Les touristes étrangers sont de plus en plus nombreux à se rendre en Syrie, et tout particulièrement à Damas où la Vieille ville, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, est une destination privilégiée pour ce secteur en développement constant depuis dix ans.

«On dirait que c'est une ville qui est restée intacte, qui a su être préservée de la mondialisation à la façon McDonald», raconte Didier Cayre, un Français de 38 ans venu avec son épouse et leurs deux jeunes enfants qui déambulent dans le célèbre souk Al-Hamidiyeh, une véritable caverne d'Ali Baba.Comme eux, ils sont des milliers de Français, d'Allemands, de Britanniques, d'Italiens et d'Espagnols à avoir choisi le centre historique de Damas pour loger dans des hôtels qui se sont multipliés ces dernières années.

De nombreuses maisons arabes traditionnelles ont été transformées en hôtels, restaurées et souvent décorées avec soin, notamment leur cour intérieure agrémentée d'une fontaine.

Damas est «la destination privilégiée» des touristes étrangers venant en Syrie, indique à l'AFP le ministre syrien du Tourisme, Saadallah Agha al-Qalaa.

En janvier, dans un article intitulé «Les 31 endroits où aller en 2010», le New York Times classait la capitale syrienne à la 7e place.

«On aime l'atmosphère du pays, les Syriens sont chaleureux», lance Giuseppe, un Italien de 30 ans qui parcourt avec ses amis le souk aux épices d'Al-Bzouriyeh.

Damas, où les civilisations grecque, romaine et byzantine se sont succédé, est «la destination où tout le monde veut aller», assure Antoine Mamarbachi, guide-conférencier.

Depuis la réconciliation avec l'Occident en 2008, associée aux efforts du ministère, on a vu «une augmentation des visiteurs occidentaux», dit-il en soulignant que les tensions régionales (guerre en Irak en 2003, assassinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri en 2005, guerre entre Israël et Hezbollah en 2006) «n'ont pas favorisé le développement touristique».

Ces dernières années, les autorités ont misé sur ce secteur pour compenser le déclin des recettes pétrolières.

Depuis 2000, le taux de croissance annuel est de 15%, contre 8% jusqu'à la fin des années 1980, et les projets d'investissements se sont élevés à plus de 6,2 milliards de dollars en 2009, contre 86 millions en 2004.

Outre des villes historiques comme Damas et Alep (nord), la Syrie offre de nombreux sites archéologiques: Ougarit où fut découvert le premier alphabet du monde, les ruines romaines de Palmyre dans le désert syrien ou encore le «Krak des Chevaliers», un château fort érigé par les Croisés.

En 2009, les six millions de touristes qui ont visité le pays ont généré 5,2 milliards de dollars (23,8% des recettes extérieures). Parmi eux figuraient 3,5 millions d'Arabes -notamment du Golfe-, 1,5 million d'Européens, de Turcs et d'Iraniens et un million de Syriens vivant à l'étranger.

Pour l'année 2009, la contribution du tourisme au PIB a été de 11,2%, a indiqué le ministre qui entend faire du tourisme «l'un des secteurs moteurs de l'économie».

«Tous les hôtels de la Vieille ville affichent complets pendant la haute saison» au printemps et à l'automne, assure Elias Achi, responsable du Pacha, un hôtel de Bab Charqi, le quartier chrétien de Damas. Le taux d'occupation des hôtels est de 70% dans l'ensemble du pays, et de 100% dans le vieux Damas.

D'ici 2014, la Syrie pourrait accueillir quelque 12 millions de touristes, selon le ministre.

Mais les infrastructures et la qualité du service devront être à la hauteur des ambitions du pays.

Le nombre d'hôtels et d'employés qualifiés «doit doubler tous les cinq ans» pour faire face à la demande. «C'est un grand défi, il faut investir beaucoup», reconnaît M. Agha al-Qalaa.