L'effondrement de la Maison des gladiateurs, dans le célèbre site antique de Pompéi, a mis en évidence la fragilité des trésors culturels en Italie, qu'il s'agisse du Colisée à Rome, des tours médiévales de Bologne ou de la cathédrale de Florence.

«Sans entretien et sans fonds, l'ensemble des trésors culturels italiens risquent de s'écrouler», met en garde dans un entretien avec l'AFP Alessandra Mottola Molfino, à la tête de l'ONG Italia Nostra spécialisée dans la protection de l'environnement mais aussi des biens culturels, comme les sites archéologiques, les musées et les bibliothèques.

«Chaque monument historique du pays court le même risque que le site de Pompéi, du dôme de la cathédrale de Florence à la Domus Aurea, la résidence à Rome de l'empereur Néron, en passant par les murs de villes comme Lucques», a affirmé la responsable.

«Seules la basilique Saint-Pierre à Rome et la cathédrale de Milan ne courent pas de risques en raison des entreprise spécialisées qui existent pour assurer leur entretien et colmater la moindre petite fissure», a ajouté Mme Mottola Molfino.

Confronté à la crise économique, le gouvernement de Silvio Berlusconi a prévu des coupes d'un total de 280 millions d'euros dans le budget consacré à la culture au cours des trois prochaines années, dont 58 millions d'euros par an pour le seul ministère de la Culture.

Face à ces réductions, le ministre de la Culture, Sandro Bondi, avait brandi à plusieurs reprises la menace de sa démission, selon la presse.

Dimanche, au lendemain de l'effondrement de la Maison des gladiateurs, le ministre a répété que «s'il avait la certitude d'être responsable de cet effondrement, il n'hésiterait pas à démissionner», mettant en cause, sans le nommer, le ministre de l'Economie, Giulio Tremonti, qui a contraint tous ses homologues à faire des coupes sombres dans leurs budgets.

L'effondrement de cette demeure de 8 mètres sur 10, haute de 6 m, serait la conséquence des «pluies abondantes de ces derniers jours et de la restauration en béton armé réalisée dans le passé», a ajouté M. Bondi, soulignant que ces dégâts montrent «la nécessité d'avoir des ressources adéquates» pour «conserver l'immense patrimoine artistique historique» de l'Italie.

L'Association nationale d'archéologie (ANA) a établi en mai dernier une liste des plus anciens sites archéologiques italiens qui ne bénéficient d'aucune protection contre les intempéries ou sont déjà gravement détériorés.

«La négligence et l'absence d'un minimum d'entretien causent des dégâts irréversibles à notre patrimoine archéologique», a déclaré son dirigeant, Tsao Cevoli.

En mai, un pan de l'enduit en chaux provenant de la structure d'origine du Colisée, l'un des plus célèbres monuments de la Rome Antique, s'est écroulé, mais le bâtiment, qui avait été jugé sûr, est resté ouvert aux touristes.

En août un appel a été cependant lancé pour trouver des mécènes disposés à dépenser 25 millions d'euros pour restaurer la façade de ce monument-symbole de Rome.

L'ONG de protection de l'environnement et des biens culturels FAI a invité le gouvernement à «renoncer à l'utilisation de financements d'urgence ou de lois spéciales» et à annuler simplement les coupes dans le domaine de la culture.

«Avons-nous besoin d'autres événements tragiques avant que le gouvernement ne mette un terme à des décennies d'entêtement criminel qui ont systématiquement contrarié tous les projets de conservation» architecturale, s'est interrogée Ilaria Borletti Buitoni, dirigeante de la FAI.