L'île de Pâques compte quantité de moai, parsemés un peu partout sur le minuscule territoire. La plupart d'entre eux ont quatre à cinq mètres de hauteur, pour un poids d'une trentaine de tonnes.

Environ 900 statues auraient été sculptées entre l'an 1000 et 1700, dont 300 ont été alignées sur des plateformes faisant dos à la mer. Certains prétendent que les plateformes servaient aussi de chambres mortuaires tandis que d'autres affirment qu'elles recouvraient plutôt des sources d'eau.

Un peu plus de 400 d'entre elles sont encore dans la carrière où elles ont été taillées, tandis que 200 autres auraient été abandonnées en cours de réalisation ou brisées lors de leur transport. Du moins, c'est ce que soutiennent les archéologues qui croient que la fabrication des statues aurait cessé brusquement lors d'une guerre entre les clans de l'île.

Par la suite, plusieurs moai auraient été détruits comme mesure de représailles lors des différends qui opposaient les tribus. Ainsi, il n'y avait plus un seul moai debout dans l'île en 1815. Ce n'est que depuis une cinquantaine d'années que des fouilles ont été entreprises et des sites restaurés. Mais comme la restauration coûte cher, elle se fait à pas de tortue et les moai sont maintenant menacés par l'érosion.

Les scientifiques s'interrogent encore sur la réelle fonction des moai. Ont-ils véritablement des pouvoirs surnaturels comme l'affirment certains? Pour les Rapanui (autochtones de l'île de Pâques), ce sont simplement des statues qui représentent leurs ancêtres. Probablement les chefs et ceux qui avaient des connaissances astronomiques. Et leur fonction n'était autre que de protéger les habitants du village qui leur faisait face.

La grande question qui hante les Rapanui est plutôt de savoir d'où venaient les premiers habitants de l'île. «Ne pas connaître nos origines est le drame de notre peuple», m'a confié la guide. On a cru longtemps qu'ils étaient venus des Marquises mais une récente théorie veut qu'ils soient plutôt venus de l'archipel des Gambiers, en Polynésie française. Les tests d'ADN tendent à prouver que le peuple rapanui est plus près des Polynésiens que des Sud-Américains.

Chose certaine, l'une des grandes frustrations des Rapanui est que les touristes ne s'intéressent pas à eux. «Ils viennent voir les statues, s'émerveillent et repartent sans même noter notre présence», soutient la guide. Un peu par dérision, certains vont jusqu'à se costumer et se parer de plumes pour attirer l'attention des visiteurs.