Plus de 400 km de pistes et 92 remontées mécaniques : les 4 Vallées, c'est un immense domaine skiable, le plus grand en Suisse et le troisième plus vaste en Europe. Très couru, même par la jet-set, le village de Verbier, au pied des pentes, a néanmoins su conserver son charme rustique... tout en réinventant le chalet suisse.

Le domaine des 4 Vallées fait courir les foules venues des quatre coins de l'Europe. Avec ses pistes de haut calibre, elle plaît, semble-t-il, beaucoup aux skieurs sportifs. Nous sommes allés vérifier.

La grande majorité des touristes qui visitent les 4 Vallées arrivent par Verbier, un charmant village perché à 1500 m dans les montagnes. Verbier est aussi le nom de l'un des cinq secteurs des 4 Vallées qui ont fusionné au milieu des années 80 pour former une seule et grande station de ski.

À partir du centre du village, deux gondoles mènent les skieurs vers les pistes et vers le célèbre téléphérique appelé Jumbo. Tous les «locaux» vous diront de vous rendre au sommet de cette remontée mécanique afin d'y admirer la vue. Du mont Fort, à 3330 m, les gigantesques sommets des Alpes s'étirent à perte de vue. Au loin, on aperçoit même la cime enneigée du mont Blanc quand le ciel est dégagé.

Ce point culminant permet de s'éloigner un peu des pistes de Verbier où les touristes et les vedettes européennes (bonjour, prince William et princesse Kate!) sont nombreux. C'est assurément le secteur le plus achalandé de la station, mais pas nécessairement le plus amusant.

Nathalie et Jean-Christophe Lliechti, un couple originaire de Lausanne, connaissent très bien la station. Tous les hivers depuis 10 ans, ils séjournent dans un chalet familial à quelques minutes des pistes. Pour éviter la cohue de Verbier, leurs deux garçons de 11 et 14 ans préfèrent s'amuser dans les bosses du secteur Savoleyres.

Lorsque ses deux adolescents sont absents, Jean-Christophe s'aventure plutôt dans les pentes hors-piste du lac des Vaux, où la neige est toujours de bonne qualité étant donné que le secteur est plus reculé.

«On peut faire tout le ski qu'on aime ici. Ça peut être du ski de piste, du ski hors-piste, de la haute montagne. C'est vraiment très varié et tout le monde y trouve son compte. Même les jeunes enfants en apprentissage peuvent skier les pistes moins élevées en altitude», témoigne la mère de famille.

Du haut calibre

Difficile en une semaine de visiter les 4 Vallées dans l'ensemble. Après cinq jours, François Gauvin et ses quatre amis, originaires de la région de Montréal, n'avaient toujours pas réussi à skier toutes les pistes du domaine. Pourtant, les cinq copains forment un groupe de skieurs aguerris. Ils font deux voyages de ski par hiver: l'un dans l'Ouest américain, l'autre en Europe.

Dès leur première journée, les cinq Québécois ont embauché un guide. «C'est probablement les pentes hors-piste les plus difficiles qui m'ont été données de skier. Il y avait des secteurs très difficiles. C'était un gros challenge et, en arrivant en bas, on était totalement crevés», raconte M. Gauvin, tout de même satisfait de cette journée éreintante.

Comme tout le monde, les cinq skieurs sont tombés sous le charme du paysage, raconte Luc Langelier. «Entre 1500 à 2300 m, le ciel était parfois chargé de nuages. On a eu deux ou trois journées blanches, c'est-à-dire qu'on skiait dans un dense brouillard. Pour s'en sortir, on est montés au mont Fort. Entre 3330 et 2300 m, on skiait au-dessus des nuages et c'était spectaculaire», explique M. Langelier.

Spectaculaire, mais... 

Il est en effet difficile de ne pas être envoûté par la vue et par la qualité de la neige du grand domaine. Malgré cela, François Gauvin et Luc Langelier avaient quelques critiques à formuler. Par exemple, les indications sur les montagnes pourraient être améliorées, selon eux. Plusieurs fois, ils ont dû déplier la carte des pistes enfouie dans leur poche pour arriver à se repérer.

Ils ont aussi dû attendre de longues minutes dans les files d'attente des remontées mécaniques qui mènent au secteur des 4 Vallées. «C'est une expédition de se rendre aux 4 Vallées et, rendu là-bas, c'est un peu décevant de devoir emprunter beaucoup de T-bars. Au moins, les pentes sont belles», ajoute M. Gauvin.

Au terme de leur voyage, les 4 Vallées de Suisse ne sont pas arrivées à détrôner les 3 Vallées de France, leur station préférée à ce jour. Mais tout compte fait, ils sont contents d'avoir visité la grande station suisse au moins une fois dans leur vie!

Comment s'y rendre

Le village de Verbier se trouve à 2 h de route de l'aéroport international de Genève. La solution la plus économique (mais pas la plus rapide) est de prendre le train et de faire une correspondance à Martigny. Sinon, il existe plusieurs services de navettes qui font des correspondances de l'aéroport vers les hôtels du village. Il n'est surtout pas nécessaire de s'encombrer d'une voiture puisqu'une fois à Verbier, tous les déplacements se font aisément à pied.

