Les huguenots et les Juifs d'Europe de l'Est y ont développé l'industrie textile. L'immigration du Bangladesh a transformé le paysage. Puis les artistes sont arrivés. Brick Lane est aujourd'hui un quartier vibrant, éclectique et totalement décoiffant. En particulier le dimanche.

Old Truman Brewery

La fermeture de la brasserie Black Eagle, à la fin des années 80, a libéré des dizaines de milliers de pieds carrés de part et d'autre de Brick Lane. Attirés par cet espace industriel abordable, artistes et organisateurs d'événements sont débarqués en masse et ont entraîné dans leur sillage la jeunesse bohème. Cette nouvelle vague d'arrivants est venue se superposer à la communauté bangladeshie, qui dominait le quartier et lui a valu son surnom de Banglatown.

www.trumanbrewery.com/

Marché

Avec ses quelque 140 stands de vêtements, bijoux et accessoires inusités, ainsi que son appétissante sélection de mets ethniques, le Sunday (Up) Market est un incontournable de Brick Lane. La faune n'est pas matinale, alors plusieurs commerçants sont encore en train de s'installer à l'ouverture, à 10 h.

www.sundayupmarket.co.uk/

BBQ

La popularité du barbecue dominical du Café 1001 ne se dément pas. Si vous n'avez pas la patience d'attendre, allez à l'autre bout de Dray Walk. Vous y trouverez les sandwichs aux viandes rôties de Turner and Roast, à manger sur une table de pique-nique au milieu des oeuvres d'art urbain de Corbet Place.

www.cafe1001.co.uk/

Nomme-le, je l'ai

Vous trouverez ici tout ce dont vous n'avez pas besoin, et bien davantage. Des trottoirs aux arrière-boutiques, chaque espace libre se transforme en centre de liquidation des décennies antérieures. Et si vous n'avez pas de place pour de tels souvenirs dans vos valises, vous pouvez toujours vous faire couper les cheveux en plein air, parmi les tables croulant de vinyles usagés. Mémorable.

The Vintage Emporium and Coffee House

Mi-café, mi-brocante, l'établissement d'Oliver Stanion ferait un malheur dans le Mile_End. Grignoter un scone dans ce bric-à-brac hors du temps sur une musique de speakeasy est une expérience en soi.

Art urbain

L'est de Londres est une galerie à ciel ouvert. Remarquez, en sortant du Vintage Emporium, le cochon de l'artiste ROA (on est dans Bacon Street...). Et, en revenant vers Brick Lane, ce superbe «street man» de James Cochrane (alias Jimmy C), qui fait partie d'une série de portraits de sans-abri.

Pizza East

Au rez-de-chaussée du Tea Building, cette pizzéria doublée d'une charcuterie n'est pas dans Brick Lane, mais dans le quartier voisin de Shoreditch. Moins touristique, mais tout aussi créatif, l'endroit vaut assurément le détour. ?

www.pizzaeast.com/

Printemps 2011. Après avoir couvert la folie du mariage princier de William et Kate, notre photographe Martin Chamberland profite d'une journée de congé pour découvrir Brick Lane, quartier que lui a chaudement recommandé le peintre québécois André Monet, dont il a tiré le portrait quelques jours plus tôt. «Du point de vue artistique, c'est l'endroit le plus branché que j'ai vu de ma vie. C'est l'éclectisme total», affirme Martin avec enthousiasme. Libre d'affectation, il prend les images qui lui parlent, par pur plaisir. De retour à Montréal, il les glisse discrètement dans la banque d'images de La Presse, sans en parler à personne. La responsable du cahier Voyage les trouvera par hasard, en cherchant des photos de Londres. Séduite par l'atmosphère qui s'en dégage, elle commande un reportage sur ce quartier unique.

Il me restait à replacer ces images dans leur contexte. Sans autre indice que ce que vous voyez sur les photos. J'ai mis quelques heures à tout retracer. Pas évident de dénicher un graffiti sur un mur non identifié, ou un local dont on ne voit que l'intérieur... Au terme de ce jeu de piste, un lieu demeurait cependant introuvable. Un petit café-galerie dont on avait pourtant plusieurs images. C'est le propriétaire d'un autre café, Oliver Stanion, qui m'a finalement éclairée: «C'était un squat, la police l'a fermé.»

Oui, mais, c'était où exactement? «À deux minutes d'ici, sur Brick Lane. Il y a un Chinois qui vend des masques à gaz.» Nous avons retrouvé la colonne vert et rouge, mais du «commerce» que vous voyez sur l'image, il ne restait aucune trace. La porte percée dans le mur de brique était peinte en noir et maculée de graffitis. Devant, un Asiatique remballait sa marchandise étalée sur le trottoir. Ainsi va la vie à Brick Lane.