, quoi de mieux que s'offrir une activité forte en adrénaline: l'observation, en milieu sauvage, du plus puissant mammifère de nos forêts, l'ours noir. Un incontournable ici. À l'heure du départ, une trentaine de personnes montent à bord d'anciens véhicules de l'armée canadienne pour se rendre au site d'observation, où l'on nourrit quotidiennement les ursidés d'un mélange de maïs et de mélasse.

Il faut faire 6 km sur une route cahoteuse pour accéder à la cache. Sur place, le silence est d'or. Sinon, les ours déguerpissent à la vue des touristes. Par chance, deux grosses bêtes, pesant de 150 à 170 kg, estime notre guide Marion, qui s'y connaît en la matière, font ripaille à notre arrivée. À travers les fenêtres de notre abri rudimentaire, on se délecte du spectacle. Les ours sont si coopératifs qu'au bout d'une demi-heure, on quitte les lieux avant eux.

Deuxième étape: l'étang des castors. Marion nous réserve une surprise. Au fil des années, il a développé une telle complicité avec les animaux de cette colonie qu'il peut les approcher de très près. À chaque visite, il les nourrit de branches de peuplier faux-tremble, leur nourriture de prédilection. Sans se faire prier, Charlie et Charlotte se présentent à tour de rôle pour ramasser leur pitance. Les appareils photo crépitent à nouveau. Taux de réussite lors de notre excursion: 100 %.

Impossible de résister à la tentation d'une balade sur les eaux limpides du lac Sacacomie. On peut partir seul en canot, en pédalo ou en kayak, mais aussi vivre l'expérience d'une randonnée en rabaska (immense canot pouvant transporter une douzaine de passagers), avec Gaspard le coureur des bois et son ami Steve, un authentique Amérindien.

C'est en chantant «C'est l'aviron qui nous mène qui nous mène...» qu'on arrive à une pointe du lac. On fait une halte autour d'un feu de camp, le temps que Gaspard nous raconte ses histoires de bûcheron et pour goûter à la banique, ce pain amérindien cuit sur le feu. Pendant ce temps, Steve sort son tambour traditionnel et entame le chant de l'Ancien. Au même moment, le Grand Esprit se manifeste, chassant les gros nuages gris du ciel pour faire place à un soleil radieux. Coïncidence ou effet magique du chant amérindien? Allez savoir... À Sacacomie, tout est possible.