L'Américaine Linda Halel peine à avancer sous le poids de son sac à dos, mais elle a le sourire aux lèvres, toute heureuse de «marcher dans les traces de Jésus».

«Cette randonnée a renforcé ma foi», confie cette quadragénaire qui a passé ces derniers jours à parcourir à pied la Galilée, comme Jésus l'avait fait en son temps, selon la tradition chrétienne.«Je sais que je marche dans les pas de Jésus et des apôtres», dit-elle se félicitant de l'accueil que lui ont réservé au passage «des musulmans, des juifs, des chrétiens et des non croyants».

La randonnée de trois à quatre jours sur une distance de 65 km traverse la Galilée dans le nord d'Israël, de la principale ville de cette région, Nazareth, au Mont des Béatitudes, longeant des champs couverts de pâquerettes des collines pierreuses et des oliveraies.

Le parcours a été mis au point à partir des cartes satellitaires par un Américain, David Landis, et un Israélien, Maoz Inon, avec l'aide de la Société israélienne de protection de la nature.

«La prochaine visite du pape sera une occasion de mettre Nazareth en valeur et de promouvoir le circuit», estime M. Landis qui a déjà effectué des randonnées de centaines de kilomètres dans diverses contrées avant de venir habiter Nazareth.

Benoît XVI se rendra du 11 au 15 mai en Israël pour son premier voyage en Terre sainte. Il doit célébrer le 14 mai une messe à Nazareth avant de visiter la grotte de l'Annonciation.

Pour David Landis, un protestant de rite mennonite, la route «doit permettre aux randonneurs de dialoguer avec les gens au passage comme Jésus le fit en son temps».

Le circuit passe à travers Tzipori, renommé pour ses mosaïques romaines et qui fut un centre rabbinique important dans l'antiquité, et par Capharnaüm sur le lac de Tibériade, où Jésus a ressuscité une jeune femme, selon le Nouveau Testament.

Le chemin longe le village arabe de Hittin, dont il ne reste que la mosquée, après sa destruction en 1948 par l'armée israélienne lors des combats de la première guerre israélo-arabe et l'exode de ses habitants.

Non loin de là, le Kurde Saladin écrasa les croisés lors de la bataille des Cornes de Hittin en 1187.

Au soir de leur premier jour de randonnée, les marcheurs sont censés parvenir à Cana où, selon les Evangiles, Jésus a opéré le miracle de la transformation de l'eau en vin.

Des couples mariés, comme les Magbopoy, venus des Philippines, viennent dans ce village arabe renouveler avec ferveur leurs voeux sous la bénédiction d'un prêtre catholique.

«Rien que pour vivre cet instant, le voyage en valait la peine» confie, la voix nouée par l'émotion, Citas Magbopoy, âgée d'une cinquantaine d'années.

Dans le village dont les murs sont couverts de portraits du pape, des pèlerins marchent en procession entonnant des choeurs.

Deux familles y ont ouvert deux chambres d'hôtes pour recevoir pèlerins et randonneurs.

Farah Beillan, 36 ans, se réjouit d'avoir une dizaine d'hôtes, américains ou israéliens, une semaine à peine après l'ouverture de son établissement.

«Ce sont des gens charmants, mais je ne comprends pas pourquoi ils font la route à pied. ce serait tellement plus simple en voiture», confie-t-il.