Un musée méconnu permet de découvrir l'histoire de Londres à travers les intérieurs de ses habitants, de 1630 à 1998.

Londres est l'une des grandes villes où s'est écrite l'histoire de la civilisation occidentale, et elle foisonne de musées historiques. Plutôt méconnu, le musée Geffrye est pourtant l'un des plus intéressants : il propose une incursion dans la vie quotidienne des Londoniens, d'il y a quatre siècles à aujourd'hui.

Fondé en 1914, le musée se spécialise dans l'histoire de la demeure anglaise à partir des années 1600. L'aménagement de 11 salons, tous inspirés de demeures de familles anglaises de classe moyenne ayant vécu à Londres entre 1630 et 1998, témoigne bien de l'évolution du style de vie et des comportements sociaux. Les amateurs d'histoire apprécieront particulièrement la reproduction d'un décor intérieur datant d'avant le grand incendie de Londres de 1666.

PHOTO CHRIS RIDLEY, FOURNIE PAR LE MUSÉE

À l'intérieur du musée, 11 salons ont été aménagés en s'inspirant de demeures de familles anglaises de la classe moyenne ayant vécu à Londres entre 1630 et 1998. Sur la photo: un intérieur datant de 1745.

Dans quelle pièce recevait-on les invités ? Quels étaient les meubles, les tapisseries et les bibelots à la mode ? Avant l'avènement de l'électricité, à quoi s'occupaient les familles durant la soirée et comment s'éclairaient-elles ? Aucune question ne reste sans réponse.

Durant la belle saison (avril à novembre), quatre jardins documentent les plantes, les herbes et les fleurs en vogue dans les jardins londoniens durant les quatre derniers siècles.

PHOTO JAYNE LLOYD, FOURNIE PAR LE MUSÉE

Un intérieur de 1830.

Les Almshouses

Mais l'intérêt de ce musée ne se limite pas là. Situé dans le quartier populaire Shoreditch, le musée est installé dans un ancien hospice (Almshouses) construit en 1714, aujourd'hui classé monument historique. La visite donne un rare accès à la vie des personnes pauvres et âgées aux XVIIIe et XIXe siècles. Souvent l'oeuvre de citoyens bien nantis, les Almshouses hébergeaient les démunis dans de petites maisons de quelques pièces chacune. Créé en 1714 par Sir Robert Geffrye, marchand et politicien londonien, pour venir en aide aux veuves de ses employés, l'hospice dans lequel se trouve le musée comprenait 14 maisonnettes de quatre pièces chacune et hébergeait jusqu'à 56 pensionnaires.

Une des sections de l'hospice, aujourd'hui restauré, est ouverte aux visiteurs. Longtemps inoccupés, les locaux ont conservé plusieurs éléments d'origine. Deux pièces reconstituent le logis d'une gouvernante en 1880 et d'un couple pauvre en 1780. Le dénuement du décor montre à quel point ces gens n'accumulaient aucun bien, aucune richesse et, surtout, aucune rente pour assurer leur vieillesse.

PHOTO JAYNE LLOYD, FOURNIE PAR LE MUSÉE

Un intérieur de 1870.

La vie des domestiques

Régulièrement, le musée anime des conférences ou des ateliers et présente, grâce à des collaborations avec différentes universités, des expositions temporaires. C'est le cas de l'exposition Balayés sous le tapis, qui lève le voile sur la vie très peu connue des domestiques dans les familles de classe moyenne à travers les quatre derniers siècles. On y apprend comment les domestiques ont été « balayés sous le tapis », cachés du regard des invités et isolés après avoir pourtant vécu durant des siècles dans la plus grande proximité avec les familles de leurs maîtres.

En ligne, le musée propose une visite virtuelle de ses salles principales et plusieurs expositions.

136 Kingsland Road, Londres

Exposition temporaire Balayés sous le tapis, jusqu'au 4 septembre 2016.

Visitez le site internet du musée.

PHOTO JAYNE LLOYD, FOURNIE PAR LE MUSÉE

Un intérieur de 1965.