Coûts 

Verbier est réputée être une destination dispendieuse. Un billet de ski d'une journée aux 4 Vallées coûte 71 francs suisses, soit 91$, et donne accès à tous les secteurs de la station. Des tarifs réduits sont offerts aux enfants, aux adolescents et aux personnes âgées. Le prix moyen d'une chambre à Verbier tourne autour de 380$. Pour le souper, pas facile de trouver un plat principal à moins de 25$. Et comble de malheurs, le franc suisse s'est envolé depuis le début de l'année, ce qui fait grand mal au porte-monnaie des voyageurs canadiens.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Les 4 Vallées est une station située dans les Alpes suisses.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Les terrains hors-piste sont facilement accessibles dans les 4 Vallées. Pas besoin de porter ses skis sur ses épaules ou d'enfiler des peaux de phoque pour s'aventurer dans des pentes extrêmes.

Le nouveau chalet suisse

Lorsqu'on se dirige vers le village de Verbier, à 1500 m dans les montagnes, un détail frappe. Tous les édifices, du plus petit au plus grand, se ressemblent. Comme l'extérieur des bâtiments est soumis à des règles strictes, c'est à l'intérieur des murs que les architectes exposent leur vision moderne du chalet suisse.

Pour s'assurer de conserver son cachet montagnard, la Commune de Bagnes, dont fait partie Verbier, s'est dotée d'un règlement des constructions, il y a un peu plus de 50 ans. «Dans une région touristique comme la nôtre, on est particulièrement attentif à l'esthétisme des bâtisses, aux matières utilisées et à l'orientation des édifices. En fait, le règlement a été adopté pour éviter que les constructions se fassent de manière anarchique», explique Frédéric Perraudin, directeur administratif de la commune.

Pour le revêtement extérieur, la commune autorise seulement le bois naturel, la pierre naturelle, le crépi et le béton. Elle favorise les teintes originales et interdit les couleurs choquantes ou voyantes.

Les toits de toutes les constructions doivent posséder deux pans inclinés entre 40% et 45% et doivent être recouverts d'ardoise gris foncé ou noire. «Le pignon principal doit être perpendiculaire aux courbes de niveau. Ça veut dire que toutes les façades sont orientées vers la route et vers les montagnes des Combins», explique M. Perraudin.

Une fois que les architectes ont dessiné leurs plans, ils doivent les soumettre à la Commune de Bagnes. Si les esquisses ne respectent pas les règles, les citoyens de Verbier ne tardent pas à faire entendre leur voix afin que leur village conserve sa beauté.

Se moderniser dans les règles 

Lorsque la chaîne d'hôtels W, habituée aux centres urbains et aux destinations balnéaires, a voulu ouvrir son premier établissement alpin, à Verbier, elle a constaté que les résidants avaient à coeur l'image de leur village.

«Au début, les voisins craignaient qu'une chaîne internationale vienne s'imposer dans leur petit village de ski, mais les architectes ont vraiment écouté leur opinion. Le résultat reste complémentaire et les voisins en sont heureux », raconte Angéline Vincent, directrice des communications de l'hôtel W.

Depuis décembre 2013, l'hôtel W s'intègre donc sans heurts dans le paysage. Lorsqu'on franchit le portique, on découvre toutefois une décoration ultra moderne avec quelques indices, çà et là, qui rappellent que l'on séjourne dans les Alpes suisses.

Pour concevoir leur décor, les designers de l'hôtel se sont inspirés de la trace laissée dans la neige vierge par les skieurs. «Dans le spa, taillé dans la montagne sous le restaurant, tous les murs forment des sinuosités comme les traces de ski dans la neige. Là, on comprend vraiment cette ambiance de lignes», explique Mme Vincent.

Aucun détail n'est laissé au hasard et certains d'entre eux rappellent l'histoire du village montagnard. Les luminaires en forme de cloche à vache, sur le grand balcon commun, évoquent le passé agricole de Verbier. Les ampoules suspendues à des cordes d'escalade, dans le café, rappellent que l'alpinisme a attiré ici des visiteurs bien avant le ski.

Apparences trompeuses 

À l'autre bout du village de Verbier, l'hôtel La Cordée des Alpes n'a eu aucune difficulté à se fondre dans le paysage, il y a maintenant trois ans.

«En Suisse, c'est souvent un gros problème. Il y a des freins aux nouvelles constructions. Dans ce cas-ci, ça n'a pas été compliqué. Avant, c'était un mauvais immeuble, c'était une verrue dans le quartier. Aujourd'hui, la bâtisse embellit le paysage», commente Simon Le Cossec, directeur général de l'hôtel.

Pour arriver à se faire accepter du voisinage, la Cordée des Alpes a conservé les murs porteurs et a détruit tout le reste de l'édifice qu'elle venait d'acquérir. Ainsi, la hauteur de l'hôtel ne dépasse pas celle de la bâtisse originale et ne cache pas la vue aux résidants des alentours.

Pour la façade, l'hôtel a dû s'harmoniser avec l'environnement. «La commune demande qu'on ne fasse pas de mélange de matériaux. C'est pour cela que nous avons utilisé uniquement du bois recyclé», explique M. Le Cossec.

À première vue, la Cordée des Alpes ne donne pas l'impression qu'il s'agit d'une construction récente. Pourtant, quand on y entre, on réalise que le décor est résolument contemporain.

Et c'est comme ça un peu partout à Verbier.

La plupart des chalets ont l'air d'avoir 200 ou 300 ans, raconte Mme Vincent, de l'hôtel W. Mais à l'intérieur, le décor est hyper recherché et souvent moderne.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

La commune de Bagnes, dont fait partie Verbier, a adopté un règlement communal des constructions pour s'assurer que le village conserve son cachet.