Mars... Vénus... la Lune...? Les voyages spatiaux nous laissent entrevoir l'avènement prochain du tourisme extraplanétaire. Mais, pour l'instant, la destination qui se rapproche le plus des univers inexplorés demeure probablement l'Islande.

Assis dans le bus qui roule vers l'ouest de l'île, je me gave littéralement de ce paysage grandiose qui ne cesse de défiler. Au bout de l'immensité des champs de lave se dressent des murailles volcaniques recouvertes de neiges éternelles. Quelques brebis et leurs agneaux paissent sur les falaises escarpées. Véritable emblème national, des chevaux islandais marchent en bordure de la mer, leur crinière abondante battant au vent. Çà et là, au milieu de nulle part, quelques petites chapelles colorées apportent un peu de relief à l'horizon. Chaque volcan a laissé sa signature et sa couleur dans ce panorama chaotique bouleversant où apparaissent des colonnes de vapeur qui s'échappent des entrailles du sol.

L'Islande a beaucoup à offrir à ses visiteurs. Trop en une seule visite! Idéalement, il faut l'aborder région par région puisque chacune d'entre elles présente des particularités naturelles ou culturelles spécifiques.

Des régions différentes

Reykjavik, capitale moderne et vivante, niche au creux d'une baie immense encadrée de magnifiques montagnes enneigées. Le nombre de voitures luxueuses qui y circulent traduit l'aisance de sa population. «Les Islandais travaillent fort», dit-on. Ils savent aussi fêter sous le soleil de minuit, célébrant bruyamment tous les vendredis et les samedis jusqu'à la fermeture des bars, à 6h du matin. Son important port de pêche accueille plusieurs bateaux d'excursion pour aller admirer les baleines au large. À leurs côtés, trois baleiniers noirs nous rappellent que l'Islande pratique toujours la chasse à la baleine. Musées, boutiques et bons restaurants abondent. L'art, particulièrement la sculpture, est partout présent. L'architecture n'a plus rien à voir avec les minuscules maisons traditionnelles recouvertes de terre, mais la tôle ondulée, utilisée depuis le XIXe siècle, demeure très utilisée bien que le ciment soit le matériau moderne de prédilection.

Non loin, la péninsule de Reykjanes recèle l'attraction la plus populaire d'Islande : le Lagon bleu. Au milieu d'un désert de lave, on aperçoit d'abord une grande usine géothermique qui récupère la vapeur brûlante venant du sol pour produire de l'électricité. Cette même vapeur sert aussi à chauffer la grande majorité des édifices. L'usine rejette une eau salée provenant de 1800 m de profondeur et à laquelle on attribue des valeurs curatives surtout pour les soins de la peau. De couleur laiteuse, elle est chargée de silice, de soufre, de minéraux et d'algues. Très friands de baignade, peu importe la température, des milliers d'Islandais et de nombreux touristes viennent faire trempette dans ces eaux chaudes extrêmement relaxantes. De nombreux produits de beauté réputés sont fabriqués à partir de la silice extraite du lagon, mais les prix commencent à 100 $ le tube...

Dans la région, il faut aussi voir le petit village de pêche de Grindavik et son musée consacré au salage de la morue, qui est encore pratiqué ici. La pêche à la morue est d'ailleurs excellente dans les eaux islandaises.

La région du Sud propose un gros programme avec le Cercle d'or. Cet itinéraire nous conduit d'abord dans le parc national de Pingvellir, Patrimoine mondial de l'UNESCO et site historique le plus important du pays, où les chefs islandais se sont réunis à partir du Xe siècle. On y marche dans une large faille qui délimite l'Europe et l'Amérique. Cette fracture s'écarte de cinq millimètres par année. On se dirige ensuite vers Geysir pour assister aux éruptions régulières du geyser Strokkur et observer plusieurs manifestations géothermiques. Ensuite, les gorges de Gulfoss offrent un spectacle impressionnant avec leurs chutes qui se jettent dans un profond canyon. On peut aller randonner sur le volcan Hekla, toujours actif, mais recouvert par le glacier Myrdalsökull.

Les régions du Centre et du Nord ne sont généralement accessibles qu'en juillet et août par des pistes réservées aux 4 X 4. Paradis des amateurs de trekking, on y trouve des réseaux de sentiers élaborés et des refuges où s'abriter pour les marcheurs expérimentés. De nombreux forfaits guidés sont offerts.

J'avoue toutefois avoir cédé sous le charme de la région des fjords de l'Ouest. J'ai craqué pour le secteur de Breidafjordur, l'extraordinaire péninsule de Snofellsjökull et la petite ville irrésistible de Stykkisholmur, où l'on trouve un concentré du meilleur de l'Islande. Les amateurs d'ornithologie risquent d'y devenir gagas tant on y observe d'espèces.

Baleines, kayak de mer, équitation, randonnée pédestre, pêche, motoneige sur le glacier, baignade dans les sources thermales... Tout est possible. On a regroupé au centre de la ville certaines des plus anciennes maisons du pays dans un quartier coloré et charmant.

