Un mélange de boue, de racines et de roches, voilà ce qui m'attendait sur les 9 km du sentier du Centenaire, l'un des principaux sentiers de randonnée au parc national du Mont-Tremblant. Avec l'été qu'on a connu, je m'étais préparé mentalement à patauger dans la boue et, à vrai dire, j'ai été amplement servi. Mais ne croyez pas que je m'en plains, au contraire, pour moi, une expérience nature ne va pas sans quelques désagréments d'origine... naturelle. C'est justement ça le plaisir de jouer dehors.

Créé en 1995 pour souligner le 100e anniversaire du parc national du Mont-Tremblant, le sentier du Centenaire part du pont de LaDiable, situé à 500 mètres du poste d'accueil du même nom, et se termine, 9 km plus loin, au camping de La Sablonnière. Puisqu'il ne s'agit pas d'une boucle, mais d'un sentier linéaire, il faut marcher sur la route pendant 3,2 km pour retourner à son point de départ. L'idéal est donc d'y aller à deux voitures.D'un dénivelé de 400 mètres, ce sentier, qui arpente sur son parcours la crête de La Vache Noire, se fait dans les deux sens, mais la portion la plus intéressante se trouve près du pont de La Diable. Si vous préférez finir en beauté, commencez par La Sablonnière; si vous préférez commencer par le meilleur, faites le contraire. Les experts recommandent la deuxième option, ce que j'ai fait.

Même si le mont de La Vache Noire semble d'une altitude assez modeste, j'ai été surpris par la difficulté de l'ascension. Mais le jeu en vaut la chandelle. Cette randonnée s'effectue dans une forêt de feuillus très ouverte, ce qui permet de voir plus loin que le bout de son nez. Lors de mon passage, les ruisseaux étaient en crue. Le bruit des cascades d'eau résonnait dans la forêt tandis qu'au sol, des milliers de champignons émergeaient de terre dans toute leur splendeur, profitant de l'humidité pour se multiplier comme jamais.

Succession de points de vue

Pour accéder au premier point de vue, il faut environ une heure de trekking. De là, on admire, en contrebas, les méandres de la rivière La Diable et au loin, le regard embrasse les «vieilles montagnes râpées du Nord» (comme le disait le poète Gaston Miron en parlant des Laurentides), dont le massif du mont Tremblant. Par la suite, c'est la totale. Les points de vue se succèdent si régulièrement qu'on en saute quelques-uns sans remords.

Le parcours nous permet de franchir quelques phénomènes géologiques impressionnants, comme ce long corridor étroit constitué de parois rocheuses recouvertes de mousse verte. À quelques reprises, il faut s'aider d'une corde pour grimper des escaliers de roches, ce qui change de la routine et ajoute un défi.

Cependant, au bout de trois heures de randonnée, le sentier perd de son intérêt, car les points de vue se raréfient. C'est donc dire qu'après quatre heures de marche, ce fut avec délectation que j'ai vu la fin et que je me suis jeté dans les eaux de la rivière La Diable, au camping La Sablonnière. Quel soulagement pour les muscles endoloris!

Même s'il demeure encore très agréable, le sentier du Centenaire subira dans les années à venir une cure de jouvence. Au fil des années, la végétation a refermé quelques percées visuelles, rendant le sentier moins attrayant qu'à l'origine. C'est donc l'occasion de s'y promener une dernière fois avant qu'il change de visage afin de pouvoir dire «J'ai connu la première mouture!»