Le Brexit et la dépréciation de la livre ont fait bondir sur le web les recherches de vols entre Royaume-Uni et l'UE, les Européens étant appâtés par d'éventuels séjours au rabais tandis que les Britanniques s'inquiètent d'un surcoût pour leurs vacances à l'étranger.

Une envolée de 130% des consultations pour les vols à destination du Royaume-Uni depuis la France: c'est ce qu'a enregistré le site Kayak le 24 juin, jour où le référendum britannique a tranché en faveur d'une sortie de l'Union européenne.

Les autres pays ne sont pas en reste: Kayak - qui traite un milliard et demi de recherches de voyages chaque année - fait état entre le 24 et le 25 juin d'un bond de 117% de requêtes concernant le Royaume-Uni lancées depuis la Finlande, +114% depuis le Danemark, +102% depuis l'Espagne, +90% depuis la Suède, ou encore +86% depuis l'Allemagne.

Même constat chez liligo.fr, où «le trajet Paris-Londres compte une augmentation de consultations de 34% entre le 23 et le 26 juin».

Au global, depuis ses sites français, italien, espagnol mais aussi américain, le moteur de recherches liligo - qui attire plus de 4 millions de visiteurs uniques par mois - a enregistré une hausse «inhabituelle» allant de +1 à +2,7 points depuis le 23 juin concernant le Royaume-Uni.

Et au-delà de la simple recherche d'information sur les prix des vols, la plateforme MisterFly indique même enregistrer depuis la France «+60% de réservations en ligne de billets d'avion pour Londres depuis le Brexit par rapport à la semaine précédente».

«Il est trop tôt pour se prononcer avec certitude, mais les premières tendances observées et la dévaluation de la monnaie anglaise suggèrent que l'intérêt pour la destination Royaume-Uni va se maintenir dans les prochaines semaines, particulièrement pour les voyageurs européens intéressés par les «city breaks» (court séjour dans une grande ville) à Londres pour faire du magasinage», souligne liligo.com.

La Livre sterling a perdu 8,9% entre jeudi et son point le plus haut du jeudi 23 juin, jour du référendum.

Pour l'instant, aucun impact notable n'a toutefois été constaté publiquement pour les réservations hôtelières, les plates-formes de location entre particuliers, ou les voyagistes.

Mais le pendant négatif est que le Brexit risque aussi de porter préjudice au tourisme français et espagnol, destinations préférée des Britanniques.

«C'est complètement à double tranchant: le Royaume-Uni va attirer plus les Français, mais c'est une mauvaise nouvelle pour l'économie française car les touristes britanniques vont moins venir dans l'Hexagone qui deviendra une destination plus chère», résume à l'AFP Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du voyage qui regroupe les agences de voyages françaises.

Mauvaise nouvelle pour la Normandie

«Si 4 millions de Français vont chaque année au Royaume-Uni pour des courts séjours, il y a par contre 12 millions de Britanniques qui viennent en France pour les vacances, le déséquilibre est clair», renchérit Jean-Pierre Nadir, président du portail Easyvoyage.

Il estime que le Brexit «risque de faire mal au tourisme dans l'ouest de la France et particulièrement en Normandie», très appréciée des Anglais.

Un pouvoir d'achat affaibli par des changes défavorables mais aussi «l'incertitude face à un avenir hors UE» fait que l'«on peut s'attendre à ce que le volume des voyageurs au départ de l'Angleterre baisse», résume Liligo.

Le moteur de recherches indique ainsi «déjà observer un désintérêt de la part des utilisateurs de liligo UK pour les destinations France et Espagne depuis le 23 juin».

Sur Kayak, les requêtes des Britanniques pour l'Europe, toutes destinations confondues, ont bondi de 24% le jour du résultat du référendum.

Et si la France était le premier pays recherché le 24 juin, elle disparaît du Top 10 des destinations consultées et est remplacée le 25 juin par les Pays-Bas (requêtes de vols en hausse de 161%), la République tchèque (+146%), la Suède (+140%) ou la Pologne (+115%), indique Kayak.

«Si les prix augmentent pour les Anglais, il risque d'y avoir une rupture avec cette clientèle; la réflexion doit se faire en ce moment (de la part des acteurs du tourisme français concernant leurs tarifs, ndlr) car les Anglais vont continuer de voyager mais ils auront un arbitrage prix-qualité à faire», prévient le président du Syndicat des tour-opérateurs français (Seto), René-Marc Chikli.