Le Portugal est une destination européenne de plus en plus populaire auprès des Québécois. Et cet essor a commencé bien avant que les célibataires d'Occupation double s'y installent, l'année dernière! Parmi ce qui fait le charme du pays: les vins (dont le fameux porto), les paysages, la gastronomie et le caractère bouillant des Portugais!

Mieux vaut prendre le train pour aller à Porto. Il nous fait arriver dans l'une des plus belles gares du Portugal. Son hall est une merveille d'azulejo, cet art des fresques faites de tuiles de céramique que l'on trouve un peu partout au pays, sur les façades des maisons, dans les anciens monastères, les églises, les cafés, les magasins... Une tradition qui remonte au XVe siècle. Il inspire aujourd'hui certains artistes contemporains, mais il se perpétue aussi sous forme de miniatures vendues aux touristes.

Même pas besoin de demander son chemin quand on sort de la gare. Toutes les rues qui descendent finissent par mener au fleuve. Et au vieux quai classé patrimoine mondial.

Là, coup de foudre. Sur le fleuve agité circulent les anciennes péniches qui transportaient autrefois les barils de porto. Elles servent aujourd'hui aux touristes qui veulent longer les rives du Douro et passer sous les six ponts tous célèbres pour une raison ou une autre. De l'autre côté du fleuve, à Vila Nova de Gaia, s'alignent les chais aux toits rouges où on fait vieillir le porto. On peut visiter certaines caves et goûter un tawny ou un vintage, ou encore un porto de 40 ans d'âge. Une des entreprises qui a la meilleure cote des visites guidées est Ferreira.

Nous sommes donc sur le vieux quai, devant l'endroit où l'on prend le bateau, près du pont D. Luis 1 qui semble sorti des ateliers de monsieur Eiffel et que l'on peut traverser à pied vers l'autre rive. Admiratifs, contemplatifs, nous cherchons le restaurant offrant la meilleure vue sur le fleuve. Il n'est pas tout à fait midi. Le quai ne s'est pas encore transformé en terrasse géante. On y installe tables, chaises et parasols.

Chicane sur le trottoir

Flor do Duro. C'est le nom d'un petit restaurant situé sur la terrasse aménagée au-dessus de caves à vins transformées en boutiques. Nous sommes accueillis par un ancien professionnel du foot devenu restaurateur et par sa femme venue du Mozambique, de 20 ans plus jeune que lui, nous dit-il avec une certaine fierté. Le menu est très convenable et pas trop cher. C'est l'endroit idéal, celui dont on refilera le nom à nos amis en revenant à Montréal.

On est là à se pâmer quand le ton monte entre notre restaurateur et un de ses voisins. Ils s'engueulent tellement fort que les employés du restaurant interviennent pour tenter de les calmer. Que se passe-t-il? Le voisin vient de jeter un mégot allumé sur une table fraîchement vernie placée un peu à l'extérieur de l'espace dévolu au restaurant. Il y a déjà eu coups et blessures, mise en demeure, dette non payée... nous explique le restaurateur, qualifié d'un peu «bourru» dans une critique affichée sur le mur de son établissement, critique qu'il a fait traduire en français. Lui-même parle bien français.

Vieilles pierres

Flor do Duro est un petit resto rempli d'oeuvres d'art et d'antiquités. La terrasse est aménagée sur un tronçon de rue surélevée où se trouve une quinzaine de maisons étroites parmi lesquelles deux rez-de-chaussée sont des restaurants.

Porto est une belle ville qui se livre d'emblée aux visiteurs. On aime son architecture un peu anarchiste faite de couches de pierres de différentes périodes de l'histoire. Il y a même parfois accumulation de couches sur une même maison: une ruine romaine collée sur un mur construit au Moyen-Âge dont les fenêtres datent du XIXe siècle. Mais ici, comme à Lisbonne la mystérieuse, on monte ou on descend des côtes. Et on n'est plus étonné qu'il y ait dans ces villes autant de pastelarias, de tascas, de restaurants, et autres endroits où s'asseoir pour retrouver son souffle et son énergie en prenant un café corsé et un pastel de nata, cette traditionnelle pâtisserie aux oeufs.