On a tous rêvé un jour d'y jouer les Robinson Crusoé: les atolls bordés de cocotiers et les cabanes sur pilotis au milieu de lagons turquoise peuplés de poissons multicolores. Non, les cartes postales n'ont pas menti; la Polynésie française a des allures de jardin d'Éden. Mais ce voyage tant rêvé peut s'accompagner d'un réveil brutal: les coûts sont souvent exorbitants. Voici ce qu'il faut savoir avant de s'envoler vers la Polynésie Française.

Combien ça coûte?

D'emblée, la question qui tue. Celle qui freine les élans polynésiens de nombre de voyageurs. La réponse? Elle peut varier de plusieurs milliers de dollars selon le type de voyage souhaité.

Selon Jeffrey Crochet, responsable des communications pour Tourisme Tahiti en Amérique du Nord, il faut compter 12 000$ par personne pour un séjour de 2 semaines en Polynésie française, avec hébergement dans un hôtel 4 ou 5 étoiles (en occupation double), repas, activités et transport inclus.

Erik Poupion, un Français aujourd'hui établi au Québec qui a vécu huit ans à Bora Bora, estime qu'il est possible de dépenser deux fois moins. À condition de faire un peu de recherches et de planification. Début d'explications pour ces prix hors normes.

Hébergement

Les grands complexes hôteliers exigent en règle générale des prix très élevés, en particulier pour les bungalows sur pilotis. Normal, c'est ce dont rêvent un grand nombre de voyageurs, charmés par les brochures touristiques où l'on vend le prestige, le luxe, l'intimité ultime. Or, ces unités sont offertes à prix d'or, parfois plus de 1000$ la nuitée, sans repas et avec - souvent - l'obligation d'y rester pour un minimum de deux ou trois nuits.

Une nuitée sur pilotis reste une expérience exceptionnelle. Nous l'avons vécue au Pearl Beach Resort de Bora Bora: le bruit des vagues qui rivalise avec celui du vent dans le toit de pandanus, les poissons qu'on voit passer sous la table de verre, l'accès privé à l'eau, la vue imprenable sur le mont Otemanu. Magique, oui.

Les hôtels 4 et 5 étoiles offrent par contre des options moins coûteuses : bungalows sur la plage ou dans le jardin (souvent avec piscine privée). Il faut calculer grosso modo de 400 à 2000$ la nuitée pour 2 personnes, repas et activités non inclus, pour loger dans ces établissements. Il faut dire que plusieurs sont installés sur des motus privés où tout, ou presque, doit être expédié par avion d'abord, puis par bateau.

La solution économique à ces hôtels de luxe reste les pensions de famille, où il est possible de séjourner pour 100 $ (voire moins) par personne pour une nuitée, petit déjeuner et souper inclus. «L'expérience culturelle y est parfois plus riche, puisque les hôtes cuisinent souvent pour les clients», explique Jeffrey Crochet. Il estime que la Polynésie française compte environ 250 pensions familiales. La formule peut aller d'une simple chambre dans la maison des propriétaires à un bungalow indépendant sur la propriété familiale.

www.tahiti-pensions.com

Repas

Impossible d'y échapper. Manger coûte cher en Polynésie française. Dans les hôtels de luxe, les prix des repas sont à l'avenant de celui exigé pour les chambres: 35$ par personne pour un déjeuner en formule buffet, 24$ pour un burger au bar de l'hôtel. Si les hôtels de luxe offrent des forfaits incluant les repas, aucun ou presque ne propose de formule tout-inclus comme on peut voir dans les Antilles. L'alcool est toujours en supplément. Et le prix du verre de vin est rarement en deçà de 12$.

L'épicerie? Ce sera toujours plus économique, mais les prix ont tout de même de quoi grever un budget. Le tiers des produits vendus ici est importé de France, et les coûts de transport gonflent inévitablement la facture. Lors de notre séjour, le beurre était vendu (en solde!) 7$ pour 250g au supermarché Carrefour Punaauia, à Tahiti. Et on demandait 30$ pour une bouteille de 750 ml de côtes-du-rhône Parallèle 45 (vendue 16,70$ à la SAQ).

