Parcourir l'île de Félix Leclerc en raquettes, une idée farfelue? Non. Il s'agit plutôt d'un secret bien gardé. Emmitouflée, je marche paisiblement avec des raquettes aux pieds. À travers la fine neige qui tombe, j'aperçois sur ma route des vignes, des pommiers, des pruniers et des poiriers endormis par le froid. Il y a également des traces de chevreuil, ici et là. Je croise Maya, une chienne au regard vif, qui chasse les petits animaux tentés de manger les fruits gelés, encore suspendus aux arbres. Le calme des lieux me donne l'impression d'être en plein coeur de la forêt et pourtant je suis... à l'île d'Orléans.

Cette idée d'explorer l'île en chaussant des raquettes a germé dans la tête de Conrad Brillant, propriétaire du Domaine de la source à Marguerite, à Sainte-Famille. Arrivé là-bas en 2001 avec son épouse, il cherchait, comme plusieurs résidants du coin, une façon d'attirer les touristes pendant la saison froide. «Ici, il y a plusieurs choses à faire pendant l'hiver», insiste-t-il.

 

L'an dernier, il a aménagé un sentier sur son terrain de 62 hectares à l'intention des amateurs de plein air. Il a même construit un petit pont en bois au-dessus du ruisseau qui traverse sa terre. Les visiteurs qui le désirent peuvent amorcer leur promenade près du fleuve et se rendre jusqu'au milieu de l'île, sur une distance totale de huit kilomètres. L'accès à ces sentiers est gratuit. Il faut toutefois apporter son équipement, car le Domaine n'offre pas de service de location.

«Nous sommes des amateurs de raquette et de ski de fond, mentionne Diane Dion, épouse de M. Brillant. On traçait déjà des pistes pour nous. Puis, on a décidé de permettre aux autres d'en profiter.»

Par ailleurs, Conrad Brillant et Diane Dion ont l'intention de continuer à améliorer leurs sentiers. À noter que d'autres sites de l'Île permettent aussi de pratiquer la raquette. «On travaille présentement avec d'autres propriétaires de terrain pour essayer de tracer un circuit, lance fièrement M. Brillant. On va installer des panneaux indicateurs et on va identifier les différents types d'arbres.»

Ski de fond, motoneige et traîneau à chiens

On peut parcourir l'île en empruntant les nombreux sentiers de ski de fond et de motoneige. Le point de départ des circuits de ski, l'un de 8 km et l'autre de 15 km, est le village de Saint-Laurent, à côté de l'église.

Les amateurs de motoneige disposent pour leur part de 85 km de sentiers. Deux routes secondaires sont fermées tout l'hiver, la route des Prêtres et la route du Mitan, et les motoneigistes peuvent y circuler. «Le sentier fait le tour de l'île, explique Rémi Asselin, président du club de motoneigistes Les Sorciers de l'Île. Et à partir de la mi-janvier, un pont de glace permet d'accéder à la rive nord pour se rendre à L'Ange-Gardien.»

Les balades en traîneaux à chiens comptent parmi les activités hivernales de l'île. L'entreprise Expédition Mi-Loup propose cette activité jusqu'à la mi-avril. Le propriétaire, Antoine Simard, offre aussi la possibilité de s'adonner au para-ski. Après avoir chaussé des skis ou une planche à neige, il suffit de se laisser entraîner par le vent grâce à une sorte de cerf-volant et de laisser glisser les skis sur la neige. Les champs blancs demeurent les meilleurs endroits pour s'adonner à cette activité. Expéditions Mi-Loup offre un cours à ceux qui souhaitent tenter l'expérience.

Enfin, ceux qui débarquent dans l'île avec leurs patins ne seront pas déçus. Chacun des cinq villages - Saint-Laurent, Saint-Pierre, Saint-Jean, Sainte-Famille et Sainte-Pétronille- possède une patinoire extérieure, habituellement située à côté de l'église.

La magie hivernale de l'île

« Contrairement à ce que l'on voit en ville, la neige est blanche à l'île d'Orléans!» soulignent avec fierté les résidants.

Dès le début de la saison froide, il y a quelque chose de magique dans l'île. Les maisons centenaires illuminées autour de l'église, les gens qui marchent paisiblement sur le bord de la route et les petites écoles enneigées, voilà le portrait hivernal de l'île. L'industrie touristique mise sur ce cachet des hivers d'autrefois et sur la multiplication des activités pour attirer les visiteurs. Rien ne vaut une promenade en traîneau à chiens accompagnée d'une fine neige pour se replonger dans les traditions de nos aïeux.

Une trentaine d'auberges et sept restaurants sont ouverts durant toute l'année, de même qu'une dizaine de cidreries et vignobles. «Nous avons de belles possibilités d'hébergement et on a une bonne qualité de produits. Simplement marcher sur le bord de la grève à marée basse pendant l'hiver, c'est magnifique», dit Daniel Dubé, trésorier de l'association Courtepointe et café.

Renseignements www.iledorleans.com Tél.: 1-866-941-9411

Découvrir l'île en dégustant du vin...

Vin, cidre, cassis. Après plusieurs heures passées à l'extérieur, les aventuriers de l'hiver peuvent se réchauffer en sirotant les différents produits offerts par les cidreries et vignobles du coin.

Une dizaine d'établissements ouvrent leurs portes aux visiteurs 365 jours par année. Il est alors possible d'y déguster des produits et de comprendre le processus de fabrication de ces boissons.

«Au dîner des chefs d'État, lors du Sommet de la francophonie qui avait lieu cet été à Québec, on a servi notre cidre de glace», dit fièrement Conrad Brillant, propriétaire de la cidrerie du Domaine de la source à Marguerite, en me montrant le menu du repas des dignitaires.

À partir des pommes gelées qu'il cueille dans son verger, M. Brillant produit environ 3500 bouteilles de cidre chaque année. Il fabrique également de la mistelle de poires et de pommes. Pour la préparer, l'homme fait macérer dans l'alcool le jus des fruits qu'il a pressés et ce, pendant deux ou trois ans.

Autre spécialité de la région: le vin de glace. En décembre, plusieurs vignobles procèdent à leurs vendanges d'hiver. Lors de mon passage au vignoble de l'Isle de Bacchus, à Saint-Pierre, l'étape des vendanges était déjà terminée. Le jus du raisin était alors dans des cuves, situées à l'extérieur. «Voici le liquide précieux, dit fièrement le propriétaire Donald Bouchard, en ouvrant le couvercle de la cuve. Voyez comme ça sent bon», poursuit-il en humant le liquide qui deviendra Le Jardin de Givre, l'une des spécialités de la maison.

Dans le même village, en se rendant chez Cassis Monna et filles, on peut goûter à des vins apéritifs et à la fameuse crème de cassis de l'île d'Orléans.