À ce jour, il est tombé plus de neige à Sutton qu'à pareille date l'an dernier. Ce qui n'est pas rien, car l'hiver 2007-2008 avait été, comme chacun sait, une année exceptionnelle en matière de précipitations. Avec un tel manteau neigeux, on pourrait croire que les skieurs envahissent les pentes. Or, ce n'est pas tout à fait le cas.

Selon Nadya Baron, directrice du marketing de cette station des Cantons-de-l'Est, les adeptes de la glisse manquent à l'appel. La raison: la récente pluie du vendredi 27 février a refroidi les ardeurs. «Le week-end dernier, il y avait peu de monde, et pourtant, les conditions étaient très intéressantes, car la pluie s'était vite transformée en neige ici», affirme-t-elle.

C'est un classique. Dès qu'il y a un redoux en ville, les Montréalais pensent que les conditions de ski se détériorent. Or, ce n'est pas nécessairement le cas. «Souvent, quand il pleut à Montréal, il neige à Sutton», dit Mme Baron, qui recommande aux urbains de ne pas se fier aux conditions météo qui règnent sur leur balcon pour planifier leurs sorties de ski.

Et elle a raison. J'en ai eu la preuve cette semaine. Lundi dernier, pendant qu'un froid intense s'abattait sur Montréal sans laisser une trace de neige, à Sutton, c'était la tempête: 15 cm de nouvelle neige couvraient la montagne, pour le plus grand bonheur des familles profitant de la semaine de relâche scolaire.

Chose surprenante: même les conditions météo dans le village de Sutton ne reflètent pas ce qui se passe à la montagne, quelques kilomètres plus loin. Il existe une différence de température de quatre degrés entre le village de Sutton et la base de la montagne et, entre la base et le sommet, il faut retrancher un autre quatre degrés supplémentaires.

Côté précipitation, si la tendance se maintient, la station pourrait battre l'accumulation de neige de la saison 2007-2008. En date du 3 mars, il est tombé 466 cm de neige à la base du mont Sutton, alors que l'an dernier, on avait enregistré, à la fin avril, un total de 556 cm (la station avait fermé le 26 avril). Il reste donc plus d'un mois pour recevoir un mètre de neige supplémentaire. Tout est possible, car mars s'avère souvent très généreux en poudre blanche.

Pour avoir l'heure juste sur les conditions de ski, on peut consulter le site internet de la station. Il est désormais accessible en version simplifiée à partir d'appareils mobiles, tel le téléphone cellulaire. Y figurent les conditions de glisse, les promotions en cours et les événements à venir.

Des guides ambassadeurs

Ce qui fait la renommée de Sutton depuis son ouverture, en 1960, est sans contredit la qualité et la quantité de ses sous-bois. Parmi les 54 pistes de la station, 40 % sont parsemées d'arbres, ce qui procure la sensation de faire du ski sauvage. Cependant, cette caractéristique a son revers : les skieurs débutants craignent les rencontres avec un végétal.

«Pour changer la fausse perception que notre station est réservée aux skieurs aguerris, on offre désormais un service gratuit d'ambassadeurs. Ceux-ci guident les skieurs dans les sections de leur niveau, évitant ainsi qu'ils se ramassent, par mégarde, dans un secteur trop difficile», dit Nadya Baron. Deux départs ont lieu chaque jour: 9 h 30 ou 13 h.

Si le service d'ambassadeurs a été pensé spécialement pour les skieurs moins expérimentés, les guides travaillent aussi à faire découvrir les secrets de la station aux experts. Au programme: les endroits où se cachent la poudreuse et les trucs pour éviter les files d'attente.

Cependant, même sans guide, les skieurs peuvent facilement s'orienter en montagne, car Sutton se trouve naturellement divisé en deux sections. Le secteur est s'avère le paradis des experts avec ses pistes à double diamant (difficulté extrême) et ses sous-bois, tandis que le secteur ouest réunit la plupart des pistes intermédiaires et débutantes. C'est ici que se regroupent les familles.

Au pied de la montagne, Sutton possède très peu d'attractions, mis à part le bar Le Tucker, où l'on offre, pour la première fois cette année, des repas pour accompagner la bière. Au chalet principal, la cafétéria offre maintenant des repas gastronomiques préparés par le chef Patrice Lobet, qui avait autrefois son restaurant dans le coeur du village de Sutton. Si vous en avez marre d'engloutir des repas hot dog-poutine, c'est l'endroit pour vous sustenter.