Le Montréalais Emmanuel Cabral a donné son nom aux portos qui se vendent le plus à la SAQ. Mais d'où vient ce porto?

Nous sommes allés à la source de ce liquide ambré, dans les montagnes du Douro.

À la gare de Régua, à une heure et demie de Porto en train, Telmo Pinto nous attendait. M. Pinto est l'agronome responsable des vignobles de la société Vallegre avec laquelle Cabral fait affaire. C'est lui qui avait été désigné pour nous faire faire la visite du bâtiment où l'on fait vieillir le vin. Barils de différentes tailles en bois de chêne de l'Angola dont les plus gros s'appellent des foudres. Dégustation d'un porto vieux de 80 ans remontant à l'année où la famille a commencé à faire du porto, pour le plaisir. Pour maintenir ce vieux vin en vie, il faut y ajouter du porto neuf chaque année.

Ensuite, l'agronome nous a entraînés dans un restaurant branché de la petite ville, aménagé dans un ancien entrepôt de marchandises ferroviaires. C'est un endroit où les marchands de porto font des affaires. Un des rares où la tradition culinaire portugaise est bousculée. M. Pinto y a là ses bouteilles qu'il peut faire goûter à des clients. Il n'est pas le seul.

Ensuite, direction Pinâo, centre géographique du Douro, cet ensemble de montagnes peignées en vagues par des vignes cultivées en terrasses, et traversées par le fleuve Douro et des rivières.

Visite des vignes

Les vignobles de Vallegre, entreprise moyenne d'une quarantaine d'employés (une centaine pendant les récoltes) est là, tout en haut. On y accède par une route étroite, en lacets, pas tellement plus large que la voiture dans laquelle on roule. Vite. C'est là que nous avons eu le vertige. Un vrai.

Plusieurs fabricants de porto ouvrent leurs portes aux visiteurs. Vertige garanti là aussi.

Pendant que nous nous remettions de notre émoi, quelqu'un est venu chercher notre agronome. Les vignes avaient un problème. Une maladie qu'il fallait soigner le plus vite possible. Les vignes poussent dans un sol de schiste, explique Telmo Pinto, qui est aussi maire d'un petit village de la région. Les racines vont chercher leur eau en profondeur. Le fruit est dur, immangeable, ce n'est pas un raisin de table. Il est très rare qu'il faille arroser les vignes et si elles doivent l'être, ce sont les inspecteurs du gouvernement qui le décident.

La fabrication du porto est sous haute surveillance. Il s'agit de l'un des principaux produits d'exportation du Portugal, sinon le principal.

C'est donc là, dans la région de Pinâo, que se trouve la source du porto d'Emmanuel Cabral. Une portion - 30% - de la production de Vallegre est réservée à l'homme d'affaires montréalais. Le reste est destiné à plusieurs pays en dehors du Portugal. Les commandes ne cessent de croître, explique M. Pinto. Les vignes de Vallegre ne suffisant pas à satisfaire la demande, on utilise aussi la production de petits viticulteurs des alentours.

Fin de la visite. On est redescendus en se concentrant sur l'un des paysages les plus beaux qui soient. L'un des plus vertigineux.