Nés dans la tête des étudiants pour tourner en dérision les occupants communistes, les gnomes de bronze de Wroclaw, versions minuscules et presque monochromes des nains de jardin, vous font ainsi découvrir une des villes les plus charmantes de Pologne, baignée par l'Oder qui lui mérite le surnom de Venise de l'Est.

Le coeur de Wroclaw est époustouflant avec son magnifique hôtel de ville et ses maisons dont les couleurs éclatent au soleil. Sa fontaine de verre fait ressortir la beauté de l'architecture environnante. Un des ponts qui enjambent l'Oder vous mènera dans les îles où la cité est née au IXe siècle. Si vous avez envie d'une petite croisière, c'est le temps ou jamais. Vous y rencontrerez, penché sur le fleuve, le gnome «lavandier»... Vous ne pouvez pas quitter la ville avant d'avoir rencontré son copain mangeur de pierogi. Mais inutile de vous dire où il se trouve. Des p'tits malins s'amusent régulièrement à déménager les gnomes, question de garder habitants et touristes alertes.

Coups de coeur

À cause des épreuves que la Pologne a traversées, on imagine le pays triste et gris. Il n'en est rien. Pour le voyageur engagé dans un grand tour de Pologne, les coups de coeur se multiplient...

À l'est, une halte dans la ville étudiante de Lublin nous plonge dans son passé juif que célèbrent sa gastronomie et sa musique klezmer.

Non loin de là, avec sa beauté naturelle et son cadre «laurentien», le village de Kazimierz Dolny prend des airs de Saint-Sauveur européen dont il affiche aussi le côté commercial. L'endroit a inspiré peintres et artistes dont on retrouve les oeuvres dans les boutiques qui le transforment en véritable galerie d'art. Spécialité locale, le pain brioché en forme de coq est un must. Si on l'accompagne de vin et de fraises en saison, on peut improviser un pique-nique mémorable surtout si, en grimpant sur la colline des Trois-Croix, on y ajoute la magnifique vue sur la Vistule.

Ville la plus orientale de Pologne, Zamosc, un peu plus au sud, c'est la Renaissance dans l'architecture, mais c'est déjà l'Ukraine toute proche dans ses couleurs et ses manières.

Au sud de Cracovie, dans ces collines qui constituent le pied des Carpates, les petites églises de bois érigées à partir du XIVe siècle abondent. On se croirait en Russie orthodoxe. Dans le village de Debno Podhalanskie, à l'église Saint-Michel Archange, le curé accueille fidèles et touristes dans ce site de l'UNESCO qui sert encore d'église paroissiale. Avec ferveur, il parle de «son» église, dont murs et plafonds sont couverts de peintures polychromes. Même si les dons servent à entretenir l'église, M. le curé refusera le vôtre, trop soucieux de l'hospitalité qu'il tient à vous témoigner.

Ceux qui ne souffrent pas de claustrophobie et qui se sentent prêts à descendre quelque 800 marches doivent visiter la mine de sel de Wieliczka, tout près de Cracovie, avec sa cathédrale souterraine, sculptée dans le sel.

Si Wroclaw a ses gnomes, Poznan, la grande ville de l'Ouest, présente quant à elle ses chevreaux qui se cognent les cornes en haut de l'hôtel de ville à midi pile pendant que des cavaliers offrent une cérémonie à ses pieds. C'est sur une île de cette ville que sont nées la Pologne et son Église. On se retrouve ici au coeur de la Grande Pologne dont Poznan est le berceau. La magnificence de la vieille place du Marché reflète bien ce prestigieux passé.

Sur la route de Poznan à Gdansk, les remparts de Torun, la cité de Copernic, soulignent son passé médiéval. Spécialité locale depuis le XIVe siècle, le pain d'épices y prend la forme de maisons, bonshommes, etc. En fait, ils sont tellement durs, ces biscuits, qu'on les croirait cuits à l'époque du célèbre astronome.

Le destin de Gdansk

Au bord de la mer Baltique, Gdansk évoque Lech Walesa et Solidarnosc. Mais à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la ville est allemande et s'appelle Danzig. Forcés de retourner dans leur pays après leur défaite, les Allemands la laissent en ruine. À cause du redécoupage des frontières, des Polonais en Ukraine et en Lituanie se retrouvent en territoire soviétique et seront déplacés notamment à Gdansk. Polonais dans l'âme, ces gens qui ne sont pourtant pas nés ici reconstruisent à l'identique la vieille ville détruite à 90%. La Voie royale et ses magnifiques bâtiments reprennent donc vie et les pierres y parlent haut et fort de l'extraordinaire résilience polonaise. Le résultat est tout bonnement spectaculaire.

Intégrée à l'agglomération urbaine de Gdansk, Sopot, c'est l'appel des vacances. En juin, à la fin des classes, toute la Pologne se précipite vers cette station balnéaire. Un beau point final au voyage!