Il n'y a qu'une façon d'arriver à Zermatt: en train. Le village a décidé il y a plusieurs années déjà de bannir de ses rues toutes les voitures et de n'y autoriser que les taxis et les bus électriques. Les touristes doivent abandonner leur voiture à 5 km, mais la fin en vaut bien la peine: le Cervin, sommet mythique s'il en est un en Suisse. Avec un peu de chance - une météo clémente - il sera là, juste au bout de l'étroit village à votre arrivée en gare. Fier, défiant, reconnaissable entre tous grâce à sa forme pyramidale quasi parfaite. Hypnotisant.

On ne raconte pas l'histoire de Zermatt sans retracer celle du Cervin. Elle commence par une tragédie, en juillet 1865. Cet été-là, après moult tentatives infructueuses, sept alpinistes parviennent pour la toute première fois à gravir les abruptes parois du mont Cervin (4478 mètres d'altitude). L'exploit serait passé presque inaperçu - du grand public du moins - si quatre aventuriers n'avaient pas perdu la vie sur le chemin du retour. L'accident fait la une de tous les journaux. «Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en», dit la maxime. Zermatt devient célèbre et commence à attirer ses premiers touristes.

Près de 150 ans plus tard, le mont Cervin continue d'alimenter les mythes, légendes et histoires du pays. C'est la montagne la plus emblématique de la Suisse, celle qui orne les boîtes de chocolat vendues dans toutes les boutiques de souvenir. Celle qui attire chaque année, souvent au péril de leur vie, près de 3000 alpinistes dont la moitié devra rebrousser chemin avant d'en atteindre le sommet.

Ascensions plus faciles

Mais voilà que les choses ont aussi bien changé depuis 150 ans. Si le Cervin est toujours aussi difficile à gravir, les montagnes qui l'entourent le sont moins. Les remontées mécaniques se sont multipliées sur les sommets des massifs environnants, si bien qu'on pourrait presque passer la journée dans les airs à Zermatt, butinant les montagnes en enfilant les voyages en gondole sans jamais, ou presque, remettre le pied au creux de la vallée. L'un des arrêts incontournables est la remontée vers le glacier du Matterhorn (nom allemand du Cervin), qui mène sans effort à 3883 mètres d'altitude, d'où l'on peut apercevoir 38 sommets de 4000 mètres par temps clair. C'est la plus haute station de téléphérique d'Europe.

Pas mal non plus: le train du Gornegrat qui, depuis plus de 110 ans maintenant, entraîne chaque jour centaines de personnes à 3089 mètres d'altitude en moins de 30 minutes. La montée se fait tout en douceur, entre les forêts de pins géants puis, au-dessus de la ligne des arbres, en offrant une vue spectaculaire sur le Cervin et 28 autres sommets de plus de 4000 mètres. L'hôtel le plus haut de la Suisse - le Kulmhotel - est situé quelques foulées plus hautes, à 3100 mètres. Habillez-vous chaudement: le vent est glacial à cette altitude. Remarquez que vous ne devriez pas être surpris: on a pensé à installer, à plusieurs endroits de Zermatt, des thermomètres électroniques qui indiquent successivement la température de Zermatt et de plusieurs de ses sommets environnants.

Panoplie d'activités

De là, vous avez l'embarras du choix: l'hiver, vous pourrez passer la journée à dévaler les pentes sur vos skis - la région compte 200 km de pistes de ski alpin dont plus de la moitié sont soit situées sur des glaciers, soit enneigées artificiellement (comptez environ 135$ pour une passe de deux jours pour les adultes, 70$ pour les enfants de 9 à 16 ans, gratuit pour les 9 ans et moins).

Une option très populaire est de faire escale, en descendant, à Rotenboden (2819 mètres d'altitude). De là, on peut louer un toboggan et filer à toute allure jusqu'au prochain arrêt de train, situé 250 mètres plus bas. La descente ne prend qu'une dizaine de minutes; la remontée se fait à pied (environ 1 heure) ou à bord du train, qui passe toutes les 30 minutes.

Été comme hiver, les environs de Zermatt se révèlent un petit paradis pour les randonneurs en tout genre. On peut par exemple descendre et rejoindre Zermatt à pied en 1h30 environ, à moins de faire arrêt dans l'une des nombreuses huttes de montagnes pour y avaler une soupe bien consistante, un rösti, une fondue au fromage ou une raclette à la viande séchée dans les environs.

De retour au village, le musée du Matterhorn mérite une petite pause, si ce n'est pour voir les reproductions de chalets de montagne et les conditions très difficiles dans lesquelles se sont passées les premières ascensions. L'évolution du matériel - des bottes de marche par exemple - est étonnante: les marcheurs du dimanche d'aujourd'hui sont mieux équipés que les alpinistes du début du siècle. Mais surtout, ne manquez pas de faire un arrêt au cimetière des alpinistes rendre hommage à la vingtaine d'hommes qui ont payé de leur vie leur ardent désir de gravir les piliers du ciel. Émouvant et sobre. «J'ai choisi de grimper», lit-on simplement sur la tombe d'un Américain d'à peine 17 ans. Non, Zermatt ne laisse pas indifférent.

Bonnes adresses à Zermatt

DORMIR : Hôtel Walliserhof. Agréablement situé en plein coeur du village de Zermatt, sur la route principale cet établissement familial affiche le décor rustique en bois qui va de soi dans les Alpes, le raffinement en prime. Bar, restaurant et salon de thé sur place. Comptez près de 400$ pour une chambre en haute saison.

30, Bahnhofstrasse

www.walliserhof-zermatt.ch

COUP DE COEUR: La boîte à chocolat. En plein centre-ville, une charmante chocolaterie artisanale où l'on peut déguster un chocolat chaud ou une soupe nourrissante, voire prendre un verre, avec vue sur l'artère principale du village.

7, Bahnhofstrasse

www.boiteachocolat.ch

SUR LE POUCE: Hörnli sert de petits plats de montagne à prix tout doux au deuxième étage de la boulangerie, ce qui est rare à Zermatt. Pour un en-cas rapide avant de repartir en randonnée, ou en arrivant de la gare.

28, Bahnhofstrasse