L'Arabie saoudite délivrera des visas de tourisme à partir du premier trimestre 2018, a indiqué dans un entretien à l'AFP le prince Sultane ben Salmane ben Abdelaziz, en charge du secteur touristique dans le royaume.

«Toutes les autorisations gouvernementales» sont en place, a assuré le prince Sultane, qui s'exprimait lundi au siège de la Commission du tourisme et du patrimoine national à Riyad.

Cette mesure est une première dans un pays où les permis d'entrée étaient jusque-là délivrés aux pèlerins se rendant sur les lieux saints de l'islam, ou devaient être obtenus grâce au parrainage d'un Saoudien, d'une société ou d'un organisme officiel.

La délivrance de visas touristiques fait partie du programme «Vision 2030» initié par le prince héritier Mohammed ben Salmane dans le but de diversifier l'économie du royaume, d'atténuer sa dépendance au pétrole ainsi que son image de pays ultraconservateur.

Le prince Sultane, un des fils du roi Salmane, a ajouté qu'il s'agirait de visas électroniques mis à disposition de «tous les ressortissants de pays autorisés à visiter» l'Arabie saoudite.

«Nous sommes en train de préparer la règlementation - qui est éligible pour un visa et comment l'obtenir», a-t-il précisé.

Selon ce prince, le coût du visa de tourisme n'a pas encore été déterminé, mais il sera «aussi bas que possible, car nous croyons que l'impact économique cumulatif est plus important que les liquidités engendrées par le visa».

Grand bouleversement

Mohammed ben Salmane a ouvert plusieurs chantiers de réformes qui constituent le plus grand bouleversement culturel et économique de l'histoire moderne de cette pétromonarchie du Golfe où la moitié des 31 millions d'habitants a moins de 25 ans.

Ces derniers mois, le royaume a organisé des concerts de musique, un festival de culture pop Comic-Con et une fête nationale mixte qui a vu des gens danser dans les rues pour la première fois sur de la musique électronique.

La transformation sociale va de pair avec la promesse de Mohammed ben Salmane de ramener son pays à un islam «ouvert et modéré» et de «détruire» les idéologies extrémistes.

L'Arabie a levé récemment l'interdiction qui frappait les salles de cinéma, annonçant commencer à accorder des licences et que les premiers cinémas devraient ouvrir leurs portes en mars 2018.

Elle a annoncé il y a trois mois la levée de l'interdiction de conduire pour les femmes à compter de juin. Les Saoudiennes pourront également conduire des motos et des camions.

Mais le prince Sultane a souligné que les touristes devront répondre à des critères spécifiques en Arabie, où les femmes ne peuvent apparaître en public sans être couvertes de la tête aux pieds par un vêtement de couleur noire.

«Nous ne voulons pas perdre ni renoncer à notre culture et nos valeurs locales, il s'agit là d'une politique claire du royaume», a-t-il expliqué, rappelant que l'Arabie saoudite est le pays «des deux lieux saints (La Mecque et Médine), de l'islam».

Il a insisté sur le fait que l'interdiction faite à l'importation, la vente et la consommation de boissons alcoolisées serait maintenue.

Les touristes voudront vivre «l'expérience saoudienne (...) Il y aura comme tout autre pays des restrictions relatives à l'apparence physique et aux moeurs», a-t-il affirmé.

«Très grand trésor»

Le prince héritier saoudien a dévoilé en octobre un mégaprojet de zone de développement futuriste dans le nord-ouest du royaume, dont un volet touristique, nécessitant des investissements de 500 milliards de dollars.

Riyad avait également annoncé le 1er août le lancement d'un projet touristique d'envergure consistant à transformer une cinquantaine d'îles de la mer Rouge en stations balnéaires de luxe, qui devrait générer jusqu'à 35 000 emplois.

Le pays compte, entre autres, des sites archéologiques nabatéens, comme la cité de al-Hijr (nord-ouest), décrite comme une des mieux conservées après celle de Petra en Jordanie.

Le royaume nabatéen qui a existé dans les premiers siècles avant et après J.-C. s'étendait du sud de la Syrie à l'Arabie.

«Le royaume est un très grand trésor, les gens le savent très peu», a affirmé le prince Sultane. «Nous avons un patrimoine énorme que tout pays souhaiterait (avoir): des montagnes, des plages et plus de 1300 îles sur la mer Rouge».

«Nous ne sommes pas des vendeurs de pétrole uniquement.»