Activités

Les hôtels de luxe étant situés sur des motus isolés, il est difficile de sortir des complexes pour explorer la région. Il faut presque obligatoirement opter pour une activité organisée, toujours assez dispendieuse. Impossible de magasiner: il n'y a souvent qu'une seule compagnie qui offre le service. Le menu - donc le prix - est fixé. Des exemples? Virée en 4X4: 85$. Demi-journée de plongée sous-marine: 175$. Quatre heures de bateau, avec apnée et nage avec les requins: 250$. Les mêmes activités sont souvent offertes aux clients qui logent en pension.

Déplacements intérieurs

Outre entre Tahiti et Moorea, le transport d'île en île se fait en général par avion, ce qui fait grimper les coûts. La compagnie aérienne Air Tahiti dessert 47 îles du territoire. L'entreprise offre toutefois différents forfaits (appelés Pass Air) qui permettent de visiter plusieurs îles pendant un seul voyage, et ce, à un tarif moins gourmand. Autre possibilité, moins coûteuse: voyager sur les cargos (dotés d'une section pour les passagers) qui vont d'île en île.

www.airtahiti.fr

Comment y aller?

Air Tahiti Nui offre des vols directs quotidiens entre Los Angeles et Papeete, Tahiti.

Quand y aller?

La saison des précipitations s'étend de novembre à avril. Les prix sont alors plus bas dans les hôtels de luxe. En haute saison (juillet et août), le climat est plus sec, mais la mer est souvent agitée; c'est aussi le début de la migration des baleines dans le secteur et la présentation des grands festivals traditionnels.

De façon autonome ou en voyage organisé?

«Organiser par soi-même un voyage en Polynésie peut être un peu compliqué, estime Jeffrey Crochet. En utilisant les services d'une agence de voyages spécialisée, qui possède plusieurs contacts sur le territoire, vous risquez de payer beaucoup moins cher.»

Il cite l'exemple des tarifs publics affichés par les grands complexes hôteliers. «Ces tarifs ne sont jamais, jamais, des aubaines.» En fait, très peu de voyageurs paient le prix affiché. Les agences de voyages pouvant acheter un grand nombre de nuitées pendant l'année, ils bénéficient de rabais importants.

«De plus, la Polynésie française compte tellement d'île et de motus. Il faut planifier le transport interîles, le transfert vers l'hôtel...»

Pour un voyage moins coûteux, avec hébergement dans les pensions de famille, repas qu'on se cuisine et visites d'îles moins fréquentées, il faut organiser soi-même son séjour, dit Erik Poupion.

Consulter la liste des agences de voyages certifiées (en anglais): tahiti-tourisme.com/planner/north-america-links.asp

Et les enfants?

Non, ils ne sont pas les bienvenus partout. Certains hôtels de luxe les refusent carrément. «Ils tiennent à conserver leur ambiance romantique», dit Jeffrey Crochet. D'autres les tolèrent, mais sans offrir de service particulier à leur intention: pas d'activités organisées, pas d'espace adapté (voire sécurisé), ni d'aire de jeu. De rares exceptions proposent un programme d'activités pour les petits.

Quelles îles visiter?

> Tahiti

Pas la plus belle, mais la plus développée, la plus animée. Elle est, de toute façon, incontournable. À voir: les cascades au coeur de l'île, les camions de restauration du port et le marché couvert de Papeete.

> Moorea

Pour les hautement photogéniques baies de Cook et d'Opunohu, son profil montagneux et son ambiance beaucoup plus détendue que celle de la capitale, située à 20 km à peine. Surtout, elle est accessible en bateau depuis Tahiti.

> Bora Bora

Surnommée la Perle du Pacifique, l'île profite d'un des plus beaux lagons du monde. Les bleus de l'eau sont ici comme nulle part ailleurs. L'endroit rêvé pour une nuitée romantique dans un bungalow sur pilotis.

> Tikehau

Un seul village, très peu d'hôtels, des plages de sable corallien et des sites de plongée sous-marine presque vierges (dont l'un où les raies mantas viennent se faire déparasiter). Pour jouer au Robinson Crusoé, on fait difficilement mieux.

> Rangiroa

Le deuxième atoll du globe fait rêver les plongeurs sous-marins du monde entier, avec ses passes poissonneuses où l'on est presque assuré de croiser quantité de requins (parfois des centaines!), raies mantas, dauphins...

> Hiva Oa

Pour découvrir la singularité des Marquises, son artisanat, ses vestiges archéologiques et son aspect de paradis sauvage et préservé. Qui sait, on pourrait être envoûté, comme Gauguin et Brel l'ont été...

Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par le groupe hôtelier SPM. Transport aérien fourni par Air Tahiti Nui.