Toute la petite bande s'est réunie sur la berge en attendant que le soleil se couche derrière les collines boisées, de l'autre coté du lac du Poisson blanc.

Par le plus grand des hasards, il y a là plusieurs Français établis au Québec depuis quelques mois, ou depuis quelques années. Alors que certains font des ricochets dans l'eau, la conversation va bon train sur leur nouvelle vie au Québec.L'un d'eux vient de voir son premier castor, qui barbotait dans la petite baie derrière notre site de camping. Un autre indique qu'il n'a jamais vu de huard, sinon sur la pièce d'un dollar, et surtout, qu'il ne l'a jamais entendu.

Nous essayons tant bien que mal d'imiter les fameux cris du huard, son étrange hululement ou encore son grand rire sardonique, mais nous n'obtenons de notre camarade français qu'un regard un peu interloqué.

Nous campons cependant à un endroit idéal pour écouter le récital du huard. Il s'agit d'un tout nouveau parc, le Parc régional du Poisson blanc, à la frontière de l'Outaouais et des Laurentides, à une centaine de kilomètres au nord de Gatineau. Comme son nom l'indique, c'est une initiative de la région, mise de l'avant par la municipalité de Notre-Dame-du-Laus en collaboration avec, notamment, la MRC Antoine-Labelle et la Base de plein air des Outaouais. Le but est de préserver et de mettre en valeur le lac du Poisson blanc, un vaste réservoir de 85 kilomètres carrés qui s'étire entre de petites collines pour la plupart inhabitées.

C'est un très bel endroit pour une petite virée de canot ou de kayak-camping. On y trouve plus de 80 îles entre lesquelles il fait bon pagayer.

Certaines sont minuscules: quelques rochers, un ou deux arbres, qui ne dépareraient pas un tableau du Groupe des Sept. On peut camper sur les plus grosses, sur de beaux sites, juste assez sauvages pour se sentir loin de tout, mais juste assez aménagés pour y être confortables: un tronc qui sert de banc, quelques cailloux pour circonscrire le feu de camp, et même, sur certains sites, de belles toilettes sèches toutes neuves. Le luxe!

Les berges sont belles. On peut longer de hautes parois rocheuses où poussent par miracle quelques arbres tourmentés. Quelques plages sont des plus invitantes.

Les bateaux à moteur sont permis, mais il s'agit souvent de pêcheurs qui vont s'installer dans un coin reculé pour y pêcher tranquillement. Il y a bien un hurluberlu qui vient troubler la quiétude du soir en passant à toute vitesse avec de la musique à tue-tête, mais heureusement, il disparaît rapidement.

Nous nous couchons sans avoir entendu le huard. Seul un oiseau solitaire se fait entendre avec un chant qui rappelle étrangement le grincement d'une vieille corde à linge.

Mais au petit jour, enfouis dans nos sacs de couchage, nous entendons une sorte de grand rire dément. Le huard! Au petit-déjeuner, notre camarade français est à la fois ravi d'avoir enfin entendu le fameux volatile et totalement frigorifié après une nuit particulièrement frisquette.

Nous apercevons finalement notre huard un peu plus tard alors que nous revenons en kayak à notre point de départ, à l'extrême sud du lac. L'oiseau joue à cache-cache en disparaissant sous la surface de l'eau et en réapparaissant un peu plus loin. Peut-être se livre-t-il à la pêche au poisson blanc.

www.parcdupoissonblanc.com