Même l'art moderne a sa place avec l'église au style très audacieux et l'exposition permanente de l'artiste américain Roni Horn, qui invite à contempler le paysage fabuleux à travers de grands tubes de verre remplis de l'eau des principaux fjords du pays. Quant au restaurant de l'endroit, Narfeyrarstafa, on y sert une entrée savoureuse de macareux fumé et une morue pochée absolument divine. Bien des guides de voyage affirment qu'il est impossible de bien manger en Islande, mais c'est faux.

La saga viking

Perdus au beau milieu de l'Atlantique, juste au-dessous du Cercle Arctique, un peu plus de 300 000 Islandais prospèrent sur un rocher stérile qui vient d'émerger du ventre de la Terre.

Effectivement, si notre planète avait 24 heures d'âge, l'Islande serait apparue il y a quelques minutes à peine. Posée à la rencontre des deux plaques continentales, américaine et eurasiatique, elle a été engendrée puis sculptée par une activité volcanique qui n'a jamais eu de cesse.

Dès la fin du IXe siècle, quelques centaines de paysans norvégiens se réfugient avec leurs esclaves irlandais sur une terre sans doute plus accueillante qu'aujourd'hui puisque le climat était plus chaud alors. Il semble qu'il y ait eu des forêts en Islande à cette époque, alors que l'île est presque totalement dépourvue d'arbres de nos jours.

Ces Vikings, que l'on décrit comme des êtres frustres et violents, créent l'un des premiers Parlements au monde, à Pingvellir, en 930. À bord de leurs drakkars élancés et robustes, ils voyagent tant vers l'Amérique que l'Europe et racontent leurs exploits dans des romans fleuves, les fameuses sagas islandaises. La passion de l'écriture et de la lecture a d'ailleurs sans doute contribué à préserver la langue islandaise, qui a traversé les siècles malgré la domination successive de la Norvège et du Danemark jusqu'à l'indépendance acquise en 1944. Par la suite, la société islandaise est rapidement passée de la paysannerie à l'urbanité avec, pour résultat, la concentration des deux tiers de la population dans la capitale : Reykjavik.

Avec seulement 2 % de son territoire propice à l'agriculture, les Islandais réussissent quand même à subvenir à environ 40 % de leurs besoins avec les pêches, l'élevage de moutons et la production de légumes en serre favorisée par l'apport géothermique. La grande industrie, tout spécialement les alumineries, occupe de plus en plus de place dans l'économie bien que les Islandais aient décidé d'en restreindre l'expansion lors d'un référendum tenu l'an dernier.

Quant au tourisme, il connaît une croissance impressionnante avec près de 450 000 visiteurs annuellement. Les Européens, surtout les amateurs de plein air, éprouvent une véritable fascination envers l'Islande. Un engouement que les Québécois peuvent partager depuis l'an dernier avec la liaison aérienne Montréal-Reykjavik mise sur pied par le transporteur Primera Air.

Repères

La république d'Islande se situe entre l'Écosse et le Groenland, au nord de l'Atlantique. Elle fait partie de l'Europe.

L'île, adossée aux limites de l'Arctique, couvre un territoire de

102 800 km, l'équivalent de trois fois la Belgique ou du quart de Terre-Neuve.

98 % des habitants ont l'islandais comme langue maternelle et d'usage. Héritage direct de l'époque des Vikings, cette langue germanique du Nord fait partie de la famille des langues scandinaves même si elle n'est pas comprise dans les pays scandinaves. Les Islandais, cependant, comprennent aisément les langues scandinaves modernes.

Reykjavik est la capitale la plus septentrionale du monde, à 64° 04' de latitude nord.

Moins de 2 % du territoire est boisé et les glaciers recouvrent 11 % de l'île. L'élevage requiert 20 % des terres habitables.

Malgré sa latitude élevée, le climat côtier est tempéré par la présence du Gulf Stream. À Reykjavik, les températures sont fraîches en été (moyenne en juillet de 11 °C, l'équivalent de la moyenne de Québec en mai), mais relativement douces en hiver (moyenne de janvier : 1 °C).

En juillet, le soleil ne se couche que durant trois heures durant lesquelles il n'y a pas d'obscurité.

Pour s'y rendre

Depuis l'an dernier, le grossiste Vacances Tours Mont-Royal fait voyager ses passagers sur Primera Air, une compagnie aérienne islandaise qui dessert la route Montréal-Reykjavik en vols directs. Cette année, les départs et les retours auront lieu tous les vendredis, du 23 mai au 19 septembre. Le prix du billet varie de 498 $ l'aller-retour à 718 $, selon la saison, et le vol (de cinq heures) est assuré par un Boeing 737-800 de 184 sièges. En réalité, cette liaison a été instaurée pour permettre aux Islandais de venir magasiner à Montréal. Mais comme chaque aller comporte un retour, le grossiste Vacances Tours Mont-Royal propose un forfait de sept jours-six nuits comprenant le vol, l'hôtel, les petits déjeuners et quatre excusions guidées pour environ 2000 $ en occupation double.

Info : www.vacancestmr.com 1 800 361-7184

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Notre collaborateur a été invité en Islande par Vacances Tours Mont-Royal.