Il est rouillé, ne sent pas très bon et grince d'un peu partout. N'empêche, je ne me sens jamais aussi bien que lorsque je pose le pied sur le traversier qui relie Baie-Sainte-Catherine à Tadoussac.

Les résidants ont beau pester contre cette route flottante qui n'en est pas une et qui leur fait perdre un temps fou chaque fois qu'ils veulent passer d'une berge du fjord du Saguenay à l'autre. Pour moi, par contre, le traversier marque une coupure bien nette avec tout ce que j'ai laissé derrière: le travail, la maison, les petites préoccupations du quotidien.

 

Après cinq heures de route, je sors de ma voiture un peu sonnée pour me faire saisir par le vent du large. L'odeur de la mer me prend au nez et l'air frais me rappelle que j'entre dans la bien nommée Côte-Nord. Au nord, le paysage des falaises qui plongent dans le Saguenay est grandiose (malgré les fils électriques qui raient le ciel). La traversée dure 10 minutes à peine, mais c'est suffisant pour réaliser que oui, les vacances sont bien commencées.

Depuis cinq ans, pas un été ne passe sans que je fasse mon pèlerinage à Tadoussac, aux Bergeronnes et aux Éboulements. Mon été commence officiellement ici, souvent avec le Festival de la chanson de Tadoussac. À la mi-juin, le fond de l'air est frais sur les rives du Saint-Laurent, mais il fait bon venir se tremper les oreilles dans le plus sympathique des petits festivals. Ici, les grands noms de la chanson québécoise montent sur des scènes temporaires aménagées tantôt dans le sous-sol de l'église, tantôt sous un chapiteau à l'abri du vent. La relève, elle, prend d'assaut les cafés, les restos, la marina. Pendant cinq jours, la musique se mélange aux bruits des vagues.

J'ai vu ici des spectacles magiques, comme celui de Richard Desjardins, dans le sous-sol de l'église. Allez savoir pourquoi, mais Nataq dans un pareil décor, ça donne encore davantage la chair de poule... Cet été encore, je ne pense pas que je pourrai passer à côté de Beast au Café du fjord et de Yann Perreau sous l'église.

Ce sera, comme chaque fois, l'occasion de sortir ma tente et mon sac de couchage des boules à mites. Bon an, mal an, je plante ma tente directement au bord de l'eau au camping du Paradis marin, aux Bergeronnes. Les pieds dans la tente, on voit les baleines bleues, les rorquals, les bélugas qui passent tout près. Le kayak de mer ne doit jamais être très loin... En haute saison, l'endroit est bondé, mais en juin, c'est plutôt tranquille.

S'endormir au son du souffle des baleines, c'est mieux que n'importe quel disque nouvel âge de relaxation.

Le Festival de la chanson de Tadoussac a eu lieu du 11 au 14 juin.